Je m'imagine la t�te que doivent faire les dirigeants du Qatar, de Syrie, du Soudan, du Hamas et du Hezbollah en voyant les signes d'amiti� que se prodiguent l'Am�ricain Obama et le V�n�zu�lien Chavez. Pour le �Club de Doha�, qui r�unit toute la d�magogie et les vell�it�s arabes, du si�cle pr�c�dent et du si�cle pr�sent, Hugo Chavez, c'est l'ami providentiel. En janvier, avec l'aide du �Club de Doha� et de sa cha�ne attitr�e Al-Jazeera, Chavez a atteint des sommets de popularit� dans le monde arabe. `Du coup, des patriotes enflamm�s, dont les enfants ne deviendront jamais des kamikazes, se sont mis � r�ver d'une guerre totale. Une nouvelle r�volution qui r�ussirait beaucoup mieux que celle de Che Guevara. Elle aurait ses repaires secrets en Afghanistan et au Pakistan ; sa vitrine politico-diplomatique en Syrie, en Iran, au Liban et � Ghaza, sa filiale incertaine � Khartoum. Le fer de lance en serait Hugo Chavez, promu au rang de citoyen arabe m�ritoire et membre influent de la tr�s ouverte ligue de Amr Moussa. Il a d'ailleurs �t� question un moment du transfert pur et simple du si�ge de ladite ligue � Caracas. Vous vous rendez compte : le club des ramasseurs de douilles dans les lignes arri�re alli� au premier tribun anti-am�ricain du moment ? Un orateur qui enflamme la rue arabe, beaucoup mieux que ce Ben Laden � qui l'on doit une seule innovation : le port du braceletmontre au poignet droit. De quoi r�ver, comme d'habitude, en attendant que d'hypoth�tiques convois d'armes soudanais ram�nent les armes sophistiqu�es destin�es � d�truire Isra�l. Et voil� que l'ami latinoam�ricain qui incarnait les r�ves de reconqu�te et de revanche sur le grand satan am�ricain s'�puise en sourires et amabilit�s � l'�gard du successeur de Bush. Apr�s la d�fection des Fr�res musulmans syriens et �gyptiens, le refus des Emirats de prendre le chemin de Doha, c'est l'alli� v�n�zu�lien qui est pr�t � brader la cause irano-syrienne pour plaire � Obama. Les inconditionnels arabes de Chavez, que la guerre stimule et r�tribue, ont juste oubli� un d�tail concernant Chavez. Tout tribun d�magogue qu'il est, le V�n�zu�lien n'en a pas moins � c�ur de pr�server les int�r�ts de son pays, le Venezuela. Et ce pays-l� est vraiment loin, tr�s loin, g�ographiquement et �conomiquement, des fronti�res �troites qui enserrent le �Club de Doha�. Dans une semaine ou deux, Chavez reconna�tra, sans doute, qu'apr�s m�re r�flexion, le dictateur soudanais Omar Al-Bechir devrait se livrer au Tribunal p�nal international. Il perdra ainsi des amiti�s �ph�m�res et des alliances tactiques dont il n'a cure et qui peuvent se r�v�ler lourdes � porter. D'autant plus que les alliances arabes, tout autant que les ententes interarabes, ne sont plus tr�s s�res en ce moment. C'est sans doute pour cette raison que le Libyen Mohamed Al-Houni, un des chefs de file des lib�raux arabes, a jug� bon de d�baptiser la Ligue des Etats arabes et de l'appeler �Ligue des tribus arabes�. Pour lui, l'attitude des pays arabes dans l'affaire du pr�sident soudanais, leur solidarit� aveugle, n'ob�issent pas � un r�flexe d'Etat. Il s'agit d'un comportement tribal qui dicte aux membres l'imp�rieux devoir de se solidariser avec l'un des leurs, m�me si c'est un criminel. �Les Arabes, dit-il, ont donn� des noms modernes � des institutions anciennes. M�me lorsqu'ils se dotent de constitutions et de lois, elles ne sont jamais appliqu�es. Le chef de la tribu se comporte avec ses opposants comme dans la tradition tribale. Il les exile, met leurs t�tes � prix, comme dans la tribu. La seule diff�rence est dans l'acte d'accusation de la �tribu moderne� : les opposants sont des tra�tres ou des agents de l'ennemi. L'organisation tribale fond�e sur le butin est rest�e inchang�e. Avant, les tribus s'attaquaient les unes aux