La promotion faite pour le gala de Zedek Mouloud le lundi 15 dans l�apr�s-midi, � travers une conf�rence de presse le samedi 13 juin, a tr�s bien fonctionn� ; le chanteur qui a fait salle comble a �t� accueilli avec enthousiasme par ses fans, tr�s heureux de le retrouver � la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou apr�s 5 ann�es d�absence. Avait-il besoin d�une promotion pour r�ussir avec �clat sa prestation dans cette prestigieuse et unique salle de spectacles du chef-lieu de wilaya en attendant la r�ouverture du th��tre r�gional Kateb-Yacine ? Peut-�tre oui en raison du temps s�parant ce gala de son dernier concert datant de 2004 ; s�rement non si l�on tient compte de sa r�putation d�auteur de chansons � texte pris�es par un public aussi large qu�exigeant sur le fond et la forme. Zedek Mouloud, modestement v�tu d�un pantalon noir et d�une chemise rouge, accompagn� par une dizaine d�artistes, affichant une grande aisance et une rare sobri�t� sur sc�ne, s�est donn� � fond deux heures et demie durant, sans interruption, pour satisfaire son public en interpr�tant une vingtaine de chansons de son riche r�pertoire, provoquant de chaleureux applaudissements et des youyous au sein de l�assistance. Appuyant certaines images sentimentales d�une grande sobri�t�, certaines paraboles � caract�re socioculturel ou sociopolitique, certaines expressions et phrases ambivalentes, les spectateurs ont donn� libre cours � leurs sentiments de joie. La po�sie de Zedek Mouloud chatouille, en effet, le c�ur et la sensibilit� de ceux qui l��coutent dans certaines dispositions physiques et psychologiques, elle interpelle les consciences sur les choses de la vie sociale et dessine une d�marche philosophique o� tout ce qui est nouveau garde un lien solide et f�cond avec l�ancien. Il n�a pas oubli� � comment l�aurait -il pu ? � son ami intime et confr�re Matoub Loun�s, Tahar Djaout, dont il a tout l�air de partager la philosophie, stigmatisant le terrorisme sanguinaire qui �gorge les enfants, d�truit tout sur son passage, n��pargnant ni les artistes, ni les intellectuels, ni le patrimoine mat�riel et immat�riel rev�tant, pour ce faire, les oripeaux de l�Islam. En hommage aux deux figures embl�matiques de la culture, il a r�alis� une chanson intitul�e �Si tu parles tu meurs si tu te tais tu meurs ��, int�grant dans le patrimoine musical la tr�s c�l�bre sentence de Tahar Djaout et toute une trop longue p�riode tragique de notre r�cente et douloureuse histoire nationale. Ce glissement de l�art � la politique � travers la chanson est fait de mani�re judicieuse et subtile ; il souligne le lien dialectique qui existe entre l�artiste et la soci�t�. Si l�artiste et l�intellectuel peuvent pr�voir et sentir les choses venir, ils ne peuvent rester aveugles et sourds vis-�- vis du v�cu de leurs concitoyens. Dans ce domaine, Zedek Mouloud se situe dans la lign�e de Slimane Azem, Cheikh El-Hasnaoui, Allaoua Zerrouki, Matoub, Idir, A�t Menguellet� ceux, autrement dit, qui ont traduit le mieux les pulsations de la soci�t� kabyle de leur temps.