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LE VENT DE SABLE,UN FILM DE LARBI BENCHIHA
Un sirocco venu du nord
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 10 - 2008

Un film documentaire autour des essais nucl�aires fran�ais � Reggane en 1960 vient de voir le jour gr�ce au r�alisateur alg�ro-fran�ais Larbi Benchiha, journaliste � France 3 Bretagne.
Un documentaire d�une importance capitale qui relance les d�bats autour des responsabilit�s de la France en Alg�rie dans son pass� colonial en g�n�ral et le crime nucl�aire en particulier. Un crime � grande �chelle �cologique et humaine qui a touch� une importante zone du Sud et plus de 24 000 personnes. Justement, le r�alisateur a donn� la parole � ces v�t�rans de l�arm�e fran�aise qui avaient assist� aux premiers essais nucl�aires, c��tait un mercredi 13 f�vrier 1960 � 7h04. La France a eu � �taler toute sa force atomique pour marquer son entr�e de plain-pied parmi les puissances nucl�aires du monde entier. �(�) Un officier m�a dit de le conduire au point z�ro, j�ai enfil� ma tenue de coton r�glementaire et une demiheure apr�s, nous sommes arriv�s � un immense crat�re. A ce moment-l�, un h�licopt�re nous a survol�s, et avec un haut-parleur, il nous a indiqu� que nous nous trouvions en zone interdite et qu�il fallait repartir vers la base. J�ai pris le temps de planter le drapeau fran�ais au centre du crat�re comme il m�a �t� ordonn�.� G�rard qui, conscrit en 1960, voici un exemple de t�moignage autour de la m�ga-catastrophe nucl�aire sur laquelle la France a souscrit sa gloire de nation forte au d�triment des populations autochtones et de ses propres soldats. En dernier lieu, une premi�re dans les anales de la justice fran�aise, une plainte est d�pos�e par un ensemble de victimes contre X. Jusqu�� quel point ira ce dossier �pineux en sachant bien que ces essais nucl�aires sont class�s secret d�fense ? Encore une fois, la France coloniale se fait rattraper par son histoire tumultueuse pendant l�occupation de l�Alg�rie, et que certaines voix parlementaires voulaient, � coups de d�crets, transformer en un pass� glorieux et de bienfaisance dans les anciennes colonies (loi du 23 f�vrier 2005). Larbi, m� par le devoir de m�moire, a pris la direction du Sud alg�rien, son pays natal, en compagnie d�un expert en nucl�aire, Bruno Barrillot, pour mener une enqu�te sur les cons�quences et le souvenir de cette �gerboise bleue� qui avait d�fi� le ciel de Reggane la fin de l�hiver 1960, avec son lot de contaminations. Dans ses notes d�intention, Larbi Benchiha r�v�le que lors de son voyage de rep�rage en f�vrier 2007, il s�est personnellement rendu � In-Eker, � 200 m du point z�ro, et les mesures effectu�es indiquent une forte radioactivit� de la riche et du mat�riel laiss� sur place. Le film s�articule autour des t�moignages des soldats et des t�moins oculaires qui �taient pr�s de la zone de l�explosion. En plus des archives auxquelles a eu acc�s le r�alisateur, il a eu le privil�ge de b�n�ficier de divers documents in�dits (films 8 mm, photos�) remis par des v�t�rans qui avaient �t� eux-m�mes victimes de la d�monstration de force de leur propre arm�e. Un grand bravo au r�alisateur Larbi Benchiha, ainsi que son producteur Farid Rezkallah, qui contribuent d�une fa�on consid�rable, par ce film, au long travail de m�moire auquel nous sommes tous tenus de nous livrer sur les deux rives.
Menad Embarek
LARBI BENCHIHA AU SOIR D�ALG�RIE
�Les essais nucl�aires resteront secret d�fense pour toujours�
Le Soir d�Alg�rie : Comment est venue l'id�e du film ?
