La premi�re semaine du mois de ramadan � Annaba, quatri�me grande ville du pays, a d�menti certaines assertions et mis � nu la grande d�tresse sociale dans laquelle vivent de nombreuses familles d�munies. Il n�y a qu�� observer la grande foule mass�e devant les �difices charg�s de la distribution des couffins conjoncturels � ce mois pour mesurer toute l��tendue de la pauvret� qui gagne de jour en jour de larges couches de la population. Malgr� la volont� de ceux qui ont la charge d��tablir les listes des b�n�ficiaires, ces maigres aides ne suffisent m�me pas pour couvrir les dix premiers jours du car�me. Par ailleurs, selon certaines personnes impliqu�es dans la distribution de ces aides, des individus ais�s, toute honte bue, se font servir en faisant fonctionner le piston sans le moindre remord. Cette premi�re semaine de je�ne a �t� marqu�e, depuis le premier jour, par une chaleur excessive ayant provoqu� le d�part de plusieurs feux rendant l�air irrespirable, notamment pour les personnes malades et �g�es. Au huiti�me jour, le march� a d�menti les pr�visions du ministre du Commerce faisant �tat d�une baisse des prix au cinqui�me jour du Ramadan, et � l�exception de la pomme de terre, des carottes et de quelques autres l�gumes en abondance pour la saison, c�est le contraire qui s�est produit pour les �ufs � 10 DA, des viandes rouges et blanches major�es de 50 DA pour le poulet et 150 DA pour les viandes ovine et bovine, la laitue atteignant les 100 DA le kilogramme, la tomate fra�che entre 40 et 60 DA, la betterave et les choux, respectivement � 60 et 80 DA, pour ne citer que ces produits. Ce mois, jadis qualifi� de mois de la rahma (mansu�tude) par nos p�res et grands-p�res, a apport� son lot de p�nuries dans un produit alimentaire essentiel, en l�occurrence le lait, comme il a favoris� l�augmentation d�une pratique, pourtant limit�e avant cela, consistant en l�abattage clandestin de bovins, ovins et caprins. Plus grave encore est le ph�nom�ne de la multiplication des actes de violence avec des blessures plus ou moins graves � l�aide d�armes blanches et autres objets dangereux. Le lait en sachet, dont une bonne partie est produite par la laiterie publique Edough, outre les quelques autres unit�s du secteur priv�, dispara�t t�t le matin des �tals des cr�meries et commerces d�alimentation g�n�rale. C�est aussi le cas, mais � un degr� moindre, du pain normal, qui n�est disponible qu�au niveau de certaines boulangeries et la matin�e uniquement, alors qu�une profusion de ce m�me produit, fa�onn� sous diverses formes et saupoudr� de sucre ou de grains de s�same, est c�d� � des prix proches du double, voire du triple. Attir�s par le prix all�chant de la viande rouge, propos�e dans certains march�s hebdomadaires des agglom�rations de la wilaya et m�me sur les bords des routes � la p�riph�rie de la ville, les consommateurs ne font pas de distinction entre une viande venant d�un abattoir officiel et contr�l�e par des v�t�rinaires et celle de b�tail abattu en pleine nature et qui plus est vendue sur des �tals de fortune � l�air libre et sans le moindre souci d�hygi�ne. Les services de contr�le de la qualit� et de la r�pression des fraudes comme les associations de d�fense des consommateurs sont interpell�s pour, sinon mettre un terme � ces comportements pr�judiciables � la sant� publique, du moins les limiter dans l�int�r�t du consommateur sans lequel ils n�ont aucune raison d�exister. L�autre ph�nom�ne qui a pris de l�ampleur en ce d�but de mois sacr�, ou �sacr� mois�, comme l�a si justement �crit notre chroniqueur et n�anmoins ami Boubakeur Hamidechi, dans sa derni�re chronique hebdomadaire intitul�e �Lettre de province�, c�est le nombre effarant d�actes de violence, aussi bien verbale que physique, et souvent pour des futilit�s. Pour un oui ou pour un non, on en arrive rapidement aux mains. Apr�s un rapide round d�observation, consacr� uniquement � un ��change d'amabilit�s�, les unes plus sal�es que les autres, commence alors �le combat� proprement dit o� tous les coups sont permis. Du tranchant au contondant en passant par les instruments de mesure, lanc�s � la face des personnes qui contestent le poids ou la qualit� du produit achet� Il y a �galement les batailles rang�es entre clans de vendeurs se disputant les espaces du commerce informel� Annaba est devenue un grand bazar � ciel ouvert.