Le 25 avril, Salah Hamouri, qui purge une peine de sept ans de prison en Isra�l, a eu 24 ans. Salah est de m�re fran�aise et de p�re palestinien, c'est ce qu'on appelle un Franco-Palestinien. Qui est-il d'abord, pourquoi a-t-il �t� condamn� et pourquoi lui consacrer cette chronique ? Les faits. Le 17 avril 2008, un tribunal militaire isra�lien si�geant dans la colonie d'Ofer en Cisjordanie occup�e a condamn� le jeune Salah � sept ans de prison pour tentative d'assassinat sur le rabbin d'extr�me droite, Yossef Obadia, chef du parti religieux Shass qui, soit dit en passant, avait publiquement d�clar� que les �Arabes �taient des cafards qu'il fallait exterminer� ! Pour �tre pass� devant le domicile de cet extr�miste religieux en voiture accompagn� d'un ami, Salah Hamouri a �t� accus� d'avoir �l'intention� d'assassiner Yossef Obadia et d'�tre membre du Front populaire de lib�ration de la Palestine (FPLP). Rien de moins. Certes, le jeune Franco-Palestinien a ni� les faits qui lui sont reproch�s. Mais, pour ne pas encourir une peine de 14 ans de prison, il a choisi de plaider �coupable�. Son avocate isra�lienne, Lea Tsemel, cit�e par Le Monde, et qui a d�fendu des centaines de Palestiniens, explique: �Ils ont roul� au ralenti, vu une cam�ra, fait demi-tour et n'en ont plus parl� apr�s. Les enqu�teurs n'ont trouv� aucune arme et aucun �l�ment susceptible de prouver qu'ils �taient d�cid�s � passer � l'acte. Il s'agit d'un acte stupide, une bravade, rien de plus.� Pas de quoi en faire une montagne ? Sans doute. Dans un pays normal, mais pas en Isra�l o� un Palestinien est consid�r� comme un suspect en puissance ! Salah Hamouri a donc �t� condamn� pour l'exemple. Depuis sa condamnation, il est all� grossir les rangs des 11 000 Palestiniens d�tenus en Isra�l dont 333 ont moins de dix-huit ans ! La m�re du jeune Franco-Palestinien, Denise Hamouri, a r�agi comme toutes les m�res l'auraient fait : elle a interpell� les plus hautes autorit�s fran�aises afin qu'elles agissent aupr�s d'Isra�l. Ces derni�res, si promptes � r�agir quand il s'agit de ressortissants fran�ais d�tenus � l'�tranger, ont fait montre de profil bas dans le cas de Salah Hamouri. Et c'est le moins qu'on puisse dire. En effet, comment expliquer le z�le mis par la pr�sidence de la R�publique fran�aise pour obtenir la lib�ration du soldat franco-isra�lien, Gilad Shalit, fait prisonnier par le Hamas en 2006, � la suite d'un accrochage avec les forces isra�liennes, celle d'Ingrid Betancourt en Colombie ou tout r�cemment celle de cette jeune Fran�aise d�tenue au Mexique, et qu'elle n'a rien entrepris en ce qui concerne Salah Hamouri ? Comment expliquer que la Mairie de Paris ait fait Gilad Shalit captur� en zone de guerre �citoyen d'honneur de la ville�, que son portrait soit accroch� sur les �difices publics, alors qu'elle ignore le cas de Salah Hamouri ? Dans cette affaire, la France a fait montre de deux poids deux mesures. Bien que Fran�ais, Salah Hamouri est sans doute consid�r� comme un citoyen de seconde zone. �Je peux comprendre l'�motion de M. Sarkozy face � la situation de Gilad Shalit puisqu'il s'int�resse � tous les Fran�ais o� qu'ils soient. Mais apparemment cela ne concerne ni la Palestine ni les Franco-Palestiniens�, �crivait Denise Hamouri, la m�re de Salah, dans les colonnes de L'Humanit�. Ajoutant que son fils �a �t� condamn� par un tribunal militaire install� en Cisjordanie � sept ans de prison, alors qu'il n'a rien fait d'autre que de r�sister pacifiquement � l'occupation. Or, r�sister � une occupation �trang�re est un droit imprescriptible� ! Aux yeux du gouvernement fran�ais (mais aussi de ses alli�s occidentaux), c'est bien l� le tort de Salah Hamouri et de tous ces Palestiniens emprisonn�s en Isra�l.