Al-Qa�da au Maghreb islamique (AQMI) vient d�engager un bras de fer avec l�Angleterre dont l�enjeu est la lib�ration de l�int�griste jordanopalestinien Abou Qatada, qui y est en d�tention depuis 2005. Dans un communiqu� dat� d�avant-hier, l�organisation terroriste a fait savoir qu�elle a lib�r� quatre des six otages occidentaux, dont deux diplomates onusiens d�origine canadienne et deux femmes touristes, ressortissantes d�Allemagne et de Suisse, en �change de quatre de ses terroristes qui �taient emprisonn�s, sans pr�ciser dans quel pays. Elle a, en outre, affirm� qu�elle d�tenait toujours deux otages enlev�s en janvier dernier au nord du Mali, un Suisse et un Anglais, et elle exige du pays de ce dernier de lib�rer Abu Qatada dans un d�lai de 20 jours sous peine d�ex�cuter son ressortissant. Les conditions de la lib�ration des quatre premiers otages sont rest�es dans la totale opacit�, et s�il se confirme qu�ils ont �t� effectivement lib�r�s contre des prisonniers appartenant � Al-Qa�da au Maghreb, cela signifie que c�est bien la premi�re fois qu�une organisation terroriste qui s�vit en Alg�rie a obtenu la satisfaction d�une exigence de ce genre. Depuis le d�tournement de l�Airbus fran�ais � Alger en d�cembre 1994 par le GIA, jusqu�� l�enl�vement des deux touristes autrichiens en f�vrier de l�an dernier en Tunisie, aucune revendication de lib�ration de prisonniers contre la vie sauve des otages n�a abouti. Ce pr�c�dent qui vient d��tre cr��, s�il est confirm�, risque fortement de constituer un tournant in�dit dans le parcours de l�ex-GSPC. Surtout que celui-ci semble se mouvoir avec une certaine aisance dans le nord du Mali dont il a fini par faire un repaire d�o� il peut s�imposer � n�importe quel pays ou institution internationale pour peu qu�il parvienne � capturer un ressortissant ou un membre. Et personne n�ignore qu�il ne s�agit pas plus, pour lui, que d�un jeu d�enfants d�en cibler autant qu�il le voudra dans le Sahel gr�ce � ses r�seaux propres mais �galement aux complicit�s qu�il ach�te. Il n�est pas � �carter que ce succ�s dans l��change des quatre premiers otages contre ses terroristes d�tenus (probablement au Mali ou en Mauritanie) lui a laiss� esp�rer qu�il a une chance de faire lib�rer Abou Qatada contre le sujet britannique, Edwen Dyer. Mais l�Angleterre, qui, durant la d�cennie �coul�e s�est d�lib�r�ment transform�e en La Mecque pour tout terroriste islamiste qui avait besoin d�un �den pour se reposer ou d�un Finsbury Park pour encourager � mettre � feu et sang l�Alg�rie, s�est radicalement transmut�e en un pays antiterroriste apr�s les attentats en Am�rique du 11 septembre 2001. Abou Qatada, qui �tait l�un des partisans les plus en vue des massacres en Alg�rie, a finalement �t� emprisonn� en 2002, non pas en raison de ses implications dans le terrorisme en Alg�rie mais du fait de ses liens avec Al- Qa�da, qu�il n�a jamais reconnue. Lib�r� une premi�re fois en 2005, il a �t� de nouveau arr�t� la m�me ann�e. Il est en attente de son expulsion (ou extradition) en Jordanie o� il a �t� condamn� � deux reprises par contumace, une condamnation approuv�e en f�vrier dernier et contre laquelle il a introduit un recours. Mohamed Issami ABOU QATADA EL-FALESTINI L�homme qui a pr�n� l�assassinat des femmes en Alg�rie Au d�but de l��t� 2001, un Alg�rien, connu comme l�un des chantres les plus en vue du salafisme non jihadiste, Abdelmalek Ramdhani, install� en Arabie saoudite, a fait para�tre un livre, publi� � Djedda, dont le seul titre r�sume le vrai visage d�Abou Qatada : �Sauver les gens de la sauvagerie