Larbi Benchiha : La gen�se du film est la suivante : en tant que journaliste travaillant pour une t�l�vision fran�aise, il m�arrive de r�aliser toutes sortes de reportage. Un jour ma r�daction m�envoie pour couvrir une assembl�e g�n�rale des v�t�rans des essais nucl�aires, et c�est l� que j�ai d�couvert que la bombe atomique fran�aise est n�e au Sahara, dans les environs de Reggane. J��tais surpris et ahuri, c��tait au milieu des ann�es 1990, puis en discutant avec ces anciens militaires qui ont travaill� sur les sites des essais, j�ai appris que des autochtones ont �t� �galement recrut�s pour travailler sur les diff�rents sites. J�ai donc r�alis� plusieurs reportages sur ce sujet. Je me suis �galement document�, j�ai lu des ouvrages, notamment les livres de l�expert Bruno Barrilot� C�est comme �a que, peu � peu, l�id�e de faire un film est n�e.
Dans quelles conditions s'est d�roul� le tournage du film ?
Je dois dire qu�aussi bien en France qu�en Alg�rie, le tournage s�est d�roul� dans de tr�s bonnes conditions, je n�ai jamais eu le moindre souci. Pourtant, je m�attaquais � un sujet pour le moins d�licat. Je fus surpris par les facilit�s, j�ai pu tourner � peu pr�s partout o� j�ai souhait�. J�en profite au passage pour remercier vivement la population de Reggane pour son accueil chaleureux et amical.
Comment le film a �t� accueilli en France et qu'en est-il de sa projection en Alg�rie ?
Le film est bien accueilli en France, il a �t� diffus� le 27 septembre dans une salle � Hy�res, dans le sud de la France, et il est s�lectionn� au Festival du film d�Amiens et dans un festival africain en d�cembre, je peux d�ores et d�j� penser que l�accueil se pr�sente sous de bons auspices. En ce qui concerne les diffusions en Alg�rie, j�aurai souhait� en organiser une avant-premi�re � Reggane d�but novembre, mais le projet s�est av�r� pas si simple, j�ai l�impression qu�il va falloir diff�rer ces avant-premi�res, j�esp�re que cela pourrait se faire le 13 f�vrier � Reggane. C�est une date symbolique car c�est l�anniversaire de la premi�re bombe (gerboise bleue).
Vous avez �t� accompagn� d'un scientifique lors de votre tournage, quelles sont ses conclusions ?
Effectivement, j��tais accompagn� d�un expert en armement nucl�aire, il �tait tr�s surpris de l��tat dans lequel se trouvent aujourd�hui ces sites, et surtout les dangers qu�ils repr�sentent repr�sentent pour les populations de la r�gion. Il faut dire que les sites n�ont �t� ni s�curis�s ni r�habilit�s � ce jour. De plus, des gens auraient r�cup�r� du mat�riel contamin� qu�ils auraient utilis� dans des constructions. Des t�moignages et documents visuels prouvent que des engins et du mat�riel contamin�s ont �t� enfouis dans le sable. Pour Bruno Barrillot, il est quasiment impossible de d�contaminer, pour lui l�urgence est de s�curiser les sites, de rassembler et stocker en conformit� avec les normes de gestion des d�chets radioactifs tout ce qui subsiste de contamin�s sur les anciens sites d�essais. Il est urgent d�informer correctement les populations sur les dangers et comment se conduire dans cette r�gion o� subsistent des risques de contamination radioactive.
Quels sont les propos et sentiments qui reviennent le plus souvent dans les diff�rents t�moignages ?
Les t�moins aussi bien fran�ais qu�Alg�riens racontent qu�ils n�ont jamais �t� inform�s sur les dangers. Selon eux, on leur a cach� la v�rit�. Pis encore, il y en a ceux qui pensent qu�ils �taient sciemment utilis�s dans les tests.
Quelles sont les revendications des �victimes � de cet essai, des deux c�t�s, alg�rien et militaires fran�ais ?
