Alors que la prochaine �lection pr�sidentielle de 2009 se pr�sente comme une simple formalit�, nous sommes en pr�sence d�un faisceau de supputations qui, �clairant soudainement une sc�ne politique fig�e, veulent nous faire croire qu�il est possible de changer les choses lors de ce rendez-vous ! Eternels optimistes ou vulgaires manipulateurs, ceux qui nous embarquent dans de tels sc�narii visent � nous vendre leur candidat ou, pire, cr�dibiliser l��lection de M. Bouteflika et �viter qu�elle prenne l�allure d�un pl�biscite digne des pires dictatures du Tiers-Monde. Je crois que l�intelligence et la force de ceux qui ont con�u le plan de 2004 ne seront pas au rendez-vous cette fois-ci. Tout indique que ce coup de ma�tre ne sera pas r��dit�. Lors de la pr�c�dente �lection pr�sidentielle, M. Benflis repr�sentait la cible parfaite. Ce chef de parti avait la confiance de sa base. Il jouissait de la sympathie des d�mocrates et de certains partis outr�s par le comportement indigne de ses adversaires l�chage de chiens, bastonnades dans les permanences du FLN l�galistes, justice de la nuit). En outre, la mani�re dont il a �t� �ject� du si�ge de chef de gouvernement �tait jug�e abusive par de nombreux pans de l�opinion publique. Voil� un candidat id�al pour s�opposer au pr�sident sortant. Mais les choses tourn�rent au vinaigre d�s le d�but de la campagne �lectorale : alors que la presse ind�pendante jurait par tous les saints que ce sera lui le nouveau pr�sident, des conseillers douteux le pouss�rent dans la voie de l�outrance verbale. Son excitation, ses exc�s de langage, voire son �nervement tranchaient avec la tranquille assurance d�un Bouteflika au summum de sa force et qui encha�nait les meetings avec une aura �tonnante. C��tait avant sa maladie. Tout marchait tr�s bien dans le meilleur des mondes : personne ne pouvait douter de la sinc�rit� de M. Benflis et l��lection se pr�sentait comme un t�te-�-t�te in�dit entre le pr�sident sortant et son ancien chef de gouvernement. La grande manipulation pouvait enfin s�installer ; personne n�allait remettre en cause la cr�dibilit� de ces joutes de l�extr�me. Mais, pour celui qui savait observer la sc�ne, un fait s�imposait au grand jour : les principaux acteurs de la vie politique et sociale, les centres de d�cision n�vralgiques du pouvoir et de sa p�riph�rie, les associations et groupes de pression n�ont pas march� avec M. Benflis. Ils affichaient franchement leur pr�f�rence : le syst�me avait fait son choix en actionnant tous ses relais, petits et grands, centraux et locaux, pour porter l�estocade au plus jeune des candidats. Pour 2009, les choses ont totalement chang�. En huit ann�es de pouvoir, M. Bouteflika a litt�ralement transform� le champ politique, devenant le �leader respect� et bien-aim� contre lequel peu de responsables peuvent broncher. D�tenant un pouvoir immense que m�me certains souverains arabes n�ont pas, il vient de s�offrir un troisi�me mandat avant les �lections ! Le vote de 2009 est superflu, inutile. Aux yeux du syst�me, il n�a pas la m�me valeur qu�en 2004. A l��poque, les chancelleries croyaient sinc�rement que M. Benflis avait des chances de l�emporter, comme elles pensaient que le vote �tait propre et honn�te apr�s une campagne digne des plus grandes d�mocraties ! Aujourd�hui, les puissances occidentales, qui comptent leurs sous plus que jamais, ont tout int�r�t � garder l�homme qui leur garantit l�ouverture du march� alg�rien et les meilleures affaires qu�elles puissent faire en Afrique ! Cette vision est confort�e par le silence observ� dans les capitales occidentales suite au r�cent viol de la Constitution. L�acte primordial s�est donc jou� le 12 novembre : ce jour-l�, une poign�e de d�put�s mal �lus a poignard� dans le dos ce qui restait de notre d�mocratie. L�heure n�est pas aux r�ves impossibles : il ne se passera rien lors de la prochaine �lection et M. Bouteflika sera le grand vainqueur. Ceux qui se pr�senteront contre lui sont soit des li�vres consentants, soit d�incorrigibles id�alistes ! Ils ne r�colteront, au mieux, que quelques taux offensants qui permettront au pr�sident sortant de l�emporter par le plus haut des scores ! En fin de compte, si M. Z�roual venait � se pr�senter, il le regretterait le restant de sa vie. Par contre, il aurait pu dire ses v�rit�s avant la r�vision constitutionnelle. Maintenant, c�est trop tard. Les v�ritables opposants � l��lection de M. Bouteflika ont tout dit avant le 12 novembre. A ce titre, le vote historique du RCD restera comme un phare qui �clairera, pour longtemps encore, le chemin des d�mocrates alg�riens. Depuis, toute tentative de vouloir s�opposer au choix du syst�me par une participation aux �lections sentira n�cessairement la manipulation ! La vigilance est de mise. Il ne s�agit pas encore d�embarquer l�opinion publique dans de faux espoirs. Attendez-vous � en voir de toutes les couleurs dans les prochaines semaines. Ceci �tant, je sais que beaucoup vont nous taxer de d�faitistes ou de partisans de l�immobilisme. Nous leur r�torquons : qu�avez-vous fait pour que le choix du 12 novembre n�ait pas lieu ? Faire le constat de la faiblesse criante de l�opposition et relever l�absence de toute forme d�unification de la contestation politique ne signifie pas que nous refusons le changement ! Au contraire, nous sommes de ceux qui pensent qu�il interviendra n�cessairement, t�t ou tard. Mais, participer au jeu de l��lection est d�un niveau trop bas pour les ambitions que nous pr�tons au mouvement du changement d�mocratique. De m�me, nous ne croyons pas que les �meutes et autres jacqueries localis�es peuvent constituer une menace s�rieuse pour le pouvoir actuel qui semble tr�s bien ma�triser la situation et dont la force de frappe r�pressive vient d��tre renforc�e par des moyens colossaux. La prochaine r�volution ne peut �tre que pacifique et c�est pour cela qu�elle prendra du temps. Mais elle peut commencer avec un boycott massif des prochaines �lections, plus fort encore que celui des derni�res l�gislatives ! C�est avec l�argent que l�on a fait taire toutes les revendications. Les Alg�riens, si fiers d�habitude, sont devenus des mendiants. La main tendue, le regard tourn� vers le ciel, ils prient Dieu chaque jour de leur envoyer papa No�l ou, pour �tre plus pr�cis, docteur Justice Ould Abbas. Au lieu de leur offrir du travail, c'est-�-dire la dignit�, en investissant massivement l�argent du p�trole dans des m�gaprojets industriels qui donneront aux PMI et PME ces produits semi-finis que nous importons � prix d�or, au lieu de b�tir cette �conomie r�elle qui donnera du travail et de la prosp�rit� pour tous, nos responsables n�ont d�yeux que pour des investisseurs �trangers qui n�ont encore rien apport� de palpable et qui empochent des devises � en veux-tu en voil� ! Mais quand il n�y aura plus beaucoup d�argent, ces artifices ne tiendront plus. D�j�, l�on parle de l�inqui�tude de certains milieux du pouvoir devant la chute sans fin du prix du p�trole. L�histoire des peuples est faite de hauts et de bas : c�est dans les moments o� ils se trouvent au fond du pr�cipice et qu�ils n�ont plus rien � creuser pour descendre encore plus bas que ces peuples regardent alors immanquablement vers le haut, qu�ils commencent � croire qu�il est possible de remonter la pente. Le reste est une affaire de mobilisation citoyenne et de n�cessaire jonction avec les forces vives de la nation, les patriotes de tout bord qui ont sauv� le pays ainsi que les forces politiques saines. Quand elle r�ussira son union sacr�e, l�Alg�rie patriotique et d�mocratique vaincra ! Que reculent l�obscurantisme et le r�gionalisme, que soient limit�es � leur champ d�action initial les zaou�as, que l�Histoire cesse d��tre monopolis�e et soumise aux caprices des hommes, que la bataille pour la modernit� soit la m�re de toutes les batailles, que poussent mille fleurs dans les lyc�es et les universit�s, les usines et les champs ! Que le FFS et le RCD se retrouvent, que les mains se tendent vers les nationalistes sinc�res et les islamistes mod�r�s ! Que l�unit� d�action et la fin des �go�smes partisans soient les nouveaux mots d�ordre ! L�espoir repoussera alors comme un nouveau printemps dans le c�ur des Alg�riens qui recommenceront � croire dans le changement ! Oui, si l�Am�rique a pu penser que rien n��tait impossible, en s�offrant un homme providentiel, nous aussi, nous devons nous atteler � former cette grande pyramide humaine qui hissera � son sommet notre Obama national. Il ne sera pas au rendez-vous des joutes de 2009 et nous devons encore nous pr�parer � vivre des moments tristes et d�courageants, mais il surgira t�t ou tard� Au bout de nos r�sistances, il nous dira : �L�heure du changement est venue aussi pour les Aur�s et la Kabylie, pour le Hodna et l�Ouarsenis, pour le Hoggar et l�Atlas, pour le Zaccar et les monts de Tlemcen !� Je le vois, jeune, fier des sacrifices de ses a�n�s, debout comme l�Alg�rie r�v�e par les martyrs, offrant aux nouvelles g�n�rations ce qui leur fait cruellement d�faut : la confiance dans leur pays !