La r�gion du Gourara,Timimoun pour les profanes, a toujours constitu� un p�le d'attraction qui se perp�tue � travers les ann�es. Connue surtout pour ses sites merveilleux et son paysage f�erique, cette partie de l�Alg�rie profonde rec�le bien d�autres tr�sors, h�las, trop souvent m�connus du grand public parce que, peut-�tre, mal exploit�s. Il s�agit du tapis z�n�te. En effet, sa fabrication n�cessite un apprentissage rigoureux, une exp�rience et une dext�rit� acquises au fil des ans. La laine, mat�riau principal, est soigneusement pr�lev�e soit directement du mouton par le recours � la tonte soit de la peau une fois l�animal d�pec�. Cette toison subit un lavage afin d�en �liminer poussi�re et autres salet�s. S�ch�e, la laine passe � l��tape suivante : le tirage o� l�outil utilis� est le mchet, une sorte de planche en bois munie � son extr�mit� d�une rang�e de gros clous. Ainsi, la laine est pass�e � travers ce peigne m�tallique qui retient les salet�s et permet de donner une certaine souplesse � la laine qui respire mieux. Seconde �tape, le cardage : de petites plaques rectangulaires en bois parsem�es de fines touches m�talliques. Ces outils ont une poign�e qui leur assure une certaine mobilit�. Ce passage permet d�obtenir des bouts de laine de forme longue et conique qui seront utilis�s ensuite pour �tre fil�s gr�ce � une quenouille meghzel. La laine ainsi travaill�e passe directement chez le teinturier qui lui donne toutes les couleurs. Pour cela, il utilise de grosses marmites on bassines remplies d�eau bouillante m�lang�e savamment � un produit naturel ou artificiel qui d�terminera la couleur souhait�e. Etendue sur des barres transversales, la laine parvient � s�cher. Elle est ensuite enroul�e pour �tre enfin utilis�e par des mains agiles et expertes qui ne tarderont pas � la transformer, gr�ce au m�tier � tisser, en tapis, oreillers� Le savoir-faire, l'aisance et la souplesse des tisserandes forcent l�admiration, car le r�sultat conf�re au tapis sa qualit� et sa valeur puisqu�il est export� vers certains pays europ�ens tels que la Suisse, la France� Ici, il se n�gocie entre 4 000 et 8 000 DA. Il est facilement reconnaissable gr�ce � ses couleurs rouge, blanche et noire qui pr�dominent. Le plus connu et le plus pris� est celui du ksar de Fatis qui porte son nom. Il existe d�autres mod�les : le makrout (losange), le tazahart qui sont typiques � la r�gion de Timimoun, le goundou blanc et nejma sont attribu�s � la r�gion de M�n�a � plus de 300 km de Timimoun. Durant le temps que dure le tissage, ces femmes s�accompagnent de chants qui retracent les m�lop�es d�antan. L�outil utilis� pour tisser les fils est el khalala, pi�ce m�tallique munie de lames, une douzaine environ, d�une dizaine de millim�tres de largeur et assembl�es � leur bout gr�ce � une poignet en bois. Les fils pass�s entre les trames permettent d�obtenir des motifs diff�rents nom du ksar o� il est fabriqu�. Il mesure 1,80 m de long sur 0,9 m de large. Cette renaissance du tapis z�n�te est un �l�ment incontournable de la culture alg�rienne. Cette r�gion, connue surtout pour ses richesses musicales, le gnawi et ahelil, qui connaissent un regain qui a largement d�pass� les fronti�res, m�rite une meilleure approche et plus d�int�r�t pour revaloriser le m�tier � tisser, qui demeure indubitablement un fabuleux tr�sor, qui marque l�identit� et le patrimoine de toute une r�gion qu�il faudrait sauvegarder. Multiplier des stages d�apprentissage, encourager les jeunes filles � se rapprocher des centres de formation sont le meilleur moyen de maintenir la vie de ce patrimoine � la fin si fragile et si merveilleux que des mains de femmes, habiles, aux doigts de f�es transforment en une chose qui vit, qui marque l�histoire de g�n�rations. Visiter cette vaste r�gion du Gourara nous invite �galement � d�couvrir le reste de la wilaya. Le Touat et le Tidikelt n�ont pas fini de nous �tonner. La ville de Timimoun est dot�e d�un a�roport, mais on peut aussi s�y rendre par route, les liaisons ne manquent pas et sont disponibles de jour comme de nuit. Alors, n�h�sitez pas, faites vos r�servations, car ici, l'enseignement que l�on tire, c�est que ces femmes prolongent l��uvre de leurs anc�tres en apportant un sens nouveau � leur culture.