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GEORGES LONDICHE, L�ANCIEN SOLDAT FRAN�AIS QUI A REDONN� VIE AUX NOTES D�UN MARTYR : �L'Alg�rie est debout ! N��tait-ce pas le premier r�ve de ce chahid ?�
�43 ans s�parent l�Alg�rie que j�avais connue � 20 ans de celle d�aujourd�hui. Il faut avoir connu ces deux Alg�rie pour mesurer le chemin parcouru depuis l�ind�pendance. Un exemple significatif : je suis venu de France dans un avion d�Air Alg�rie pilot� par un �quipage alg�rien et vendredi je repartirai dans les m�mes conditions�, avait d�clar� � un journal Georges Londiche, grand ami de notre peuple devant l�Eternel et infatigable combattant de la cause de l�amiti� et de la tol�rance. Mieux que tous les discours, Georges dit simplement des v�rit�s que m�me nous, qui vivons en permanence ici, avons du mal � accepter. Il temp�re nos ardeurs et calme nos critiques : tout n�est pas parfait mais n�oubliez jamais ce que vous avez r�alis� depuis l�ind�pendance. Il faut en �tre fier ! semble nous dire cet ancien appel� de l�arm�e fran�aise qui n�a jamais cru en la cause des ultras, martelant sans cesse que l�Alg�rie n�est pas la France et que la cause du peuple alg�rien �tait juste. Georges Londiche s�est trouv� un jour en possession de carnets �crits par un moudjahid dont il ignorait tout. En lisant les notes �crites par ce maquisard, il r�alise qu�il a toujours vu juste. Ces impressions, r�colt�es au gr� des vir�es � travers les mechtas et sous les bombes, montreront � Georges la port�e r�elle de la lutte r�volutionnaire du peuple alg�rien. Alors, il se dit qu��tant d�positaire de ce t�moignage unique, il doit tout faire pour retrouver ce moudjahid ou ses enfants s�il s�av�rait qu�il �tait mort au maquis. Ainsi commence un long voyage vers la v�rit� et, au-del�, une �mouvante rencontre entre l�ancien soldat et ses anciens ennemis. Georges Londiche, que nous avons �galement retrouv� sur un autre front � solidarit� avec Roma�ssa � a bien voulu nous parler de cette incroyable histoire. Entretien r�alis� par Ma�mar Farah Le Soir d�Alg�rie : Pour �clairer nos lecteurs, voulezvous revenir sur l�histoire de ce journal �crit par un moudjahid et trouv� au maquis lors de la guerre d�Alg�rie que vous avez v�cue comme appel� ? Georges Londiche : Si l�on part de l�id�e de ce qu�est un journal aujourd'hui m�me de ce qu��tait El Moudjahid de l��poque, journal du FLN, fait d�une seule page �crite avec les pauvres moyens techniques du maquis, �journal� est un bien grand mot pour d�signer deux minuscules carnets de notes. Par contre, si l�on est int�ress�, voire simplement curieux, de ce que fut l'engagement et la vie au maquis d�un Alg�rien pendant la guerre d�ind�pendance, on peut consid�rer ces carnets comme un journal ; un journal, t�moin de l�un des aspects de la guerre, comme il y en eut tant d�autres, parfois semblables, parfois diff�rents mais toujours tendus vers le m�me but : l'Ind�pendance. Ces carnets furent trouv�s, en 1960, du c�t� du col de Selma par l�un de mes compagnons de service militaire, appel� lui aussi, et qui conserva ces carnets pendant quarante ans avant de les ressortir d�un tiroir pour me les montrer alors que nous venions de nous retrouver pour la premi�re fois depuis notre lib�ration de l'arm�e : la quille ! �Et si nous les rapportions en Alg�rie ?