La Banque de d�veloppement local (BDL) de Oued-Kniss, sp�cialis�e dans le pr�t sur gage, conna�t ces derniers jours une grande affluence de gens venant hypoth�quer leurs bijoux contre des sommes d�risoires, afin de pouvoir faire face � un Ramadan qui s�annonce d�ores et d�j� difficile voire p�nalisant. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - C�est devenu presque une coutume. Devant la flamb�e des prix et la baisse du pouvoir d�achat, chaque ann�e � l�approche du mois de Ramadhan, les Alg�riens sont de plus en plus nombreux � recourir au pr�t sur gage. La chert� de la vie, la pauvret� et la mis�re poussent dans la plupart des cas les petites bourses � hypoth�quer leur bijoux pour survivre en ces temps peu cl�ments. C�est ce qui est d�ailleurs constat� au niveau de l�agence BDL de Oued Kniss, o� selon un agent de service qui a pr�f�r� garder l�anonymat, le nombre d�hypoth�caires a pratiquement doubl� en l�espace de quelques jours. Cette banque sp�cialis�e dans le pr�t sur gage, qui accueillait habituellement environ 80 personnes par jour, re�oit en ces temps difficiles entre 160 et 200 personnes. �Ce n�est pas nouveau. C�est le m�me sc�nario qui se produit chaque ann�e. Le mois de Ramadan fait peur aux petites bourses�, nous expliqua-t-il. En effet, des femmes accompagn�es de leurs enfants, des jeunes gens, ainsi que de vielles femmes, tous l�air d�boussol�, arrivent en masse d�s les premi�res heures de la journ�e. Une femme, au moment de sortir de la banque, nous dira, apr�s quelque r�ticence : �J�ai �t� oblig�e d�hypoth�quer les deux derni�res bagues que j�ai h�rit� de ma m�re. Il faut bien manger. La viande est � 950 DA/kg !� Une autre dame, accompagn�e de sa petite fille, semblant h�sitante, nous dira, avant de franchir la porte de la banque : �Je n�aurais jamais pu imaginer qu�un jour je serrais oblig�e d�hypoth�quer ces quelques bijoux, qui sont le seul souvenir que j�ai de ma m�re�. Toutefois, mis � part la somme d�risoire contre laquelle les gens gagent leurs bijoux, � savoir 500 DA le gramme, il est � signaler que peu sont ceux qui les r�cup�rent apr�s les avoir hypoth�qu�s. Car le taux d�int�r�t appliqu� est de 8 %. Ce qui donne 800 DA d�int�r�t pour 10 000 DA. De l�autre c�t�, � quelques encablures de la banque, plus pr�cis�ment au niveau du jardin public de Oued Kniss, c�est le grand march� informel de l�or cass�. Malgr� le grand nombre de gens venus vendre leurs bijoux, le prix du gramme n�a pas boug� d�un iota. Au contraire, les prix ont grimp� jusqu�� 1 750 � 1 800 DA. Cet espace public qui s�est transform� par la force des choses et surtout l�insouciance des autorit�s comp�tentes en un lieu de rendez-vous pour �Delalates� est depuis quelques jours fr�quent� par toutes les cat�gories de la soci�t�. �Je ne suis ni une Delala, ni j�ai l�habitude de vendre mes bijoux. Mais que voulais-vous que je fasse ? Avec la baisse du pouvoir d�achat, l�approche du mois de Ramadan et le salaire minable que touche mon mari, je suis contrainte de vendre ces quelques grammes d�or pour subvenir aux besoins de ma petite famille�, nous dira une femme l�air totalement abattue. Selon cette derni�re, presque plus personne ne vient acheter de l�or. C�est tout le monde qui vend. �Cela fait trois jours que je suis l�, du matin au soir, et je n�est vendu aucun gramme. En ces temps de crise, c�est tout le monde qui a besoin d�argent�, ajouta-t-elle. Ainsi, il est vraiment d�solant de constater que dans un pays riche comme l�Alg�rie, des familles recourent au bradage de leurs bijoux pour faire face � la chert� de la vie. Lorsqu�on sait qu�� d�faut de bijoux il y en a qui sont pr�ts � c�der m�me leurs meubles, il y a de quoi prendre une barque et s�enfuir � jamais.