Les d�put�s du RCD ont tout � fait raison de parler de �lynchage �. Et la direction de leur parti �galement en droit de surfer sur l�indignation en s�en prenant � un ministre maladroit et discourtois pour avoir outrepass� sa mission. Plus grave encore, le pr�sident de l�APN, M. Ziari, dont le r�le consiste � r�guler les d�bats en ne censurant strictement que le d�passement du temps de parole et les incivilit�s, pouvait-il s�autoriser alors la stigmatisation d�un courant d�opposition ? Or, il l�a fait lamentablement et avec des arguments sp�cieux. Sermonneur comme peut l��tre un adjudant de caserne, c�est � lui que l�on doit la plus belle stupidit� qui ait �t� dite dans ce Parlement depuis des mois ! Dans un premier temps, il rappelle que cette �Assembl�e reste une tribune pour la libre expression�, puis il se ravise et met en garde ceux qui �veulent utiliser cette institution (�) comme moyen pour frapper la d�mocratie et imposer la loi d�une minorit� au d�triment de la majorit� � (sic !). Une double pirouette qui illustre � la fois le ridicule des raccourcis et le tragique de l�intol�rance qui la sous-tend. Lui, qui n�est pas sans ignorer que la loi de la majorit� s�exprime, en toutes circonstances, par le vote final et jamais dans les d�bats qui le pr�c�dent, n�avait-il pas saisi l�opportunit� d�un clash entre un repr�sentant de l�ex�cutif et des contradicteurs virulents pour roder ses futures formules ? Une sorte de r�p�tition g�n�rale pour aboutir � des approbations muscl�es et totales. En somme, le c�t� rampant du chantage politique aux heures graves. Un soup�on de cette nature n�est pas � exclure puisqu�il sera bient�t question de l�amendement constitutionnel et qu�il faudra signifier autoritairement et par des signaux sans �quivoque que l�IN-DIS-CU-TA-BLE est �galement contenu dans l��thique du Parlement ! A cet effet, rien de tel que les mises en garde personnalis�es, car le prochain enjeu ne doit pas se contenter d�une confortable majorit� (acquise d�ailleurs par avance), l�unanimisme ne laissera pas un seul d�put� hors de la compromission. C�est ce qu�exige comme r�paration la gravissime entorse � la r�gle de la sym�trie des proc�dures, passant outre l�acte r�f�rendaire pour changer la Constitution ou du moins ses fondamentaux. D�ailleurs, Sa�d Sadi y faisait allusion en expliquant le montage de cette cur�e d�h�micycle par �les tensions politiques, dit-il, en cette p�riode particuli�rement confuse et incertaine �. Il a fallu que le b�illonnement de la critique atteigne un espace r�put� immunis�, pour qu�enfin, les derni�res chapelles hostiles aux projets du pouvoir d�couvrent la nature de celui-ci avec son lot de manipulations, son indiff�rence aux cons�quences et son extraction tyrannique. Il y a tout juste 18 mois, ne pariait-on pas sur la possibilit� de �transformer (de l�int�rieur) un chaos institutionnel au lieu de le refuser� en restant � l�ext�rieur ? La th�se de la participation, apr�s une l�gislature (2002-2007) boycott�e, avait s�duit certains sans convaincre l�ensemble du p�le r�publicain. C�est ainsi que, plaidant pour le retour aux instances d�lib�ratives, Tarik Mira, dirigeant du RCD, estimait en ce temps-l�, improductives les analyses et les strat�gies adopt�es cinq ann�es auparavant (2002) et qui lui semblaient trop marqu�es par la solidarit� avec la contestation de la Kabylie pour �tre op�ratoires en termes de r�formes � long terme. Faisant le chemin inverse, le FFS renon�a, lui, � postuler au Parlement au motif que celui-ci ne sert � rien sinon � conforter le pouvoir d�Etat au d�triment de la vocation des partis. Celui-ci, ayant si�g� entre 2002 et 2007, aurait-il mieux mesur� le d�calage qui en r�sultait, voire le discr�dit aupr�s de l��lectorat, jugeant souvent sur pi�ces sans conna�tre avec exactitude l��tat de vassalit� qui est le sien ? Entre le constat lointain du RCD et le bilan imm�diat du FFS, il y avait, en 2007, deux options qui se disputaient la pertinence et la sagacit�. Pour Mira et son parti, il n��tait plus possible �d��tre cantonn�s �ternellement dans le minist�re de la parole et le magist�re de la morale� ; et qu�il fallait �sortir du r�le de protestataire �ternel, apanage des partis groupusculaires�. (1) Un diagnostic qui, comme on le comprend, ne se limitait pas � peser dans les d�bats � inutiles � du Parlement, mais � fournir une visibilit� au parti dont il se priva de la mandature pr�c�dente. Un d�fi collectif et des ambitions personnelles qui, en se conjuguant, envoy�rent � l�APN 19 d�entre eux, aujourd�hui en butte � toutes les hostilit�s. Mais voil� qu�en moins de 4 sessions, ils d�couvrent que l�obtention d�un maroquin ne les a pas vaccin�s tout � fait des proc�s d�intention chaque fois qu�ils ont pris la parole. Les allusions insultantes d�un ministre, les mises � l�index � partir du perchoir pr�parent d�j� une op�ration de �quarantaine� pour laquelle ils n�auraient pr�vu que la riposte �pistolaire et quelques effets de manches. Ce qu�il y a effectivement d��mouvant, � travers cet innommable harc�lement, ce n�est pas tant la coupable d�mission morale des d�put�s des autres groupes, mais l�impasse intellectuelle du RCD lui-m�me. Que faire ? Remettre les mandats de ses �lus et quitter cette chambre de la l�chet� ? Ou bien y camper violemment jusqu'� pousser le pr�sident � engager les proc�dures extr�mes de lev�e d�immunit� et sonder la capacit� des �pairs� � s�y opposer par peur du ridicule dans l�opinion ? Face � l�adversit� d�loyale, ce parti n�a d�autre choix que de revenir, au �minist�re de la parole � affranchie des institutions et au �r�le de protestataire� des rues, quitte � ne se faire valoir que du statut de � parti groupusculaire �. L�utopie mobilisatrice dont parlaient nagu�re ses dirigeants ne peut envisager des virtualit�s � son accomplissement que dans le refus frontal de l�autoritarisme hors de la volont� citoyenne. Et ce n�est pas dans les d�pendances du pouvoir avec leurs salons lambriss�s que pourra germer l�id�e de mutation politique et d�alternance pour son exercice, mais dans la dissidence civique. A ce moment-l�, les Ziari et tous les ex�g�tes de service, ceux que l�on appelle les constitutionnalistes, apprendront ce que le vocable �majorit� veut dire dans la r�alit� d�une nation. C�est-�-dire autre chose que les 380 apparatchiks qui approuvent des textes au nom de l�absent. Le peuple simplement. B. H. (1) Les citations sont extraites d�une �tribune� de Tarik Mira, publi�e par Le Soir d�Alg�rie dans son �dition du 24 mars 2007. Deux mois avant les l�gislatives de mai auxquelles le RCD participa.