A moins d'une prompte réaction des autorités locales pour mettre fin à la rupture prolongée de la distribution de l'eau potable dans les différentes et nombreuses communes de la wilaya de Annaba, les risques sont grands de voir éclater la colère des habitants. Notamment ceux de Annaba et El-Bouni dont les robinets sont à sec depuis plusieurs jours. Certains comme ceux de Sidi-Aïssa, Oued-Forcha, Belvédère sur les hauteurs de la commune chef-lieu de wilaya ou en ce qui concerne les différentes localités de la commune d'El-Bouni à l'exemple de Chabia, cité du 1er-Mai, Oued-Nil, Boukhadra, n'ont pas eu d'eau potable depuis pratiquement les premiers jours du mois d'août courant. Un énième communiqué laconique (que la population ne prend plus au sérieux) faisant état de la rupture des deux principales canalisations alimentant ces deux communes a été adressé à la radio locale jeudi dernier. C'est-à-dire plusieurs jours après la survenue de l'incident. Si elle était prévisible de par l'absence de maîtrise dans la gestion de la direction de l'unité Algérienne des eaux (ADE) Annaba, la distribution du précieux liquide n'a pas été sérieusement suivie. Il semble que les préoccupations de certains cadres étaient beaucoup plus orientées dans la satisfaction des besoins des promoteurs immobiliers. Déjà latente depuis une vingtaine de jours, la colère des populations s'est accentuée avec la totale désorganisation de la distribution de l'eau potable partout sur le territoire de la wilaya. Et c'est ce qui se manifesta par la sortie dans la rue des habitants de la cité 900 logements et de celle de Bellevue d'El-Bouni ce dernier week end pour exprimer leur ras-le-bol, en perturbant la circulation routière. Ils n'avaient pas vu la moindre goutte d'eau couler dans leurs robinets depuis une dizaine de jours. Les quartiers et cités populaires sont les plus touchés par les ruptures prolongées de l'alimentation. La situation est devenue pratiquement ingérable avec l'éclatement des deux principales conduites d'adduction de diamètres 1150 et 930. L'incident est survenu pour, affirment plusieurs anciens cadres de l'hydraulique contactés, absence totale de maîtrise des travaux. Les derniers changements opérés à la tête des départements dont celui de l'exploitation en seraient la cause. En effet, faute d'encadrement compétent pour les diriger, les ouvriers livrés à eux-mêmes ont activé selon leur savoir. C'était ce dernier lundi date de début des travaux engagés dans la perspective d'une probable visite de travail du ministre des Ressources en eau dans la wilaya de Annaba, selon des indiscrétions. Il faut dire que cette visite est attendue par la population de la wilaya de Annaba. Y compris par les autorités locales. Celles-ci ont été informées du scandale des travaux de raccordement sur la conduite principale d'eau potable et en toute priorité d'une promotion immobilière propriété d'un opérateur privé. Il reste que ce promoteur ne serait pas le seul à bénéficier d'abattements conséquents sur le montant réel de la consommation de l'eau potable. Des transformateurs alimentaires dans la zone du Marché d'intérêt national (MIN), des cliniques privées, stations de lavage et autres activités socioéconomiques grandes utilisatrices d'eau en auraient bénéficié également. C'est dire qu'à l'ADE Annaba, la mauvaise gestion est synonyme de grave préjudice vis-à-vis du Trésor public mais également des citoyens. Si elle arrange les vendeurs de citernes d'eau potable (une citerne de 3 000 l pour 2 000 DA), la rupture de la distribution de l'eau potable dans les localités, agglomérations, cités et quartiers des communes de Annaba et El-Bouni, cette situation ne fera qu'exacerber encore le mécontentement de la population. Particulièrement si la situation n'est pas améliorée, avec la persistance de la rupture de distribution du précieux liquide. Satisfaire la population ou le complexe El-Hadjar ? «L'alimentation simultanée en eau potable de la population de la wilaya de Annaba et celle du complexe n'est plus possible. Le niveau du barrage qui répondait aux besoins de l'une et de l'autre a drastiquement diminué. Aujourd'hui s'impose pour nous de faire un choix. Il va de soi que nous devons prioriser les besoins des 650 000 habitants de la wilaya.» La déclaration est du wali de Annaba, Mohamed Salamani. C'est dans le même sens que le directeur des ressources en eau a abondé pour tenter d'expliquer ce qui représente pour lui un véritable dilemme. Le chef de l'exécutif de la wilaya de Annaba s'était exprimé lors de la visite de travail effectuée sur le chantier portant matérialisation du projet d'alimentation en eau potable de la ville côtière de Chétaïbi. Celle-ci, qui souffre d'un manque criant de cette ressource vitale, sera désormais alimentée via la station de pompage d'El-Azla, une localité enclavée de la commune de Treat. C'est à ce niveau qu'il s'attardera à rendre hommage à une ancienne moudjahida. La démarche entre dans le cadre de la commémoration de la Journée nationale du 20 Août. Avant de reprendre la route sur Annaba, le wali a procédé à la mise en service d'une station d'alimentation en gaz naturel dans cette même localité.