Les gens demandent r�paration et prise en charge m�dicale. Ils demandent aussi l�acc�s � leurs dossiers militaires pour savoir quel est leur degr� d�irradiation. La loi fran�aise, depuis 2002, oblige les institutions m�dicales, y compris militaires, � fournir l�int�gralit� des dossiers m�dicaux � tout citoyen qui en fait la demande. Beaucoup de Polyn�siens qui ont �t� employ�s sur les sites nucl�aires font la demande de leurs dossiers m�dicaux : ils sont aid�s par leur association Moruroa e tatou. Concernant les personnels alg�riens qui ont �t� employ�s � Reggane ou In-Eker, je pense que peu d�entre eux ont �t� inscrits comme �employ�s� pour les essais nucl�aires. L�arm�e fran�aise n�aurait ainsi presque rien conserv� concernant les personnels alg�riens. Cependant, je pense qu�il serait important de v�rifier cela et que des habitants de Reggane qui ont �t� employ�s par les Fran�ais devraient faire leur demande de dossiers m�dicaux. Bien s�r, j�imagine tous les obstacles. Cela montre l�importance d�une association qui puisse aider concr�tement les gens � obtenir leur droit � la v�rit�. Mais, face � toutes ces difficult�s, la solution la plus raisonnable serait d�obtenir de la France le financement d�un suivi m�dical sp�cifique pour tous ceux qui, � Reggane ou In-Eker, ont travaill� sur les sites d�essais, pour leurs descendants aussi et pour les habitants des petites communaut�s qui vivaient � proximit� des sites d�essais. Les Polyn�siens ont obtenu ce suivi m�dical depuis un an maintenant, pourquoi pas les Alg�riens ? Pour obtenir les preuves des contaminations au temps des essais, ce sera encore plus difficile. La France a peur qu�on d�couvre clairement qu�elle a jou� aux apprentis sorciers avec ses essais nucl�aires. Ainsi, en juin 2008, le Parlement fran�ais a vot� une loi incroyable pour un pays qui se dit d�mocratique : d�sormais toutes les archives et documents militaires concernant les essais et les armes nucl�aires resteront �secret d�fense� pour toujours ! La loi dit que ces archives sont d�sormais �incommunicables � alors qu�auparavant, il �tait pr�vu qu�elles soient ouvertes au bout de 60 ans.
A quel point la France officielle est �hypocrite� dans le sujet du crime nucl�aire en Alg�rie ?
Personnellement, je pense que l�aventure du nucl�aire militaire doit �tre d�battue et les d�g�ts humains et mat�riels reconnus et assum�s et qu�il y ait une loi qui cadre tout cela. Il y a des pr�c�dents en la mati�re. Par exemple, les Am�ricains ont ouvert leurs archives et reconnaissent � leurs v�t�rans les dommages caus�s par les essais.
Quel avenir pour les d�bats sur les essais nucl�aires de Reggane dans le travail de m�moire ?
Cette question est tr�s importante, il faut que des deux c�t�s (alg�rien et fran�ais) qu�on se mette au travail et surtout permettre aux scientifiques ind�pendants et aux historiens de faire ce travail de m�moire aussi important que les processus de s�curisation et de r�habilitation.
L�id�e qui te semble importante � ajouter dans cet entretien�
Je pense que l�important, ce n�est pas de dire que c�est criminel, c�est irresponsable, il faut condamner� A mon sens, le plus important, il faut �tre pragmatique, le plus important ce sont les personnes qui vivent aujourd�hui. La premi�re des choses, c�est d�effectuer une enqu�te �pid�miologique sur toute la r�gion du Touat, recenser les gens qui y ont travaill� et proc�der � des bilans de sant�. La deuxi�me, c�est de s�curiser les sites en r�habilitant un tant soit peu les endroits r�habilitables. La troisi�me, c�est �valuer les d�g�ts sanitaires et environnementaux de la r�gion.
Entretien r�alis� par M. E.

FICHE TECHNIQUE
Titre : Le Vent du sud
Auteur & r�alisateur : Larbi Benchiha
Genre : documentaire de cr�ation
Dur�e : 90 minutes
Format tournage : diffusion haute d�finition st�r�o
Producteur : Farid Rezkallah, 24 images
Lieux de tournage : France, Alg�rie
Langue : fran�ais, arabe
Date de tournage : printemps 2008
Dur�e de tournage : 9 semaines
Dur�e de post-production : 16 semaines
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