Le sport nourrit les passions. Secteur vital de par la jeunesse mais �galement en raison de son rayonnement sur la vie publique, le monde des sports est surtout un milieu de r�cup�ration. L�Alg�rie a toujours enfant� des sportifs, de grands sportifs. Des stars mondiales m�me. Avant et apr�s l�ind�pendance. Nous ne parlons pas de Alain Mimoun, Zineddine Zidane, Djamel Bouras, Brahim Asloum et d�autres noms qui ont d�fendu les couleurs de leur pays d�accueil. Ceux dont l�Alg�rie est vraiment fi�re sont n�s, ont grandi, ont brill� puis sont morts en Alg�rie. D�autres survivent au rythme des nouvelles �orientations� donn�es � ce qui constituait leur quotidien. Mokhtar Aribi, Ahmed, Kebaili, �Bob� Youssef, Omar �le Noir�, les fr�res Za�f, Moussa, Boulmerka, Morceli, Belloumi, Madjer, Mahmoudi, et la liste est tr�s longue. Leur carri�re �tait si exemplaire et les titres et lauriers qu�ils avaient arrach�s lors des plus importants �v�nements plan�taires ont rendu jaloux nos meilleurs amis�Aujourd�hui, l�oubli s�est install� et ces braves et fid�les serviteurs de la cause sportive, humaine, sociale, et m�me politique, semblent passer pour de simples et lointains souvenirs... C�est l�une des raisons de la crise travers�e par le sport alg�rien. �Un peuple qui oublie son pass� se condamne � le vivre�, �crivait Winston Churchill dans ses m�moires. L�homme d�Etat britannique ne pensait pas si bien dire m�me s�il lui fallait nous expliquer, � nous Alg�riens, comment est-ce possible de vivre notre pass� si �logieux et �loquent en condamnant nos pionniers, dans quelque domaine que ce soit, � l�oubli� Le r�gne des m�diocres a tellement fait son �uvre que l�on est en phase de maudire le jour qui a vu le pays reprendre ses droits � la vie� Paul Masson aura beau nous expliquer que �les m�diocres sont tr�s utiles, pourvu qu�ils sachent se tenir dans l�ombre, tels les z�ros plac�s derri�re les vrais chiffres�, il est difficile d�imaginer la suite avec optimisme. L�ouverture d�mocratique aura �t� une b�tise trop belle pour les fans de la politique, mais douloureuse pour le reste. Le sport et les sportifs en premiers. Le passage par les urnes a ruin� les derniers espoirs d�un peuple qui n�avait que le sport pour bondir de son quotidien fait de morosit� et d�incertitudes. Rappelez-vous 1975 et le finish de Boualem Rahoui et de Omar Betrouni lors des JM. Ou bien ces moments historiques en 1982 et cette �pop�e de Gijon qui a �t� ressentie comme une seconde ind�pendance. Le peuple vivait par le sport et pour le sport, pour reprendre une belle litanie marxiste qui faisait de nos mairies des lieux de culte jamais apaisants pour les invocateurs de la bonne gouvernance. La loi est au-dessus de tous ? La r�forme sportive de 1976 et avant elle le code de l�EPS n�avaient rien d��gal avec l�av�nement de la loi portant sur les associations du 90/31 du 4 d�cembre 1990. Une loi cens�e r�volutionner les esprits et lib�rer les initiatives. C��tait, en ce qui concerne le sport du moins, une sorte de fuite coupable de la part des pouvoirs publics. La gestion des f�d�rations et de leurs ressources allait subir les al�as du temps et ceux d�un personnel tr�s peu qualifi� pour ne pas dire pas du tout qualifi� � assumer ses charges, � savoir le d�veloppement du sport et la promotion de la jeunesse. L�Etat a offert le sport � toutes les sortes de gourous, opportunistes et autres carri�ristes. Un air de d�j� vu. Les d�signations � la �post-ind�pendance � dans les volets strat�giques du sport seront l�gion. Le d�bat superficiel empiriques - scientifiques a fait long feu � cette �poque et la d�cennie noire en a couvert de sa couche sanglante. Les �infiltr�s� �taient nombreux, les affairistes et les �voyagistes� �galement. Les coups d��clat de Morceli � Tokyo, de Boulmerka � Barcelone, de Benida- Merrah � Sydney et de Guerni Djabir � Paris �clairaient un ciel tr�s peu g�n�reux en bonnes �toiles. Des �clairs, en somme, que chacun a tent� de r�cup�rer pour en faire un fonds de commerce. La gabegie touchait m�me les f�d�rations dites mineures. Les chevaux perdaient leurs sabots et les obstacles