Le musicien et chanteur Youcef Khodja n�est plus. D�c�d� dimanche dernier dans l�anonymat le plus total, alors qu�il a form� plusieurs g�n�rations de guitaristes, dont le grand musicologue Djouad Fasla. N� en 1924 � Alger, Youcef Khodja a fait ses d�buts dans le monde musical, nous confiera le professeur Sid-Ahmed Serri, en adh�rant au d�but des ann�es 1940, au cercle de l�association El-Hayat au sein de laquelle le ma�tre Mahieddine Lakehal enseignait la musique araboandalouse. �C�est l� o� j�ai fait, en 1944, ma connaissance avec Youcef Khodja. Nous avions fait ensemble notre cursus musical pendant presque une ann�e, jusqu�au jour o� il cessa de venir aux r�p�titions �, nous dira Sid-Ahmed Serri. La rupture de Youcef Khodja avec l�association El-Hayat est due � son adh�sion � l�association El Djaza�ria o� Mohamed Lakehal (aucun lien de parent� avec Mahieddine Lakehal) prodiguait ses enseignements musicaux. Mohamed Lakehal, qui officiait �galement au mausol�e de Sidi Abderrahmane comme bach qessad, avait beaucoup de connaissances en mati�re de chant liturgique, nous fera savoir Sid-Ahmed Serri, qui ne tardera pas � suivre son ami Khodja dans cette association. C��tait le 5 juillet 1946. Quelques mois plus tard, ils se sont inscrits tous les deux dans les classes de musique musulmanes du Conservatoire d�Alger o� existaient deux classes de musique. Serri, qui se retrouva incidemment port� sur la liste des �l�ves de Sassi El Brati, avouera qu�il n�avait rien appris de ce dernier. Plus chanceux, Youcef Khodja, qui sera orient� vers la classe de Mohamed Fekhardji, profitera pleinement des cours de musique arabo-andalouse dispens�s par ce dernier et va le suivre jusqu�� la cr�ation de l�orchestre de la station o� il assurera le r�le de chanteur avec son ami Serri. Durant plusieurs ann�es, ils participeront r�guli�rement aux �missions diffus�es par Radio Alger � raison de deux fois par semaine. �Des lettres nous �taient � chaque fois envoy�es par la direction de l�orchestre afin de lui faire conna�tre la nouba � chanter car il nous fallait respecter la classification des modes selon l�ordre �tabli de la musique arabo-andalouse d�autant que Mohamed Fekhardji �tait rigoriste en ce sens�, soutiendra Sid-Ahmed Serri qui reconna�t que cette rigueur a contribu� � enrichir le r�pertoire musical alg�rien par le fait que les chanteurs se devaient d�apprendre les noubas pour pouvoir passer � la radio. Toutefois, Youcef Khodja ne se limitera pas uniquement � la musique araboandalouse pour laquelle il contribuera, de par sa belle voix, � la faire appr�cier m�me des profanes. Ainsi, il se consacra � l��tude du jeu de la guitare classique dont il deviendra plus tard un excellent guitariste, attestera Sid-Ahmed Serri. Son aisance et sa virtuosit� dans le jeu de la guitare classique lui vaudront, plus tard, le poste de professeur au Conservatoire d�Alger, une mission qu�il assumera prodigieusement jusqu�� sa retraite. Il jouera �galement avec Sa�d Bestandji et Ahmed Arifi dans la troupe musicale accompagnant les op�rettes de Salim Basri. Mais cela ne l�emp�chera pas pour autant d�aller rendre visite � son ami Sid-Ahmed Serri au sein de l�association El Djaza�ria-El Mossilia o� il pr�sidait aux destin�es de son orchestre. Deux jours avant le ramadan, nous dira Sid- Ahmed Serri, Youcef Khodja l�avait appel� pour lui souhaiter un bon ramadan. Ce fut la derni�re fois o� celui qui l�avait fait entrer dans le monde de la musique lui a parl�. Si Youcef Khodja est parti en silence, il est mort cependant dans la dignit�.