L�Alg�rie est l�un des pays les plus ensoleill�s du monde, et dispose de 3 000 heures d�ensoleillement par an, soit un potentiel d�environ 170 000 tWh par an, ou l��quivalent de 5 000 fois la consommation alg�rienne en �lectricit� et 60 fois la consommation de l�Europe des 15 estim�e � 3 000 tWh par an. Elle ne produit h�las qu�1 mW par an sur les 6 000 produits par Sonelgaz, la capacit� de production totale �tant de 7 000 mW. Selon le rapport intitul� �MED-CS�, r�alis� dans le cadre de la coop�ration alg�roallemande et m�diterran�enne, le rendement moyen est de 2700 kWh par m2 en ensoleillement direct, et 1 km2 de panneaux solaires thermiques peuvent produire 16500 m3 d�eau de mer dessal�e. Toujours selon cette �tude, en 2050, l�Alg�rie pourrait produire avec le proc�d� solaire thermique 989 tWh par an avec 2155 km2 de panneaux solaires, soit seulement 0,1% de la surface totale du pays. L��nergie �olienne, dont le potentiel est surtout appr�ciable au sud avec des vitesses moyennes de 3 � 6 m�tres par seconde, constitue aussi une ressource appr�ciable pouvant alimenter des besoins domestiques dans les sites isol�s, mais son caract�re et sa distribution g�ographique al�atoires, ainsi que l�absence d��tudes ou de donn�es fiables ne nous permettent pas, h�las, d��valuer son potentiel � moyen et long terme. En mati�re d��nergie g�othermique, l�Alg�rie dispose aussi d�un potentiel de 200 sources chaudes dans la partie nord du pays (45�C � 98�C). En mati�re de biomasse, l�Alg�rie est d�j� un pays semid�sertique et ne dispose pas non plus de grandes exploitations foresti�res ou agricoles de type industriel, aussi seule l�incin�ration de d�chets domestiques est susceptible d��tre exploit�e et de fournir une �nergie d�appoint sur certains sites. En ce qui concerne l��nergie hydraulique, le potentiel est de 1 500 gWh, soit 6% des capacit�s de production d��lectricit� actuelles. Enfin, il y a l�hydrog�ne qui constitue un excellent vecteur �nerg�tique auquel s�int�resse beaucoup le CDER, puisqu�il a organis� d�j� en 2005 un workshop � ce sujet et �mis plusieurs recommandations en mati�re de recherche, de coop�ration avec les pays d�velopp�s, et m�me la cr�ation d�un Institut alg�rien de l�hydrog�ne. H�las, aucune de ces recommandations n�a �t� mise en �uvre au jour d�aujourd�hui en dehors du fait qu�il est pr�vu de produire de l�hydrog�ne � partir de la centrale hybride en cours de construction � Hassi R�mel. 11-2. LE CADRE R�GLEMENTAIRE Tout programme de d�veloppement ou de promotion d�un secteur ou d�une activit� quelconque a besoin en premier lieu d�un engagement politique tr�s fort � travers des textes et des lois pr�cises, d�une strat�gie � long terme, de programmes pr�cis, et d�acteurs (organismes, associations, etc.) pouvant mettre en �uvre sur le terrain toutes les actions concr�tes n�cessaires. En mati�re l�gislative, dans le secteur de l��nergie on peut dire qu�actuellement, il y a le minimum requis pour permettre le d�veloppement des �nergies renouvelables. On peut citer : - la loi sur la ma�trise de l��nergie ; - la loi relative � l��lectricit� et � la distribution publique du gaz ; - la loi sur les �nergies renouvelables dans le cadre du d�veloppement durable ; - le programme national de ma�trise de l��nergie ; - le fonds national pour la ma�trise de l��nergie ; - le d�cret ex�cutif sur les co�ts de diversification ; - le programme indicatif des besoins en moyens de production. Mais beaucoup d�autres m�canismes ou d�actions en mati�re d�organisation, de promotion ou de pilotage sur le terrain demeurent encore � l��tat de projets et n�cessitent une mise en �uvre urgente pour d�clencher concr�tement le d�veloppement des �nergies renouvelables � travers : - la subvention des projets d��nergies renouvelables et d�efficacit� �nerg�tique ; - la prime pour l��lectricit� verte ; - le programme national de promotion des �nergies renouvelables ; - le programme national de recherche sur les �nergies renouvelables. 