devenaient infranchissables pour ceux qui n�abdiquaient pas � la ligne de conduite dict�e par une f�d�ration g�r�e � distance� Le trafic de dipl�mes que l�on a d�couvert avec les arts martiaux, le karat� pour ne pas le nommer, a fait tache d�huile aupr�s de la plupart des f�d�rations avec la b�n�diction des �coles de formation �tatiques. Pour se d�barrasser d�un haut cadre de son minist�re, Yahia Guidoum n�a pas trouv� mieux que de l�affecter � la t�te du plus important institut de formation des cadres et conseillers en sport du pays. Guidoum, qui �tait � son second passage dans le secteur de la jeunesse et des sports, savait qu�en sport la mafia a des ramifications plus importantes que celles qu�il avait d�busqu�es lors de son d�tour � la sant�, son milieu naturel. La preuve : le d�cret qu�il �tait en charge d�appliquer a capot� devant la puissante f�d�ration de football, celle du basket-ball et m�me de la FA cyclisme. Ce n�est pas un hasard si ce triumvirat a r�sist� � la charge d�une loi vot�e par les deux chambres. D�utilit� publique, sur le papier, ces trois instances passent pour �tre une propri�t� priv�e. L�auguste COA dirig� par Berraf, un �lu du peuple sous les couleurs politiques du RND, cens� d�fendre les valeurs de l�olympisme, se confine dans un r�le de dieu protecteur d�int�r�ts occultes. �A qui profite l��chec ?� C�est la bonne question � laquelle beaucoup de monde, sinon tout le monde, n�a pas de r�ponse. Les performances sportives de l�Alg�rie du troisi�me mill�naire se conjuguent aux �checs, sans jeu de mots, aux humiliations dans tous les concerts r�gionaux, continentaux et internationaux. Le sport alg�rien ne produit plus de champions et ceux qui parviennent � �merger du lot des naufrag�s n�ont que les miettes � se mettre sous la dent. Car, aujourd�hui, la pratique du sport n�est plus un loisir mais un moyen de gagner sa vie. La gloire et le prestige se monnayent au prix fort, les couleurs passent vraiment au second plan. Naturellement, les causes sont connues. Les athl�tes d�couvrent au fil de leur carri�re pr�caire � tout point de vue qu�ils sont exploit�s. Les r�sultats qu�ils obtiennent ne sont en fait qu�un arbuste qui cache l�immense for�t gangren�e par les chercheurs d�or et les mercenaires de tout bord. Ceux-ci jubilent � l��coute d�une d�route sportive. Ils savent que d�route rime avec instabilit�. Les va-et-vient arrangent les changements de cap et de strat�gie. Combien de ministres a connus le d�partement des sports depuis 1990, ann�e du premier et dernier sacre continental du football alg�rien ? Mme Aslaoui, Khomri, La�choubi, Benbouzid, Ha�chour, Berchiche, Boudjema�, Lebib, A�ssaoui, Guidoum, et le tout dernier Djiar. On en oublie certainement des noms et pour cause Aucun d�eux n�a accompagn� les f�d�rations dans leur mandat olympique. Le meilleur a fait deux piges (Guidoum) et quelques mois de plus que la plupart des ministres pass�s par le si�ge minist�riel de la place de la Concorde. Personne n�a laiss� de traces concr�tes de son passage au minist�re. �Jeunesse 2000� aura �t� le r�ve de trop� Et puis il y a eu des d�crets, des arr�t�s et des lois jamais appliqu�s. La �constitution�, sous forme du d�cret 05/404, vot�e du temps de Guidoum, a �t� l�aboutissement d�un processus de refondation entam� en 1995 avec les assises du football et celles du sport. A l�or�e de son application, les barons se sont �lev�s tel un seul homme pour crier � l��puration. La Fifa sortira son glaive et la FAF �chappera, � l�instar de la FABB et la FAC (on ne sait par quel tour de passe-passe sauf que les deux instances sont respectivement dirig�es par le pr�sident et le SG du COA), � l�op�ration d�assainissement. L�av�nement de Djiar verra le retour � une certaine �accalmie� jusqu�� cette fatidique date du 27 octobre, jour de la transmission de la note m�thodologique aux f�d�rations, qui sonnera l�agitation. Si l�on devine le pourquoi de cette lev�e de boucliers, l�on s�interroge fondamentalement sur les moyens que comptent employer les bellig�rants (f�d�ration et minist�re) pour imposer soit leur diktat soit la l�galit�.