Ils hypothèquent leurs bijoux pour subvenir à leurs besoins. Qui a dit que les banques ne prêtaient qu'aux riches ? En tout cas, sur le terrain de la réalité en ce mois sacré de ramadan, nous avons constaté qu'il n'y a pas que les riches qui fréquentent les banques, non pour des opérations classiques de retrait de salaires, mais nous parlons plutôt de crédits et d'hypothèques, bien sûr. Une virée aux guichets de la BDL de Oued Kniss (Annassers) nous a permis de découvrir l'étendue d'un véritable drame social : la pauvreté en lutte avec la dignité qui tente, malgré la douleur, de prendre le dessus. C'est au nom de cette même dignité, nous fera savoir M. Amr Daoudi P-DG de la BDL, que bon nombre de citoyens recourent aux services de cette banque, la seule à assurer la crédit pignoratif ou plus connu, comme prêt sur gages. En cette période de pointe qu'est justement le ramadan, à l'instar des fêtes de l'Aïd ou autres, les besoins pressants de liquidités exprimés par les diverses couches de la population, dénotent de “l'utilité de cette institution, voire de ce crédit qui permet au petit citoyen de garder sa dignité”, poursuit encore le premier responsable de la BDL. Le prêt sur gages permet, en effet, à toute personne de bénéficier de liquidités après gage ou l'hypothèque de ses bijoux (exclusivement l'or). La procédure n'est ni bureaucratique et encore moins contraignante puisqu'elle ne requiert aucun dossier, le tout se faisant la journée même. Ainsi, chaque gramme d'or gagé vous rapporte une liquidité de 250 DA et le crédit qui vous est ainsi accordé est remboursable en six mois au taux annuel de 8,5 %. Bonne nouvelle cependant , la TVA qui était jusque-là de 17% alourdissant encore davantage le remboursement, sera ramenée à 7% en vertu des dispositions de la loi de finances 2004 répondant aux préoccupations soulevées par les dirigeants de la BDL qui avaient même “souhaité à défiscaliser ce genre de crédit” et ce, en raison de la dimension sociale que revêt cet axe de crédit. Ce qui est cependant acquis; annonce M. Daoudi, c'est la révision à la baisse des taux d'intérêts à partir de janvier prochain, et la mise en place en fait de deux taux d'intérêts, l'un plus clément pour les plus démunis des déposants et l'autre sera appliqué aux déposants de “poids”, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas mus par des considérations sociales et qui ont les moyens de leur survie. Ces gens-là, on les reconnaîtra facilement en fonction du poids de leur gage car “un simple citoyen ne viendra pas gager la même quantité d'or que celui fortuné”. Pour mesurer toute l'importance des prêts sur gages et leur rôle dans la sauvegarde d'une certaine paix sociale, nous nous sommes intéressés aux chiffres d'avant et en cours du mois de ramadan. En temps normal, nous dira la directrice centrale des prêts sur gages, madame Lakabi , nous recevons quelque 190 gages par jour pour la seule agence des Annassers, soit 4 185 opérations par mois. Pendant le mois de ramadan, “on a enregistré une moyenne de 253 gages par jour, toujours pour la même agence”, soit une évolution de la demande de crédits de près de 33 %. Cela explique le recours à cette banque par les populations en quête d'équilibres financiers durant ce mois et surtout en prévision des fêtes de l'Aïd, comme le remarquera le directeur de cette agence.Un afflux important qui traduit tout un malaise social progressant en silence. À titre illustratif, sur les cinq agences que compte la BDL sur le territoire national, on a relevé que la demande sur ce crédit a augmenté de plus de 40% en ce mois sacré. Des enseignements doivent assurément être tirés de cette situation pour laquelle d'ailleurs, même si elle en tire un bénéfice considérable, la BDL à travers la volonté affichée de ses responsables, veut réussir le mariage entre la porteé sociale de ce crédit et sa dimension commerciale pour les caisses de l'établissemnent. Des actions sont en cours d'ailleurs, afin de revaloriser cette fonction à travers l'élargissement du réseau et la modernisation des services. A. W.