Quel int�r�t le colonel Ali Tounsi, directeur g�n�ral de la S�ret� nationale, trouvet- il � annoncer que �la fin du terrorisme est proche� ? Aucun, en ces temps o� la cr�dibilit� du pouvoir est s�rieusement �corn�e et o� le citoyen a la certitude qu�on lui cache la v�rit� sur le terrorisme. M. Tounsi n�ignore rien de l�inanit� des arguments de ces gouvernants press�s de �pacifier� le pays par la m�taphore afin d�y tenir �lection. Et il sait tout de l�inqui�tude des gouvernements occidentaux pour esp�rer les convertir � son soudain optimisme. Pour les services am�ricains et europ�ens, l�Alg�rie de 2008 pose toujours un s�rieux probl�me d�instabilit� et de vuln�rabilit� au terrorisme islamiste international. Aucun int�r�t donc, sauf que ce cri de triomphe �trange et ostentatoire intervient une semaine apr�s la non moins �trange d�claration du pr�sident Bouteflika selon laquelle la �r�conciliation nationale allait se poursuivre� ! M. Tounsi voudrait contredire le chef de l�Etat qu�il ne s�y prendrait pas autrement. Il vient de signifier l�absence de motifs s�rieux � �perp�tuer� la r�conciliation. Car enfin, � quoi bon �poursuivre la r�conciliation nationale� quand le puissant directeur g�n�ral de la S�ret� nationale, qui dispose de la pr�rogative r�galienne de rassurer les Alg�riens, nous jure que �la fin du terrorisme est proche� ? Et comment Abdelaziz Bouteflika compte-t-il tendre la main aux groupes arm�s quand, au m�me moment, le colonel Tounsi affirme que les forces de s�curit� �sont sur le point d�amener la guerre au sein des maquis terroristes � ? Nous sommes assur�ment devant une guerre de s�rail � propos de la �r�conciliation nationale.� Un clan du pouvoir, qui ne dit pas son nom, s�oppose �nergiquement � la volont� de Bouteflika de donner une prolongation politique � la Charte pour la paix, prolongation qui s�illustrerait, comme nous l�avions �crit, par le retour des anciens du FIS aux affaires. Pareille perspective repr�sente, en effet, un risque absolu pour la hi�rarchie militaire : c�est lui demander tout bonnement de mettre son cou sous la guillotine ! Les propos d�Ali Tounsi confirment bien deux choses nouvelles : d�une part, le retour d�un discours sur le terrorisme et l�islamisme totalement en rupture avec celui de l�ancien chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem ; d�autre part, ils signifiaient bien que l��viction de ce dernier a �t� d�cid�e aux Tagarins et qu�elle avait bien pour objectif de mettre le hol� � la strat�gie d�alliance avec les islamistes. La d�claration de Tounsi rejoint en effet les propos, tout r�cents, d�Ahmed Ouyahia et de son parti, le Rassemblement national d�mocratique. R�uni en congr�s deux jours apr�s l�intronisation de son chef en qualit� de chef du gouvernement, le RND se pronon�ait contre les n�gociations avec les islamistes, pour l��radication du terrorisme et pour un hommage aux Patriotes et aux membres des groupes de l�gitime d�fense �pour leur concours pr�cieux � l��radication du terrorisme�. Dans la r�solution finale, on lit : �Le Congr�s condamne avec force les crimes que perp�tuent encore des groupes terroristes ayant avou� que leur cible est le peuple alg�rien sans aucune exception. Tout en r�affirmant la l�gitimit� de toute mesure � m�me de r�duire l�effusion de sang dans notre pays, le Congr�s r�it�re son plein soutien � la lutte contre ces criminels, tra�tres et mercenaires jusqu�� leur �radication totale. Il appelle enfin au renforcement de la vigilance collective pour soutenir la lutte contre le terrorisme. � C�est dire que, sans doute, et � notre insu, la �r�conciliation nationale� est au centre de la bataille au sommet pour le troisi�me mandat. Et que cela pourrait nous r�server quelques surprises d��t�.