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A FONDS PERDUS
Nietzsche l�Alg�rien (3e et fin) Par Ammar Belhimer [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 28 - 07 - 2009

Anticipant sur la fin du roman dont il est question ici (*), un lecteur de Mostaganem, nous �crit cette semaine : �Votre article rappelle, si j�en ai bien saisi le sens, � combien est difficile, non de vivre dans la n�gation, mais de la vivre du dedans. Refuser l�antinomie du bien et du mal par Nietzsche a �t�, je le pense, le d�but d�une �re nouvelle, celle qui germait d�j� dans la pens�e de Schopenhauer. Ce fut le d�but d�un d�clin irr�versible, celui des arri�re-mondes et d�une civilisation qui a abouti � un avilissement cruel de l�individu, celui-ci pris dans un labyrinthe �tourdissant et jet� � la merci d�un d�luge id�ologique taill� � sa mesure. Tout pour que non seulement il n�emprunte point les sentiers de la qu�te noble de la v�rit�, mais tout juste et encore plus terriblement pour qu�il n�y songe m�me pas.�
Bien vu ! En effet, il ne s'agit plus d�sormais de savoir si tel philosophe dit vrai ou non, mais de d�terminer ce qui chez lui �veut�, �d�sire� la v�rit�. Si Nietzsche n'a de cesse de d�noncer le �manque de probit� et de courage, le manque de philologie, la mauvaise foi des philosophes, etc., c'est que ceux-ci dissimulent habilement le complexe d'affects, de sentiments et de pulsions qui s'exprime � travers leur pr�tendu d�sir de v�rit�. Ainsi d�masqu�s, les philosophes apparaissent le plus souvent comme des ��tres r�actifs�, des �contempteurs du r�el�, qui retournent la pens�e contre la vie : �L'histoire de la philosophie est une rage secr�te contre les conditions premi�res de la vie, contre les sentiments de valeur de la vie, contre le parti pris en faveur de la vie. Les philosophes n'ont jamais h�sit� � approuver un monde, � condition qu'il contraste avec ce monde-ci, qu'il fournisse un moyen commode de dire du mal de ce monde-ci. Ce fut jusqu'ici la grande �cole de la calomnie.� Qu�te de v�rit�, mais esp�rance aussi, m�me si �elle est le pire des maux parce qu�il prolonge le tourment�. A ce sujet, dans Humain, trop humain, Nietzsche reprend l�image de la bo�te de Pandore qui, une fois ouverte, sema sur le monde les maux que Zeus avait plac�s. Il restait un dernier mal inconnu de tous : l�esp�rance. Pour Nietzsche, �depuis lors, l�homme a toujours, et � tort, consid�r� cette bo�te et les espoirs qu�elle contenait comme un tr�sor. Mais c��tait oublier la volont� de Zeus : que l�homme ne cesse jamais d��tre tourment�. Faute d�esp�rance, Nietzsche se concentre sur le d�sespoir : �Le d�sespoir est, � mes yeux, la ran�on de la lucidit�. Regardez la vie droit dans les yeux, vous n�y verrez que d�sespoir�. En cons�quence logique, le soulagement est dans la mort : �J�ai toujours consid�r� que le privil�ge des morts est de ne plus mourir !� Aussi : �Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort.� Face � la mort, l�important est de savoir tirer sa r�v�rence : �Je n�apprends pas aux �tres � �supporter� la mort, ou � �s�accommoder� d�elle. Ce serait leur apprendre � trahir la vie. Ecoutez le conseil que je vous donne : mourez au bon moment.� Mon grand-p�re aimait se r�clamer de ses racines maraboutiques en me disant : �Un homme b�ni de Dieu doit conna�tre le jour de sa mort.� Revenons � Nietzsche pour savoir quel est le bon moment pour mourir. �L�horreur de la mort dispara�t d�s lors que l�on meurt en ayant v�cu jusqu�au bout ! Si vous ne vivez pas au bon moment, alors vous ne mourrez jamais au bon moment non plus.� �Pourquoi tous les grands philosophes sont-ils sombres ? Demandez-vous qui sont les gens satisfaits, rassur�s et �ternellement joyeux ! Laissez-moi vous donner la r�ponse : ce sont ceux qui ont une mauvaise vue � la populace et les enfants !