d�Abou Qatada qui pr�che l�assassinat des femmes et des enfants�. Cet int�griste jordanien d�origine palestinienne de formation religieuse et qui a exerc� un certain temps la fonction d��aum�nier� dans son pays o� il a �t� militaire, a bascul� dans l�int�grisme au milieu des ann�es 1980 et a fait ses premiers pas dans une organisation consid�r�e plut�t comme pi�tiste avant de cr�er la sienne propre plus radicale mais qui a tourn� court. Apr�s une vadrouille dans certains pays orientaux et en Afghanistan, il s�est fix� au d�but des ann�es 1990 en Angleterre o� il a obtenu l�asile politique. Il n�a alors pas tard� � se mettre � la disposition du GIA qui commen�ait � faire parler de lui en Alg�rie. La plupart de ses pr�ches virulents en faveur du djihad datent de cette �poque ainsi que ses �crits, notamment dans le bulletin du GIA, El-Ansar. M�me s�il a �t� tr�s prolixe, il se distinguera particuli�rement par sa tristement c�l�bre fatwa pour l�assassinat des femmes et des enfants en Alg�rie qu�il a publi�e dans El-Ansar n� 90, dat� du 3 mars 1995, c'est-�-dire au moment o� le GIA venait de s�orienter dans sa ligne la plus radicale que conduisait Djamel Zitouni. C�est fort de cette fatwa que ce dernier va signer le mois suivant le communiqu� n�28 du GIA, dat� du 30 avril 1995, annon�ant que le GIA va �largir la sph�re des victoires contre les �pouses des apostats. M. I. L�ex-GSPC r�ussira-t-il � le faire lib�rer ? Abou Qatada a d�j� fait l�objet d�une tentative de lib�ration par un groupe arm� islamiste contre la vie d�un journaliste britannique de la BBC pris en otage par un groupe � Ghaza (Palestine) en mars 2006, Alan Johnston. Le d�nouement de cette affaire pourrait �clairer sur ce qui pourrait se passer avec l�ex-GSPC. Le groupe palestinien, en fait un groupuscule qui s�est donn� comme nom �Jeich el-islam� (Arm�e de l�islam), voulait se mettre en concurrence avec le Hamas dans la bande de Ghaza. L�enl�vement du journaliste a �t� suivi d�une revendication de l��changer contre Abou Qatada. Celui-ci, contact� dans sa d�tention, � la fois par son avocate, la BBC et le minist�re des Affaires �trang�res, surtout pour obtenir de lui un �appel humanitaire� en direction des ravisseurs pour lib�rer leur otage, a oppos� un niet cat�gorique. Pour lui, comme il l�a soulign� dans une discussion avec un co-d�tenu (reprise sous forme d�interview par certains sites Internet), s�il lan�ait cet appel, Jeich elislam allait comprendre qu�il a �t� forc� de le faire et n�en tiendrait pas compte ou alors il estimerait qu�il a �t� trahi par celui qu�il voulait lib�rer et ne reviendrait pas en arri�re par rapport au sort de l�otage. Il s�est alors d�clar� pr�t � appeler � la lib�ration du journaliste otage mais il voulait quelque chose d�autre en contre-partie : la r�cup�ration par l�Angleterre de certains d�tenus de Guantanamo dont il a fait une liste, son abstention d�en extrader certains autres. Ce qui a �t� refus�. En ultime recours, le d�lai laiss� par les ravisseurs venant � expiration, l�avocate d�Abou Qatada a sugg�r� qu�il soit lib�r� sous caution, ce qui permettrait de gagner. Mais la proposition est rejet�e par la justice. Alors que les tractations continuaient, la solution est arriv�e finalement par une tout autre voie. Le Hammas, en qu�te de respectabilit�, et tenant � asseoir son autorit� � Ghaza, a op�r� une descente arm�e contre le lieu de s�questration du journaliste et l�a lib�r� au bout de son cent quatorzi�me jour de d�tention. Et Abou Qatada a continu� � rester dans l�ombre d�o� cherche � le sortir aujourd�hui l�ex-GSPC.