Tout comme le maillage des réseaux de transport d'énergie électrique s'appuie sur des centrales de production, la densification du tissu industriel signifie le maillage des réseaux industriels qui prennent appui sur des pôles industriels intégrés constitués autour d'entreprises de grande envergure, des entreprises nationales d'abord, que celles-ci appartiennent au secteur privé ou au secteur public. Bien qu'il existe des divergences sur la nature du statut juridique des entreprises qui auront à servir de moteur à l'industrialisation du pays, les uns affirmant que le secteur privé national serait le mieux placé pour réaliser cette mission au lieu et place du secteur public, les autres pensant que le secteur privé et le secteur public devant allier leur compétence, il n'en manque cependant pas pour soutenir qu'il faudrait davantage s'appuyer sur les entreprises étrangères disposant de finances, de savoir-faire, d'expérience, de compétences managériales. Le courant "nationaliste" du développement affirme qu'il faudrait surtout compter sur le secteur national, privé notamment, et qu'il faudrait imposer un partenariat avec les firmes étrangères dans les conditions d'une participation majoritaire du secteur national au capital de l'entreprise locale ainsi constituée. S'agirait-il ainsi d'une approche idéologique, de l'observation des règles prudentielles dans la mesure où la firme étrangère qui détiendrait la totalité du capital des entreprises locales ainsi créées pourrait décider, pour des raisons de profit immédiat, de délocaliser ces dernières vers des pays où les coûts seront plus bas ? Concernant les délocalisations, car il faudrait y penser dès à présent, l'exemple européen montre qu'il n'y a pas de règles à imposer aux firmes internationales qui disposent des libertés qu'offre le marché pour chercher à diminuer les coûts, c'est-à-dire à élever les profits. Ces firmes peuvent décider de délocaliser ou d'entreprendre de nouvelles restructurations qui se terminent par la suppression de milliers d'emplois. L'exemple de la société européenne qui fabrique les Airbus est assez édifiant dans la mesure où sont mises en évidence les incapacités des gouvernements à agir par des injonctions, de même qu'est constatée l'incapacité de la justice à empêcher les délocalisations et les licenciements massifs. Cela voudrait-il signifier que le privé national, dans le cas où il bénéficierait de la part de l'Etat de la clause du plus privilégié par rapport aux firmes étrangères, s'interdirait lui aussi de délocaliser vers l'étranger et de procéder à des licenciements massifs ? La réponse est fortement attendue.