� Pour autant, peut-on conclure que Nietzsche est le philosophe du nihilisme ? Certes, il se croit investi d�une mission : celle de d�montrer �que notre incr�dulit� peut engendrer un code de conduite pour l�Homme, une nouvelle morale, de nouvelles Lumi�res, qui remplaceraient les superstitions et le d�sir de surnaturel. � �Je sais maintenant ce que signifie prendre les r�nes de son destin. C�est � la fois terrible et merveilleux. � On doit enfin r�cuser l�accusation de nihilisme � la lecture de ce propos : �Un �tre profond a besoin d�amis. Quand tout s��croule autour de lui, il lui reste encore ses dieux. Or je n�ai ni dieux ni amis. J�ai des d�sirs et ce que je d�sire le plus, c�est l�amiti� parfaite, l�amiti� inter pares, entre �gaux. Quels mots emb�tants : inter pares� charg�s de tant d�espoir, de r�confort pour un homme comme moi, un homme qui toujours fut seul.� Cette �galit� commande que �si ton ami est malade, offre asile � sa souffrance, mais sois pour lui une couche dure, un lit de camp�. Ce qui fait obstacle � cela, c�est la volont� de puissance. Dans la lign�e de la tradition m�taphysique allemande, qui a fait des notions de force et de volont� l'essence m�me du r�el, Nietzsche soutient que le fond ultime de la r�alit� est volont� de puissance, au sens fran�ais de �vouloir en vue de la puissance �. Elle appara�t qu'� avec Zarathoustra (1884), notamment lorsque ce dernier s'entend chuchoter que le �secret de la vie est volont� de puissance �. La doctrine du surhomme serait �venue � lui� lors d�une illumination le 26 ao�t 1881. On ne saurait minimiser l'originalit� de cette doctrine en y voyant la reprise d'un th�me classique chez les Anciens, et ce d'autant plus qu'il ne se trouve �ni en Gr�ce, ni en Orient, si ce n'est d'une mani�re parcellaire et incertaine, [et] dans un tout autre sens�. Elle appara�t, pour la premi�re fois nettement exprim�e, dans les textes publi�s, au paragraphe 341 du Gai savoir intitul� �Le poids le plus lourd�, et sous la forme de la parole d'une sorte de �d�mon int�rieur� : �Cette vie, telle que tu la vis maintenant et que tu l'as v�cue, il te faudra la vivre encore une fois et d'innombrables fois.� Cette id�e du �cycle absolu et ind�finiment r�p�t� de toutes choses� est d'abord une pens�e d�sesp�rante, pourtant elle doit transformer celui qui vit �sous son empire� en quelqu'un qui t�moigne d'autant plus �de bienveillance [envers lui-m�me] et envers la vie� qu'il sait que, quoi qu'il veuille ou fasse, il lui faudra le vouloir ou le faire de telle mani�re qu'il puisse en d�sirer le retour �ternel. Sorte d'imp�ratif cat�gorique de la morale nietzsch�enne, il n'invite pas � sortir du temps mais � donner � la vie de chacun, et � son pr�sent propre, toute son intensit�, toute sa richesse et toute sa pl�nitude. L� est le point culminant de tout vouloir : �Imprimer au devenir la marque de l'�tre, telle est la plus haute volont� de puissance. � Pour Nietzsche, c'est la loi m�me de la vie (et au-del� m�me de la vie, de la r�alit� inorganique) de toujours tendre � s'intensifier et � se d�velopper. Alternative douloureuse, voire tragique pour tout vivant : cro�tre, se d�passer, ou bien, d�cliner et p�rir. Un r�ve de libert� habite l�homme depuis qu�il est sur terre, de g�n�ration en g�n�ration. Cet espoir fou le pousse � r�sister � toute forme de domination. Une volont� d'�mancipation qui a mobilis� des esclaves comme des serfs, masses exploit�es comme les femmes domin�es, les minorit�s opprim�es comme peuples colonis�s. A chaque p�riode, il s'est trouv� des intellectuels pour accompagner ces luttes et leur offrir un fondement philosophique. Cette �laboration a converg� au XVIIIe si�cle pour donner les Lumi�res, dont l'h�ritage marie raison et libert�. Chez Nietzsche, la volont� de puissance peut se manifester concr�tement aussi bien comme une force organisatrice et ordonnatrice ou destructrice, et se d�ployer tant dans l'acte sexuel que dans l'affirmation du sentiment aristocratique et dans la cr�ation artistique ou dans la pens�e philosophique ou religieuse.
A. B.
(*) Irvin Yalom, Et Nietzsche a pleur�, Galaade Editions (pour la traduction fran�aise), Paris 2007.


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