� Gageure ? D�fi ? Nous f�mes d'accord pour le relever. Comment allions proc�der ? Il nous �tait difficile de r�pondre � cette question et, comme souvent dans ces casl�, nous laissions le temps passer. Mon ami me les ayant confi�s, je repartais avec les carnets. Nous �tions en 2001. En 2002 sortait Guerre et �guerre� d�Alg�rie. En 2004, les carnets retournaient en Alg�rie o� je l�ai remis au bureau des anciens moudjahidine de Mila. O� sont-ils aujourd'hui ? Oubli� dans un tiroir ? Expos� dans un mus�e ? J�esp�re le savoir un jour et les enfants de ce maquisard aussi. Votre livre est un chass�crois� de deux destins que tout oppose. Le soldat qui fait la guerre malgr� lui et qui n�y croit plus et le moudjahid qui r�ve d�ind�pendance dans un maquis o� les conditions de vie sont de plus en plus difficiles. En �crivant cet ouvrage, il nous semble que vous avez voulu d�passer le simple t�moignage pour d�montrer l�absurdit� de la guerre. En �crivant Guerre et �guerre� d'Alg�rie, je ne pouvais pas imaginer qu'un peu plus de trois ans plus tard, la veille d'un certain �50e anniversaire�, invit� par le pr�sident d' une association r�gionale de Mila-Ferdjioua, je le pr�senterai devant presque une centaine d'Alg�riens. Cela reste, pour moi, un souvenir inoubliable. Chass�-crois�, ce livre ? En quelque sorte, oui mais il n'y avait personne pour donner la r�plique � ce que j�exprimais dans ses pages. Et pour cause, il n' y avait que les notes de ces carnets dont, � l��poque, je ne savais, de leur auteur, rien d'autre que ce qu�elles disaient. Ces notes que je devais � la fois transcrire fid�lement et sans m�en servir comme une sorte de garantie de v�rit� de ce que j'�crivais en parall�le entre l�engagement volontaire de ce maquisard et le mien, engagement subi comme le fut celui de centaines de milliers de jeune de l��poque de mes vingt ans. Comme ces jeunes, j�ai donc fait la guerre mais, contrairement � beaucoup, je n'avais jamais cru au discours �l�Alg�rie, c�est la France�. Il est bien vrai que la guerre est absurde mais les opprim�s, les pers�cut�s ont-ils souvent d�autres moyens que celui de prendre les armes pour se lib�rer ? Cela dit, tant mieux si ce livre a pu d�montrer l�absurdit� de la guerre. En commentant les notes du moudjahid, vous �voquez souvent les questions actuelles. Ce va-et-vient entre le pass� et le pr�sent vous permet de rappeler que la b�tise est encore aux commandes. Les th�mes d�actualit� sont-ils choisis en fonction du contenu du journal o� est-ce que vous y revenez pour exprimer votre point de vue sur certains probl�mes ? Voil� une question � laquelle je crains de ne pas savoir trouv� les mots justes pour y r�pondre sans �quivoque. Disons que oui, bien �videmment, la b�tise est encore aux commandes et ajoutons qu�elle est beaucoup aliment�e par l'incompr�hension ; une incompr�hension soigneusement entretenue par ceux qui, des deux rives de la M�diterran�e, pour des raisons politiques ou religieuses, ou les deux � la fois, ne veulent pas d'un rapprochement entre nos pays. Les th�mes d�actualit� �voqu�s dans le livre s'y sont impos�s, tout naturellement, d'eux-m�mes, pouss�s par cette m�me actualit� et par ma volont� de parler franchement, et sans tabou, de cette actualit�. Vous �tes retourn� en Alg�rie. Vous avez certainement compris le sens du combat du moudjahid et de ses camarades. A la lumi�re de ce voyage, vous semble-t-il que les r�ves du disparu ont �t� trahis ? Le sens du combat de ce maquisard, je l�ai compris � la premi�re lecture de ses notes qui confirmaient ce que je pensais depuis 1954, � savoir que la cause du FLN de 1954 �tait juste. Dire que les r�ves du disparu ont �t� trahis me semble excessif m�me s'il est bien vrai qu'ils sont tr�s loin d'avoir �t� tous r�alis�s. Il n�emp�che que tout visiteur, �tranger, de l�Alg�rie peut constater, au contact, sans interm�diaire officiel, des simples citoyens que le pays est bien debout. N��tait-ce pas le premier r�ve de ce