Pendant longtemps la situation sanitaire de l�Alg�rie a �t� domin�e par les maladies transmissibles. Depuis une vingtaine d�ann�es, on assiste � une modification des probl�mes de sant� avec une multiplication des maladies non transmissibles notamment les affections chroniques (maladies cardio-vasculaires, asthme, hypertension, diab�te, cancers, etc.). Cette transition �pid�miologique se caract�rise donc aujourd�hui par la persistance de maladies transmissibles (tuberculoses, maladies � transmission hydrique, zoonoses�) caract�ristiques des pays en voie de d�veloppement et l��mergence de �maladies de civilisation � en constante progression. Cette transition �pid�miologique a �t� objectiv�e en 2002 lors de l�enqu�te �Cancers� men�e par l�INSP, montrant un nombre sensiblement �gal de maladies transmissibles � d�claration obligatoire et de maladies chroniques non transmissibles. Tendance lourde confirm�e par l�enqu�te Tahina, du m�me institut. Ainsi, actuellement, sont en train de se d�velopper de mani�re alarmante de nouveaux fl�aux dont les co�ts humains, �conomiques et sociaux sont exorbitants, m�me s'il n�y para�t pas, du fait de leur chronicit�. Autre constat, il nous faut reconna�tre. Quelles que soient les critiques qui lui sont adress�es, notre syst�me de sant� national a, malgr� une situation �conomique d�sastreuse pendant les ann�es 90, tenu la route et il n�y a pas eu d�effondrement des principaux indicateurs de sant�, ce qui ne peut �tre attribu� au seul hasard. Aujourd�hui, il existe une embellie financi�re nationale passag�re, li�e aux prix du baril de p�trole sur les march�s internationaux. Malgr� cela, les ressources financi�res de l�Alg�rie restent encore tr�s insuffisantes pour permettre d�atteindre les niveaux d�investissement consentis par les pays d�velopp�s pour la promotion de la sant� de leurs citoyens et cela serait encore vrai, dans l�hypoth�se o� nous consacrerions � la d�pense de sant� les 15% du PIB conseill�s par l�OMS. Or, h�ritage de la guerre de Lib�ration, en Alg�rie il est attendu du syst�me de sant� national qu�il puisse fournir un acc�s �quitable � des soins de qualit�, � tous nos concitoyens (34 millions d�habitants, 44 millions en 2025) de mani�re �quitable, sur tout le territoire national (2,5 millions de km2, 5 fois la superficie de la France), dans un monde globalis�, o� tout un chacun suit pas � pas sur internet et la t�l�vision num�rique les progr�s scientifiques r�alis�s sur toute la plan�te. Dit autrement, peut-on assurer le m�me niveau de soins avec moins de 200$ qu�avec 3 300 dollars am�ricains ? C�est la raison essentielle pour laquelle les objectifs �pid�miologiques et la gestion des moyens humains et mat�riels caract�risant la politique de sant� publique doivent �tre transparents. Lorsque la gestion des potentialit�s nationales sera optimale, que pourra attendre le citoyen du syst�me de sant� en mati�re de prise en charge m�dicale, car il est �vident que la page de �l�Etatprovidence � s�est tourn�e, sans pour autant que la s�curit� sociale n�ait fait sa mue ou que les assurances priv�es ne soient l� pour le remplacer ? La r�ponse qui n�est pas du ressort des professionnels de la sant� mais de l�Etat d�terminera pour une grande partie l�adh�sion du citoyen � ce syst�me, qu�il veut avant tout �quitable et le plus performant possible. A une �poque o� l�on parle beaucoup de d�veloppement humain et durable, o� la bonne gouvernance ne se contente plus de g�rer l��conomique mais int�gre d�sormais les aspect sociaux et humains, �la participation de la population � la prise des d�cisions devient un des �l�ments ou moteurs essentiels du d�veloppement, ce qui implique, entre autres choses, qu'il soit au service des personnes, pour les personnes et par les personnes, qu'il se fasse autour des personnes et non l'inverse�. Pour cela, il s�av�re n�cessaire que l�Etat puisse �tablir des partenariats avec les associations de la soci�t� civile (terme que nous pr�f�rons � celui d�organisation non gouvernementale, car il englobe aussi le caract�re non mercantile de ces associations) et que ces derni�res puissent pouvoir se d�velopper sans entrave pour �tre efficaces. De l�avis d�experts de l�OMS : �La mani�re dont l�Etat r�agit � ces changements et le degr� de reconnaissance accord�e aux acteurs de la soci�t� civile et de leur participation aux politiques et aux programmes sanitaires sont parmi les facteurs cruciaux qui d�terminent l��volution de la sant� publique aujourd�hui �. Bien entendu, l�interaction entre la soci�t� civile et l�Etat pr�sente des avantages, mais ne va pas sans risque � la fois pour les acteurs �tatiques et non �tatiques. La repr�sentativit� des ASC n�est pas garantie, de pseudo-ASC peuvent �tre un moyen d�guis� de d�fendre des int�r�ts commerciaux et peuvent �tre une source potentielle de conflits d�int�r�ts entre l�Etat et les ASC. Toutes des raisons pour lesquelles il est important pour l�Etat d��valuer la repr�sentativit�, l�authenticit�, les int�r�ts et les capacit�s des ASC avec lesquelles il �tablit un partenariat. La d�finition de la soci�t� civile n�est pas chose ais�e et il n�en existe pas qui fasse l�unanimit� mais est souvent consid�r�e comme l�espace existant entre l�Etat et l�individu et la famille. Souvent du fait des politiques et des �conomiques pour qui l�instrumentalisations de ces associations devrait couler de source. Pour le corps commun d�inspection des Nations-Unies, �la soci�t� civile est compos�e des mouvements, des entit�s, des institutions ind�pendantes de l�Etat qui en principe sont sans but lucratif, agissent sur le plan local, national et international pour la d�fense et la promotion d�int�r�ts sociaux, �conomiques et culturels ainsi que pour le b�n�fice mutuel. Ils servent d�interm�diaires � travers leurs corps constitu�s/membres avec l�Etat ainsi qu�avec les agences onusiennes�. Ces associations ou parfois ces individualit�s se situent donc hors champ politique en terme de pouvoir, mais aussi hors champ mercantile loin du pouvoir �conomique. Ce sont des individus et des groupes d�individus qui se rassemblent pour d�fendre collectivement leurs int�r�ts et entreprendre des activit�s d�int�r�t g�n�ral tout en �tant des interlocuteurs potentiels de l�Etat ou du march�. Ainsi, les ASC sont non �tatiques, � but non lucratif. La complexit� des besoins de d�veloppement, la baisse des ressources ont �galement contribu� au recul des services publics. Ce recul de l�Etat laisse un vide de plus en plus souvent occup� par les ASC, ce qui accro�t leur importance en tant qu�agents de d�veloppement dans les pays. Cependant, en r�alit�, les fronti�res des relations des ASC avec l�Etat, le politique ou le march�, peuvent �tre beaucoup plus floues, ces derniers pouvant cr�er ou prendre sournoisement le contr�le de certaines ASC en apportant une part significative de leur financement. Dans le but de promouvoir leurs produits commerciaux, voire certains aspects de leur strat�gie politique, qui le plus souvent n�ont que peu � voir avec l�int�r�t g�n�ral. Le mode et l�origine des financements de ces associations sont essentiels � la sauvegarde de l�ind�pendance du fonctionnement de ces ASC, lui-m�me garant de leur autonomie de jugement et d�action au b�n�fice de l�int�r�t g�n�ral, d�autant que bien peu de nos associations peuvent fonctionner sur les seules cotisations de leurs membres. Il appartient donc � ces associations d��tre vigilantes. Ainsi, lorsque les fondations Bill et Melinda Gates et Bloomberg font don de cinq cent millions de dollars � la soci�t� civile internationale pour renforcer la lutte contre le tabagisme dans le monde, il s�agit d�un geste qui honore ceux qui l�ont fait. Par contre, lorsqu�un op�rateur t�l�phonique fait vendre en Alg�rie ses puces t�l�phoniques en jouant sur la peur du cancer, cela devient beaucoup plus vil. La responsabilit� en revient � l�Etat, qui doit adapter sa l�gislation et sa r�glementation � la situation actuelle et � l�int�r�t du patient. Les possibilit�s d�am�lioration de la sant� publique par une collaboration syst�matique entre l�Etat et la soci�t� civile sont grandes, ne serait-ce que pour am�liorer la transparence et la r�activit� du syst�me de sant�. En Alg�rie, il est n�cessaire, pour mieux conna�tre ce que peuvent apporter les ASC en mati�re de sant�, d��laborer une base de donn�es sur leur r�le effectif. Il est bien �vident que les ASC ne parlent pas d�une seule voix et que leurs points de vue diff�rent selon les int�r�ts qu�elles d�fendent. Ce qui peut affaiblir la l�gitimit� des prises de position des ASC sur la sc�ne nationale, il faut donc y rem�dier pour que les avantages du partenariat soient les plus grands possibles, et non pas les utiliser pour affaiblir une soci�t� civile pouvant �tre v�cue comme un ennemi � la fois par les �politiques � et les �mercantiles� pour mieux l�instrumentaliser � des fins de �pouvoir politique� ou de �pouvoir �conomique�, ce qui serait un... A. S.