Les d�localisations sont des d�cisions internes des firmes qui choisissent de transf�rer des productions ou d�autres activit�s du pays d�origine ou du pays o� elles sont install�es vers un autre pays. Pour J. Arthuis, lors d�une d�localisation, le gestionnaire cherche � fabriquer l� o� c�est le moins cher et � vendre l� o� il y a du pouvoir d�achat. Les firmes transnationales sont le vecteur essentiel de la d�localisation. Ces firmes sortent de leur pays d�origine � la recherche d�une meilleure rentabilit� et d�une plus grande comp�titivit� : elles externalisent des segments entiers de leurs activit�s pour les faire ex�cuter dans d�autres pays. Deux facteurs sont essentiels dans la prise de d�cision d�une firme de d�localiser et sa production : 1) Les co�ts de production et notamment les co�ts de main-d��uvre Dans les pays en d�veloppement, on sait que le co�t horaire de la main-d'�uvre est beaucoup moins �lev� que dans les pays d�velopp�s (niveau de salaire, dur�e du travail, charges sociales). Les industries incorporant beaucoup de main-d��uvre sont donc particuli�rement concern�es par les d�localisations (textile et habillement, industries de montage...). A titre d�exemple, les co�ts de main-d��uvre compar�s pour la branche �textiles et habillement � sont les suivants : Ann�e 2005 Co�ts horaire Japon 26,1 UE 14,0 France 13,8 Portugal 4,3 Turquie 2,6 Europe centrale 1,9 Maghreb 1,7 Chine 0,6 Inde 0,5 Pakistan 0,3 2) Le second facteur qui d�termine la d�cision de d�localiser est celui de l�importance du march�. Les 2/3 des investissements directs �trangers (IDE) ont pour destinataires les pays d�velopp�s. Ici, c�est moins le co�t de la main-d��uvre qui dicte la d�cision que l�importance du march�. C�est donc l�attrait du march� qui pousse les firmes � choisir de s�installer plut�t dans les pays d�velopp�s. Il y a aussi un troisi�me facteur qui joue dans la prise de d�cision de d�localiser et celle du choix du site d�accueil : les aides offertes par les pouvoirs publics du pays d�accueil : subvention, d�gr�vements fiscaux, aides au financement d�infrastructures, � la formation de main-d��uvre. Une r�cente �tude de la Cnuced montre que les facteurs qui favorisent le plus les d�localisations sont, par ordre d�croissant : 1/ les salaires ; 2/ les charges fiscales qui p�sent sur les entreprises ; 3/ les services offerts (transports et t�l�communications en priorit�). Pour affiner l'analyse, on peut distinguer les d�localisations industrielles et les d�localisations des services. Elles ob�issent g�n�ralement chacune � des motivations diff�rentes. * Dans les d�localisations industrielles on peut distinguer celles qui ont un lien dans les pays d�velopp�s et celles dans les pays en voie de d�veloppement. Pour les premi�res, elles concernent des activit�s industrielles tr�s vari�es (bien de consommation mais aussi biens d��quipement et biens informatiques). Les d�localisations dans les pays en d�veloppement sont motiv�es par des questions de co�t salarial et concernent en premier les activit�s int�grant beaucoup de main-d��uvre (textiles, habillement, �lectronique, grand public). Les premiers pays � accueillir ces d�localisations ont �t� les pays asiatiques. La d�localisation des services Les progr�s consid�rables des TIC ont permis aux entreprises d'externaliser un nombre croissant de t�ches dites tertiaires (services) � forte intensit� de main-d��uvre et jug�es peu strat�giques du point de vue du �plan de bataille� de l�entreprise. L��tude de la Cnuced que nous avons d�j� cit�e et qui a concern� 100 grands groupes europ�ens nous apprend que �39 d�entre eux ont d�j� d�localis� une partie de leurs activit�s de service et 44 ont l�intention de le faire dans les ann�es � venir�. Apr�s les t�ches simples, comme la comptabilit� ou le d�veloppement de logiciels, les activit�s � plus fortes valeurs comme l��tablissement de comptes, l�analyse financi�re, la gestion des achats� commencent � �tre externalis�es � leur tour. La destination des d�localisations de ces activit�s concerne les pays o� les salaires sont plus faibles, les horaires plus flexibles, les salari�s plus motiv�s. A titre d�exemple, un directeur de la recherche/d�veloppement est pay� 42 000 euros en moyenne au Maroc, contre 160 000 euros en France (en moyenne). Depuis le d�but des ann�es 2000, le traitement des factures, des feuilles de paie ou des bons de commande revient trois fois moins cher � Prague, en Inde ou � l'�le Maurice qu�en France. Mais, c�est surtout l�Inde et la Chine, deux pays o� la maind��uvre n�est pas ch�re, qui ont facilit� � gr�ce aux TIC � l��clatement des processus de production aux �quatre coins du monde�. La d�localisation de la mati�re grise est en train de devenir une menace pour l�emploi dans les pays du Nord. L�Inde captait d�j� en 2002, 55% du chiffre d�affaires des entreprises d�localis�es dans les activit�s de services, dans les TIC et le processus de traitement informatique des entreprises. Il y aurait moins d'ing�nieurs dans la Silicon Valley qu�� Bangalore. L'externalisation ou �outsourcing � devient de plus en plus une solution �n�cessaire� pour de nombreuses entreprises des pays du Nord. �L�Inde ne demande rien. Depuis deux ou trois ans, des activit�s de plus en plus sophistiqu�es, � fort contenu intellectuel, sont trait�es sur le sous-continent. L�avenir, c�est la recherche/d�veloppement, les �tudes d�ing�nierie, l�analyse financi�re, les �tudes de march�...� (Association of Software Service Companies). Et voil� la nouvelle �conomie, l��conomie de services aux entreprises, l��conomie fond�e sur la connaissance qui prend place et qui offre des occasions historiques aux pays du Sud d�int�grer �par le haut� le processus de mondialisation de l��conomie en se pr�parant � accueillir chez eux la d�localisation de tous ces services. Mais alors que font les Etats des pays du Nord face � ces mouvements de d�localisation qui leur laissent sur les bras, chaque ann�e, des milliers de salari�s licenci�s, des pans entiers des territoires d�vitalis�s... ? Rappelez-vous cette r�surgence forte du concept de �patriotisme �conomique� mis en avant pas les hommes politiques de l�Europe, par exemple pour dissuader leurs entreprises de d�localiser et d'externaliser. Mais la firme internationale ne livre bataille que pour son drapeau et ne respecte que �l��vangile de la comp�titivit�. Il se trouve aussi, cependant, des d�fenseurs de la mondialisation qui ne voient dans ces d�localisations que des aspects positifs puisque, disent-ils, �la fabrication � l��tranger d�ordinateurs, de logiciels ou de composants �lectroniques a d�bouch� sur une baisse des prix de 10 � 30%. Ce qui a permis � plus d�entreprises de s��quiper. Des secteurs entiers ont vu ainsi leur productivit� augmenter et le niveau de leurs salari�s s��lever �. Et de poursuivre : �Des milliers d�emplois vont �tre perdus dans les pays riches au profit des travailleurs des pays �mergents mais une nouvelle vague de productivit� va d�ferler. La demande dans les pays en d�veloppement va augmenter. Leurs besoins seront �normes. Voil� des gisements de croissance qui cr�eront chez nous (dans les pays du Nord) de nombreux emplois dans les secteurs high tech.� (Catherine Manu, �conomiste am�ricaine)... Firmes et Etats dans les pays du Nord : dialogue de sourds ?En tout cas, les d�localisations annoncent la grande bataille des firmes contre les Etats.