autres pour le butin. Aujourd'hui, le chef de la tribu arabe moderne cr�e des imp�ts et monopolise la rente pour la redistribuer � ses fid�les, � son entourage et aux gens charg�s de sa protection. Bref, nous vivons en plein syst�me tribal avec ses m�urs et ses comportements, ses valeurs et ses traditions�. �Il semble, note encore Mohamed Al-Houni, que la communaut� internationale qui d�sesp�re de coop�rer avec un Etat arabe moderne, se soit rabattue sur la "Ligue des tribus arabes". Ban Kimoon, plus haut repr�sentant de l'ONU, a ainsi assist� au sommet de Doha auquel prenait part Omar Al-Bechir, le recherch�. Il n'a pas boycott� la r�union du Conseil des tribus arabes condamnant la d�cision de la Cour p�nale internationale. Il ne s'est pas oppos� et n'a m�me pas tent� de n�gocier la d�cision de Omar Al-Bechir d'expulser les organisations humanitaires internationales. Ceci signifie tout simplement que le monde civilis� a capitul� devant les chefs des tribus sauvages.� Faut-il, par ailleurs, attribuer au tribalisme moderne et � sa ligue, le retour en vogue du �business� religieux comme l'appelle le chroniqueur �gyptien du magazine Elaph, Khaled Mountassar. Ce dernier pensait na�vement que l'�moi soulev� par des sujets, condamn�s par l'opinion, comme celui de �l'urine du Proph�te� en avait d�courag� plus d'un. Or, a-t-il constat� la semaine derni�re, des commer�ants en religion se sont de nouveau saisis de la question. Il y en a m�me qui se sont enhardis � solliciter le renfort de la science pour mieux faire passer leurs id�es. Khaled Mountassar rapporte ainsi l'exemple de cette �chercheuse� saoudienne, Fatten Khorchid, dont le quotidien kowe�tien Al-Nahar s'est fait l'�cho. Cette �douktoura � s'est �puis�e, selon elle, dans de longues recherches avant de trouver enfin le rem�de au cancer. Ce rem�de, Fatten, a enfin r�ussi � l'extraire de... l'urine de la chamelle. Il n'est pas �tonnant qu'une biologiste saoudienne se laisse aller � de telles affabulations. Les vertus de l'urine de chamelle sont devenues d'une affligeante r�alit� dans le monde arabe. �Le commerce de l'urine de chamelle s'est r�pandu dans toutes les villes d'Egypte et il poss�de ses propres �choppes, nous pr�cise Khaled Mountassar. Un flacon d'urine de chamelle, qui pourrait �tre l'urine du commer�ant lui m�me, est vendu � 70 LE�, ajoute-t-il. Auparavant, le chroniqueur �gyptien est rest� �bahi devant les affirmations d'un pr�dicateur de la cha�ne du Hamas, Al-Aqsa. Ce religieux, Mohamed Ezzine, a expliqu� � ses t�l�spectateurs que l'urine d'un nourrisson femelle �tait plus souill�e (plus polluante) que celle d'un nourrisson m�le !!! Mohamed Ezzine s'est r�f�r� � des Hadiths proph�tiques pour �tayer ses propos, et pour parer � toute �ventualit�, il a appel� la science � la rescousse. La science, en la circonstance, �c'est l'universit� de Baghdad, qui a trouv� du temps � consacrer � ce sujet, en d�pit de la situation du pays�, souligne Khaled Mountassar. Quant � la cha�ne Al-Aqsa qui diffuse ce genre d'inepties, on ne peut que compatir au sort des t�l�spectateurs palestiniens si le Hamas arrive au pouvoir et leur impose ce type de t�l�vision. A ce propos, je me souviens avec amertume de cette initiative de l'ENTV au d�but des ann�es quatre-vingt-dix. Comme il fallait relever d'un cran le moral du peuple qui �tait alors aussi bas qu'il l'est aujourd'hui. Alert�e par quelque informateur avis�, l�Unique envoya une �quipe au c�ur de la Mitidja pour filmer le premier a�ronef, fabriqu� par un alg�rien. Au JT, il apparut qu'il s'agissait d'une maquette, faite de pi�ces m�talliques grossi�rement soud�es, et qui ne volerait manifestement jamais. Je n'ai pas consult� le peuple, ce jour-l�, mais je sais que mon moral est rest� au sol avec cette maquette, sans jamais d�coller.