11-3. LES INSTITUTIONS ET ORGANISMES CONCERN�S Le minist�re de l�Energie est certainement le noyau central, �tant responsable de la politique de d�veloppement de toutes les �nergies, du contr�le et de la r�gulation. Mais il a besoin de s�appuyer sur des acteurs sur le terrain capables de mettre en �uvre la strat�gie et les programmes n�cessaires. - La Sonelgaz est le maillon principal �tant responsable, seule ou en partenariat, de la production de la majeure partie des besoins �nerg�tiques du pays, � travers la r�alisation des installations n�cessaires, leur exploitation, leur maintenance, et la distribution de cette �nergie. Mais les besoins �tant croissants, et les probl�mes aussi bien techniques que financiers (investissements n�cessaires, recherche,�) sont trop complexes pour que la Sonelgaz puisse � elle seule prendre en charge le d�fi du d�veloppement des �nergies renouvelables. Elle a, par cons�quent, non seulement besoin du soutien de l�Etat, mais aussi de la participation de partenaires et de nombreux autres acteurs sur le terrain, en mati�re de recherche d�abord (universit�s et organismes de recherche et d�veloppement), d�investissement, de production des �quipements industriels, de r�alisation, et de promotion (sensibilisation, mesures incitatives,�). - Le Centre de d�veloppement des �nergies renouvelables (CDER), qui rel�ve du minist�re de l�Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique, est ou devrait �tre le maillon central de la recherche dans ce domaine, avec non seulement un programme ambitieux, mais surtout des budgets cons�quents, des moyens humains � la hauteur du d�fit � relever. De nombreux projets sont en cours au sein de cet organisme et une mini-centrale solaire exploit�e et rattach�e au r�seau de distribution de la Sonelgaz. Nous croyons savoir aussi que d�autres universit�s alg�riennes consacrent plusieurs projets de recherche � ce domaine, mais ont-elles vraiment tous les moyens et toutes les facilit�s ? - La soci�t� mixte NEAL, cr��e en 2002 entre Sonatrach, Sonelgaz, et le groupe priv� SIM, affiche actuellement un ambitieux programme qui comporte : � la construction d�une centrale hybride solaire/gaz de 150 mW. Deux autres projets similaires � M�ghaier et Na�ma sont � l��tude ; � la construction d�une centrale hybride �olien/photovolta�que/ diesel � Timimoun ; � l��lectrification de certaines r�gions du sud par le Photovolta�que ; � la fabrication de chauffe-bains solaires ; � et le d�veloppement d�un programme de recherche sur les �nergies renouvelables. Son objectif est, par ailleurs, d�atteindre une production de 500 mW en 2010 et 1000 mW en 2015, dont 400 mW seront export�s vers l�Europe. 11-4. LES R�ALISATIONS Elles demeurent � ce jour peu importantes et ne totalisent qu�une modeste puissance install�e qui couvre moins de 1% de la consommation �lectrique nationale. On peut citer parmi elles : - le contr�le des puits de production p�troli�re sur certains gisements gr�ce � une puissance install�e de 2,3 mW avec le proc�d� photovolta�que, r�alis� par la Sonatrach ; - l��lectrification avec le proc�d� photovolta�que d�une vingtaine de villages au Sud (environ 5000 foyers), et d�infrastructures ou de sites isol�s (�clairage public, �coles, mosqu�es, t�l�communications, balisage de routes) avec une puissance install�e d�environ 2 000 kWc. - le pompage hydraulique avec le proc�d� photovolta�que ou l��olien sur quelques sites avec une puissance install�e de 300 kWc. 11-5. LES PROJETS Dans le cadre d�un accord de coop�ration alg�ro-allemand sign� en 2007, il est pr�vu un investissement � long terme de 12 � 18 milliards d�euros pour d�velopper l��nergie solaire et construire notamment 4 centrales solaires thermiques de 400 mW chacune entre 2010 et 2015. La premi�re centrale de type hybride solaire/gaz et d�une puissance de 150 mW (dont 130 mW au gaz et 20 mW au solaire thermique) est d�j� en construction � Hassi R�mel. Son co�t sera de 310 millions d�euros. Elle comportera 180 000 m2 de miroirs paraboliques g�ants (soit la surface de 45 stades). L�objectif est de tester les