C�est sous haute protection polici�re que s�est d�roul�, jeudi 11 d�cembre, le proc�s des 38 syndicalistes et militants associatifs du bassin minier de Gafsa. Le moins qu�on puisse dire est que la justice tunisienne a eu la main lourde. Dix ans de prison pour sept d�entre eux dont le porte-parole du mouvement, Adnane Hajji, alors que Mohieddine Cherbib, coordinateur du comit� de soutien des habitants de Gafsa en France, militant d�mocrate connu et reconnu, a �t� condamn� par d�faut � deux ans de prison. Dix d�entre eux ont �cop� de six ans de prison dont un, Fahem Boukadous, correspondant de la cha�ne dissidente al-Hiwar �mettant depuis l�Italie, condamn� par d�faut � la m�me peine. Et except� cinq pr�venus ayant b�n�fici� d�un non lieu, le reste a �t� condamn� � des peines s��chelonnant de un � quatre ans et demi de prison. Pr�cisons que les accus�s ne sont pas des militants islamistes mais des militants d�mocrates et de gauche outr�s par la d�gradation sociale et l�absence de libert�s et qui ont envie de faire bouger les choses dans le bon sens, celui du progr�s social et de la d�mocratie. De quoi �taient-ils accus�s pour �tre si lourdement punis ? Ils ont �t� reconnus coupables �d�entente criminelle portant atteinte aux personnes et aux biens et r�bellion arm�e commise par dix personnes au cours de laquelle des voies de fait ont �t� exerc�es contre des fonctionnaires dans l�exercice de leurs fonctions�! Rien de moins! La v�rit� est tout autre. Il faut savoir que le bassin minier de phosphates de Gafsa est le th��tre d�une agitation sociale depuis f�vrier 2008. Ch�mage, chert� de la vie, corruption et n�potisme, atteinte aux libert�s �l�mentaires ont �t� les facteurs d�une exasp�ration sociale qui a fini par �clater et se traduire par de tr�s durs affrontements entre les mineurs, soutenus par leurs familles, et les forces de l�ordre tunisiennes dans la localit� de Redeyef. En d�pit de la r�pression � plusieurs centaines d�arrestations, notamment, parmi les jeunes dipl�m�s ch�meurs �, les �meutes ont dur� jusqu�en mars-avril 2008. Si la plupart des manifestants ont �t� lib�r�s ou condamn�s � de l�g�res peines de prison, les animateurs du mouvement social appartenant pour la plupart d�entre eux aux mouvements de la gauche radicale tunisienne, ont eu ainsi droit � un traitement de faveur, et ce, en d�pit d�une campagne de solidarit� syndicale internationale. Une s�v�rit� qui s�explique par la crainte d�une contagion de la contestation au reste du pays et qu�encourage de surcro�t le silence des capitales occidentales. De l�autre c�t� de la mer, en France, s�est ouvert devant la cour d�assises du Bas-Rhin le proc�s de Khaled Ben Sa�d, ancien vice-consul de Tunisie � Strasbourg, pour de pr�sum�s actes de torture commis cinq ans auparavant sur Zoulikha Gharbi dans un commissariat de Jendoubi (Tunisie). Le proc�s s'est d�roul� en l�absence de l�accus� rest� en Tunisie (1). Le fait est r�v�lateur d�une tendance g�n�rale au terme de laquelle des hommes qui ne sont pas justiciables dans leurs propres pays, en raison des fonctions qu�ils y occupent, le sont d�s lors qu�ils mettent un pied sur le sol d�un Etat de droit! La Tunisie officielle, bien s�r, fait comme si de rien n��tait. Elle n�a m�me pas pris la peine de protester. Au moins pour la forme. Sans doute le �statut de partenaire avanc� de l�Union europ�enne (UE) que va lui accorder la Commission europ�enne au titre de la �politique de bon voisinage� explique-t-elle son silence diplomatique. D�autant que la m�me UE, qui exige le d�part d�un Robert Mugabe au Zimbabwe, sait fermer les yeux (ou proteste mollement) sur les violations des droits humains et de la libert� d�expression en Tunisie et ailleurs au Maghreb! H. Z. (1) Reconnu coupable d'avoir ordonn� des actes de torture, Khaled Ben Sa�d a �t� condamn� lundi soir � huit ans de prison par d�faut.