Que l'on soit goual d'Alg�rie, hala�ki nord-africain ou griot subsaharien, l'art de la halqa (narration), qu'animent ces d�positaires attitr�s de la tradition orale, est consid�r� par les initi�s comme un patrimoine commun � tous les peuples d'Afrique. I l s'agit d'un �moyen d'expression o� l'homme africain communique ses sentiments, ses pr�occupations, ses espoirs�, a expliqu� un anthropologue d'Oran pour qui la halqa est �un art populaire traditionnel remontant � la pr�histoire en Afrique et est bas� sur le conte et la narration orale�. Le jour du march� hebdomadaire, un attroupement de petites gens se forme en cercle au centre duquel le goual, ou le �magicien po�te� selon l'expression du dramaturge Bouziane Ben Achour, raconte un conte ou r�cite un long po�me �pique, par lesquels le mythe et le r�el, le drame et le rire, la fable et la trame sociale titillent l'imaginaire populaire toujours en attente d'une morale de l'histoire, d'un beit el qassid. Ce manifeste soci�tal est commun � tous les pays africains, v�hicul� par des milliers de dialectes. Pour le dramaturge oranais Azri, la halqaest �un mode d'expression en Afrique depuis des temps imm�moriaux, et puise sa force dans le patrimoine populaire� immat�riel. Dans de nombreux pays africains o� les griots sont ici et l� appel�s dj�li, gu�wel, gawlo, la halqa structure aussi �les danses, les chants, la musique pour habiller l'ambiance de couleurs festives�, a pr�cis� un chercheur dans le domaine de l'art de la halqa � l'universit� Es-Senia d'Oran. La halqa, consid�r�e comme un espace ouvert dans lequel se rencontrent les gens, s'est transform�e en un espace ferm� apr�s l'emploi de ses techniques dans le th��tre. �Elle est devenue une forme de th��tre�, dont les pr�curseurs en Afrique du Nord sont, notamment en Alg�rie, Kaki (Mostaganem) ou Abdelkader Alloula, Tayeb Seddiki ou encore Abdelkrim Berrachid au Maroc. L'exp�rience de la halqaen Alg�rie a d�bouch� sur plusieurs �uvres th��trales qui sont le r�sultat de recherches, telles que les pi�ces El garrab oua salihine, la trilogie Goual, Alajawad et Litham, pour lesquelles les auteurs ont compos� des drames en mixant la forme primaire de la halqa, qui se distingue par la pr�sence d'un meddah bas� sur le conte, � une trame �v�nementielle �labor�e avec les techniques th��trales modernes, a expliqu� l'acteur et com�dien Belka�d Abdelkader. De nombreux autres hommes de th��tre africains ont excell� dans l'art de la halqa, a estim� l'�crivain dramaturge Bouziane Benachour qui a suivi certaines repr�sentations pr�sent�es dans le cadre du Festival de la culture africaine, le Panaf 2009. Un des conteurs africains participant au festival international de la narration, organis�e par l'association Le jeune lecteur d'Oran en 2008, a soulign� que �le conte africain, riche par ses id�es et son imagination, est la base de la halqa qui, du fait de son aspect patrimonial, a �t� une source d'inspiration pour les hommes du quatri�me art�. Dans certains pays africains, la transmission du savoir-faire du griot s'op�re selon les lign�es familiales. Selon des anthropologues, ��tre griot, c'est appartenir � la caste des dj�lis, caste qui peut �tre identifi�e par les noms de famille : Kouyat�, Diabat�, Dram�, Niakat�, Soumano�. Mais �de nos jours, du fait de l'exode rural, de l'�migration et de la mondialisation, nombreux sont les enfants de griots qui ignorent tout des pratiques artistiques et des connaissances de leurs anc�tres�. L'art de la halqan�cessite plus d'int�r�t et d'�tudes pour un large diagnostic, car c'est un pan de �la m�moire des peuples du continent �, a estim� un des artistes au Panaf qui consid�re que �le retour � ce genre artistique est en r�alit� un retour aux racines africaines �.