composants, d�velopper de nouvelles technologies, produire de l�hydrog�ne pour des piles � combustibles, et bien s�r assurer la formation de cadres n�cessaires dans ce nouveau secteur. Dans le m�me cadre de coop�ration, il est pr�vu aussi la pose d�un c�ble de 3 000 km avec un investissement de 2 milliards d�euros, pour exporter de l��lectricit� vers l�Europe. D�un autre c�t�, la Sonelgaz est en train de poursuivre son programme d��lectrification rurale sur plusieurs villages du Sud et pr�voit d�approvisionner au moins 800 foyers avec une puissance de 0,5 mWc d�ici 2009. D�autres projets toucheront le secteur du pompage hydraulique en utilisant le proc�d� �olien. Mais tout cet effort ne repr�sentera finalement que 6% de la production �lectrique nationale en 2015, ce qui laisse supposer que les �nergies renouvelables ou nouvelles ne sont pas pour l�imm�diat. Pour ce qui est du d�veloppement d�une industrie locale en mati�re de fabrication d��quipements de production ou de consommation d��nergies renouvelables, il n�y a pratiquement aucun projet d�envergure. 11-6. Les mesures prises ou � prendre pour la promotion des �nergies renouvelables L�objectif de l�Alg�rie est d�atteindre en 2015, 6% de contribution des �nergies renouvelables en mati�re de production �lectrique avec une puissance install�e d�environ 300 mW dont 170 mW avec le solaire thermique, 5 mW avec le solaire photovolta�que, et 100 mW avec l��olien. L�Alg�rie est certes en avance sur beaucoup d�autres pays en voie de d�veloppement gr�ce � la volont� politique d�j� affich�e � travers les textes r�glementaires r�cents, mais on devrait � notre avis d�finir en urgence et afficher plus d�ambition pour la d�cennie 2020- 2030, au cours de laquelle l�Alg�rie devra faire face � des arbitrages importants en mati�re de d�veloppement durable : � politique des exportations des hydrocarbures ; � disponibilit� et exploitation des ressources en eau ; � autosuffisance alimentaire ; � protection de l�environnement. Qu�il s�agisse de recherche, d�investissement ou de promotion (surtout les mesures incitatives), les principales institutions concern�es que sont les minist�res de l�Energie, de l�Hydraulique, de l�Environnement et de l�Am�nagement du territoire, de l�Enseignement et de la Recherche scientifique, de la Promotion des investissements, devraient multiplier et surtout coordonner leurs actions dans ce domaine. Si l�Alg�rie a consenti par elle-m�me des investissements de plusieurs dizaines de milliards de dollars pour d�velopper son industrie p�troli�re, elle est parfaitement en mesure de consentir un effort financier cons�quent en mati�re de d�veloppement des �nergies du futur, et mieux vaut le faire maintenant parce qu�elle en a les moyens en affichant des objectifs ambitieux et chiffr�s sur le long terme, parce que 2030, c�est demain. On peut donc r�sumer la situation de cette fa�on : � L�Alg�rie poss�de � travers le solaire un potentiel �nerg�tique gigantesque pouvant assurer la transition et le remplacement de la majeure partie de ses ressources fossiles. � La volont� politique de d�velopper ce type d��nergie existe et le cadre r�glementaire est d�j� en grande partie �tabli. Mais il reste � compl�ter par les m�canismes susceptibles de promouvoir : � d�abord les �conomies d��nergie ; � la recherche ; � les investissements ; � et enfin la production. � L��tape actuelle n�cessite aussi une bonne coordination entre l�ensemble des acteurs dans ce domaine � travers un organisme quelconque dont la premi�re t�che devrait consister � �tablir et approuver une carte �nerg�tique du pays �volutive entre aujourd�hui et 2050. � Il y a enfin les actions de sensibilisation en direction des consommateurs � multiplier � travers des mesures concr�tes et tr�s stimulantes aussi bien en mati�re d��conomie d��nergie que de proc�d�s de production d��n�rgie. A. A. *Ancien P-dg de Sonatrach et ancien ministre des Ressources en eau P. S. : Les chiffres contenus dans le pr�sent article sont tous tir�s de publications disponibles sur internet.