Adaptée du texte Le Foehn de Mouloud Mammeri, Ajebbani représente le TR Tizi-Ouzou dans la compétition de ce 12e Festival national du théâtre professionnel. Mise en scène par Ahmed Benaïssa et traduite et adaptée au kabyle par Noureddine Aït Slimane et Rabah Bousetta, cette tragédie en 4 actes raconte l'histoire de Tarek, fidaï capturé et torturé par les parachutistes. Ecrite en 1957 peu après le déclenchement de la Bataille d'Alger, Le Foehn a été montée une première fois en 1967 puis en 2006 par Djamel Abdelli. Ahmed Benaïssa la revisite cette année en concentrant le récit dramatique sur la détention et les sévices subis par un jeune fidaï, proche de Abane Ramdane, qui s'apprêtait à organiser un attentat à Alger contre le commandant Brudeau. Ce sera donc un théâtre de lutte et de mémoire, dont la sémantique est versée dans le panégyrique patriotique avec, d'un côté, le brave combattant de libération et, de l'autre, le cruel tortionnaire français. Cette dualité, à laquelle on a rarement pu éviter le manichéisme, est mise en espace de manière académique et oratoire : les dialogues constituent donc la centralité de la pièce tandis que la scénographie fait uniquement office de décor et que la teneur dramaturgique se limite aux poncifs déjà recyclés dans le cadre de ce genre d'œuvres dédiées à la guerre de Libération. Ajebbani rejoint ainsi le long chapelet des pièces sans grande fantaisie qui se contentent d'un traitement convenu et peu créatif comptant sur la noblesse et la beauté intrinsèque de sa thématique (le courage, l'amour de la patrie, etc.) pour la dispenser de creuser ce matériau autrement qu'avec l'image classique et, parfois artistiquement stérile, d'un héros passe-partout. Ahmed Benaïssa, comédien hors norme et figure incontournable de théâtre et de cinéma, semble moins inspiré du côté de la mise en scène et de la direction d'acteurs d'autant que, pour ce qui est de cette pièce, le texte de Mammeri n'est ni réinventé ni réadapté de manière à élargir le contexte et les possibilités artistiques. Pour rappel, le 12e Festival national du théâtre professionnel se poursuit aujourd'hui et demain avec les pièces Otacha écrite par Smaïl Yabrir et mise en scène par Houach El Naas pour le compte du Théâtre régional de Djelfa qui participe pour la première fois au FNTP ; La source de Rabie Guechi sur un texte de Mustapha Lektafi pour le TR Mostaganem ; Leksta de Ahmed Medah pour la Coopérative El Fasl Athani de Sidi-Bel-Abbès ; et enfin, en soirée de clôture demain à 19h, la remise des prix du Festival, suivie d'une épopée musicale écrite par Leïla Benaïcha et Djamila Zeghaï et mise en scène par Tounès Aït Ali.