Combien sont-ils ces Alg�riens qui envoient aujourd�hui des cartes de v�ux � l�occasion du nouvel an et des autres f�tes ? La g�n�ralisation de l�usage du t�l�phone portable et de l�internet est-elle la seule raison qui a pouss� les Alg�riens � d�laisser le courrier postal, comme le laissent entendre certains ? Ly�s Menacer Alger (Le Soir) - Nous sommes le samedi, premier jour de la semaine. La Grande-Poste, � Alger, a ouvert ses portes t�t le matin. Devant la plupart des guichets, il n�y a quasiment aucun usager. Seul le guichet des affranchissements postaux et celui de l��mission de mandats- poste sont sollicit�s. Les clients sont, dans leur majorit�, des �tudiants venus r�gler leurs frais d�inscription pour la nouvelle ann�e universitaire. Au coin du grand hall de cet �tablissement, datant de l��poque coloniale, la bo�te aux lettres capte peu le regard des passants. Rares sont ceux qui y d�posent une enveloppe. Entre deux plis d�pos�s, il peut s��taler plus d�une dizaine de minutes. C�est dans la partie r�serv�e au courrier destin� � l��tranger que la plupart de ces enveloppes sont gliss�es. Leur grand format ne peut qu�indiquer qu�il s�agit de correspondances administratives. L�employ� affect� au guichet d��mission des colis postaux se reconvertit en agent de renseignement, faute de clients. �Il y a peu de gens qui envoient des lettres ordinaires ou des colis�, l�che son coll�gue. L�usage du SMS (short message send) et du mail est, selon lui, � l�origine de cette r�gression du courrier domestique ces derni�res ann�es. Mais cette r�gression a commenc� bien avant la g�n�ralisation du t�l�phone portable avec l�ouverture de milliers de cybercaf�s, disent certains. Interrog� � ce propos, le charg� de la communication, au niveau de la direction g�n�rale d�Alg�rie-Poste, Boufennara Nouredine, r�fute cette th�se. �Il est vrai que le SMS contribue, avec le mail, � la mort lente du courrier domestique, partout dans le monde et pas chez nous seulement. Mais ce ne sont pas tous les Alg�riens qui ont acc�s � Internet�, estime notre interlocuteur. Selon lui, les v�ritables causes remontent au d�but des ann�es 1990, lorsque l�Alg�rien a commenc� � perdre cette culture d�envoi de cartes de v�ux et de lettres ordinaires. �Le terrorisme est � l�origine de la suppression d�un nombre important de bo�tes postales, install�es � l�entr�e de nos �difices. Depuis 1993, les gens ont �t� contraints � l�anonymat et certains ont carr�ment mis hors service leurs bo�tes postales par mesure de s�curit�, dit-il, citant de nombreux exemples. Parmi ces gens, des cadres de l�Etat et des fonctionnaires qui pouvaient �tre, � n�importe quel moment, la cible des terroristes du GIA. Les actes de vandalisme ont, eux aussi, aggrav� davantage la situation. Toutefois, d�autres contraintes sont venues compliquer la t�che du facteur qui ne sait plus comment accomplir sa mission. L�apparition de nouveaux p�les urbains, de nouvelles cit�s, qui ne portent que le nombre de logements construits, a rendu l�acheminement du courrier difficile et parfois impossible, explique Boufennara. Ce dernier parle d�une stagnation du volume du courrier �chang� ces trois derni�res ann�es. Ce volume est estim� actuellement entre 250 et 300 millions de plis �chang�s par an, ce qui repr�sente, � titre comparatif, le volume �chang� en un seul week-end, en Suisse, note Boufennara. L��tablissement d�un nouveau plan d�acheminement du courrier n�a pas r�gl� ce probl�me. Le charg� � la communication d�Alg�rie-Poste affirme que les autorit�s locales et le minist�re de l�Int�rieur ont �t� saisis au sujet de la non d�nomination des quartiers et des rues � travers l�ensemble du territoire national. Le facteur revient, � chaque fois, le sac charg� d�une importante quantit� de plis, non distribu�s � leurs destinataires. Cela ne peut qu�engendrer la perte de confiance des usagers d�Alg�rie-Poste qui pr�f�rent ainsi recourir � d�autres moyens pour transmettre leurs messages et leurs colis. Le renouvellement de la flotte utilis�e dans l�acheminement du courrier et l�ouverture d�un nouveau centre � Birtouta, �quip� d�une machine de tri du courrier de derni�re technologie, peine � donner ses fruits. �Nous avons acquis une machine de tri du courrier, �quip�e d�un syst�me de reconnaissance du code postal. Mais elle n�est pas encore op�rationnelle�, affirme-t-il. Ce nouveau centre op�re avec les 300 agents de tri qui ont �t� transf�r�s de l�ancien centre d�Alger-gare, construit durant la p�riode coloniale et qui est aujourd�hui ferm�. �Il y a peu de gens qui savent utiliser le code postal exact de leur r�gion. La plupart ne le sait pas ou ne l�utilise pas du tout�, explique notre interlocuteur. Cette machine devient ainsi inutile, en attendant que les Alg�riens apprennent � accorder de l�importance au r�le du code postal dans la facilitation et l�acc�l�ration de l�op�ration de distribution du courrier. Le non mentionnement de l�adresse de l�exp�diteur est �voqu�e, par ailleurs, comme l�une des raisons de la perte du courrier en cours de route. A cet effet, Alg�rie- Poste a d�cid� de lancer, dans les prochaines semaines, une large campagne de sensibilisation et de vulgarisation autour de l�utilisation du code postal et de la bonne adresse. Pour les responsables de cette entreprise publique, tout n�est pas encore jou�. �On a besoin du courrier, surtout administratif, gr�ce au d�veloppement �conomique que conna�t l�Alg�rie ces derni�res ann�es. Nous avons donc pris nos dispositions pour faire face � la demande�, ajoute Boufennara, optimiste. Ce dernier estime que l�avenir est dans le colis qui repr�sente une infime partie du courrier �chang� actuellement en Alg�rie. Un centre de colis sera ouvert dans peu de temps en pr�vision des grands changements qui auront lieu � l�avenir, affirme notre interlocuteur. Alg�rie-Poste dispose actuellement de 5 500 facteurs et de 3 300 bureaux de poste � travers le territoire national. Ce nombre est jug� suffisant pour r�pondre favorablement � la demande des citoyens et des entreprises, qui continuent de faire confiance � cette institution publique, qui a affich� une v�ritable volont� de se moderniser. Mais les autres doivent suivre, laisse-t-on entendre au sein d�Alg�rie-Poste.