chahid ? Racontez-nous votre voyage en Alg�rie ? Mes deux voyages en Alg�rie, plus de quarante ann�es apr�s mon premier s�jour de pr�s de deux ans de guerre, sont relat�s sur le blog �C�urs ouverts France Alg�rie�. Au retour du premier, j' �tais persuad� de la possibilit� d'une progression rapide pour une coop�ration entre une ville alg�rienne et une fran�aise. C'est pour jeter les bases d'une telle coop�ration qu'en 2006, je retournais � Ferdjioua accompagn� de douze compatriotes dont le maire de ma commune. Depuis, le temps a pass� et la situation n'a gu�re �volu�, entrav�e par des diff�rences de nos soci�t�s et, plus encore, par des motivations chez certains, Fran�ais et Alg�riens, plus pr�s de l'int�r�t personnel (voyages, s�jours, etc.) que de l'int�r�t d'une coop�ration. Voulez-vous �clairer nos lecteurs sur les circonstances de votre rencontre avec les enfants de l�auteur du journal ? Elle eu lieu lors de notre deuxi�me s�jour, d'abord devant l'auberge de jeunesse de Mila o� nous �tions h�berg�s puis, quelques instants plus tard, au pied du barrage de Ben Haroun, en pr�sence de la t�l�vision alg�rienne. A l'�vocation, par ses enfants, de la m�moire du chahid, l'�motion gagna tous les t�moins, civils et militaires, de cet instant. On peut vous consid�rer comme un ami de l�Alg�rie. Que faites-vous concr�tement pour aider � une bonne compr�hension entre les deux peuples et � leur rapprochement ? Au retour de mon s�jour en 2004, avec quelques amis, nous avions cr�� une association intitul�e �Mains tendues France Alg�rie�. Peu apr�s le retour du s�jour de 2006, elle fut dissoute suite � de profondes divergences d'opinions sur la fa�on de conduire une relation avec l'Alg�rie. Mais le projet de collaboration n'a pas disparu et continue de faire son chemin aid� en cela par le blog �C�urs ouverts France Alg�rie� et sa participation au soutien � la cause de Roma�ssa m�me si ce soutien est encore bien trop modeste. En parcourant votre blog, nous avons remarqu� un grand int�r�t aux questions d�actualit� en Alg�rie. Et aussi, une volont� affich�e de promouvoir la solidarit�, comme le montre clairement votre implication dans le soutien � la jeune Roma�ssa. Qu�en pensez-vous ? La progression de la compr�hension entre l'Alg�rie et la France a un grand besoin de franchise et de loyaut�. Pas plus qu'un Alg�rien ne doit dire �amen� ou �inch�Allah� � tout ce que lui dit un Fran�ais, un Fran�ais n' a pas � dire �inch� Allah� ou �amen� � tout ce que lui dit un Alg�rien. Avant de critiquer, il faut d'abord conna�tre, et ce n'est pas toujours le cas et ceci des deux c�t�s. De quelque nationalit� qu�ils soient, les m�dias nous informent, certes, � partir de v�rit�s mais souvent telles qu'ils veulent bien nous les montrer les �pourquoi� et les �comment� de ces v�rit�s dussent-ils en souffrir voire �tre soigneusement occult�s. Un dernier mot pour nos lecteurs en particulier et les Alg�riens en g�n�ral ? Je ne fais pas de diff�rence entre les lecteurs du Soir d�Alg�rie et les lecteurs des autres journaux qu'Internet me permet de lire chaque jour, et les Alg�riens qui ne lisent pas la presse. A tous, et tout particuli�rement � ces journalistes de L'Expression, El-Khabar, Index et Libert� qui ont pris le temps de me r�pondre quand je leur demandais l'autorisation de mettre certains de leurs articles sur le blog �C�urs ouverts France Alg�rie�, je sais leurs diff�rences d'opinions politiques mais je sais aussi que les balles terroristes ne faisaient pas de diff�rence entre les journalistes qu�elles atteignaient. Certains de mes amis fran�ais me disent ne pas faire confiance � la presse alg�rienne, moi, oui.