Epoustouflante performance du com�dien Fran�ois Duval de la pi�ce th��trale le Cul de Judas dont il est le metteur en sc�ne, un texte d�Antonio Lobo Autunes, traduit du portugais par Pierre Leglise- Costa. Au Centre culturel fran�ais d�Alger , mardi dernier, Fran�ois Duval a gratifi� son public d�une prestation de haute facture. Un spectacle d�une po�sie inou�e o� le vers et le verbe se d�filaient telle de la laine soyeuse sur le m�tier � tisser pour nous offrir une toile saisissante de la trag�die humaine. L�amour, la haine, la violence, la guerre et la totale d�ch�ance sont les bassins de �teinture� o� plongeait l��me meurtrie d�un m�decin incorpor� malgr� lui dans l�arm�e portugaise pendant la guerre en Angola. Un drame psychologique auquel tente de survivre un homme d�sabus� par les horreurs d�une guerre sans gloire qui aurait broy� des milliers de personnes pour maintenir les �raisons� absurdes de la pr�sence coloniale portugaise en terre d�Afrique. Dans un hypoth�tique bar, le personnage essaye de soulager sa m�moire en racontant ses souvenirs � une inconnue. La guerre, les femmes et l�alcool, voici le triangle o� �voluait un r�cit captivant pour nous faire vivre la guerre avec la m�me d�tresse � laquelle sont livr�s les centaines de milliers de soldats pendant la guerre. Des hommes qui quittent leurs femmes pour une ma�tresse assassine qu�est la guerre, et l�alcool pour tout oublier. L�alcool pour oublier les hommes que nous sommes et devenir les �b�tes� assoiff�es de sang dont veulent les promoteurs des campagnes de la croix et de la banni�re. �Quelle imb�cillit� la guerre, Sophie !� � le choix du pr�nom n�est pas fortuit, Sophia signifie sagesse en latin. La force du verbe, la quasi parfaite diction et les belles intonations � juste mesure du propos ont fait rester accroch�s plus d�une heure durant, dans un silence compatissant, et � �boire� le calice dont s�abreuvait le personnage d�truit de Antonio Lobo Autunes. Un proc�s du colonialisme, de tous les colonialismes lesquels ont d�truit des peuples et leurs cultures en d�truisant �leurs� propres hommes galvanis�s � coups de discours nationalistes et autres, soidisant civilisationnels. La complainte de ce m�decin militaire portugais est un chant qui peut aussi sortir de la bouche d�un soldat fran�ais revenu de la guerre d�Alg�rie, de celle des GI�s de retour de l�Irak ou de l�Afghanistan ; et ainsi de suite avec toute ces guerres coloniales qui compromettent les destins des peuples par les desseins de civilisation h�g�moniste.