Au RCD, on ne décolérera pas de sitôt. Trois jours à peine après avoir dénoncé dans un virulent communiqué les déclarations incendiaires de Mahmoud Khoudri, ministre chargé des relations avec le parlement qui, samedi dernier, s'en est violemment pris aux députés du parti de Saïd Sadi, le RCD, récidive et fait de nouveau parler… le fiel. Amer et très remonté, le président du groupe parlementaire du RCD, Boubekeur Derguini, a publiquement interpellé hier le président de l'APN, Abdelaziz Ziari, sur ce qu'il qualifie de « lynchage », d'« acte grave et inédit » et de « réquisitoire d'une rare indécence », dont a été la cible son parti. Dans une lettre ouverte à Abdelaziz Ziari, président de l'APN, rendue publique hier - des copies de la lettre ont été envoyées à une douzaine d'institutions parlementaires auxquelles est affiliée l'APN -, Derguini a longuement ressassé l'« incident parlementaire » qui s'était produit samedi au soir lors des « débats » de l'assemblée nationale sur le projet de la loi de finances 2009. Le 11 octobre dernier, Mahmoud Khoudri a lancé une attaque en règle contre les députés du RCD, dont Noureddine Aït Hamouda en l'occurrence, qui avait évoqué lors d'une précédente séance le dossier des faux moudjahidine. « Nous n'avons pas besoin d'Alliot-Marie pour nous dire qui est moudjahid et qui ne l'est pas », avait rétorqué Mahmoud Khoudri dans une allusion assassine à « hizb frença » (le parti de la France). Le ministre a évoqué également lors de son intervention à l'hémicycle « l'humiliation subie par l'Algérie à cause du panel onusien qui avait enquêté sur les massacres collectifs de Raïs et de Bentalha ». Les déclarations « outrageantes » du ministre ont déclenché, tout de suite après, l'ire des députés RCD et de son président. Dr Saïd Sadi ira même jusqu'à brandir un billet de banque à la face du ministre, en lançant : « c'est avec ça qu'on vous a acheté », avant de quitter nerveusement l'hémicycle. Mohcine Bélabbès, qui protestait et quémandait un point d'ordre à son président, est lui aussi vigoureusement rappelé à l'ordre par Abdelaziz Ziari. L'incident, estime le RCD, confirme « le caractère prémédité » de cette affaire et dévoile « la situation délétère » dans laquelle évolue l'assemblée qui, juge-t-il, est loin d'être un « étalon de démocratie ». L'« anti-kabylisme » a servi de « toile de fond », d'après Derguini, à la diatribe du ministre. Le RCD reproche au président de l'APN d'avoir « laissé faire » le « lynchage » et d'entretenir les « tensions politiques en cette période particulièrement confuse et incertaine ».