Des saha ftourkoum d�s 8h du matin, des t�tes d�enterrement, des regards h�b�t�s, des comportements agressifs, des bagarres � r�p�tition� Tel est le spectacle qu�offrent nos rues durant le mois de Ramadan. Dans les administrations, tout tourne au ralenti, � croire que la mouche ts�-ts� est pass�e par l�. Incontestablement, le Ramadan est une p�riode particuli�re qui d�tonne avec le reste de l�ann�e. C�est comme si une pi�ce de th��tre se jouait tous les jours dans la rue. Dans le style tragi-comique, c�est le must ! Tenaill� par la faim et la soif, tourment� par le manque de nicotine et de caf�ine, accabl� par la chaleur et l�hypoglyc�mie, abruti par les longues nuits de veill�es, l�Alg�rien se transforme en v�ritable �zombie �. A peine le nez dehors, m�me si c�est aux aurores, il souhaitera � saha f�tourek !� � la premi�re connaissance crois�e sur son chemin. Un comportement des plus bizarres lorsqu�on sait que la rupture du je�ne n�est pr�vu que dans une douzaine d�heures, au moins ! Haleine f�tide, visage ferm�, �il vide� l�AGM (l�Alg�rien g�n�tiquement modifi�) par Ramadan est d�une humeur massacrante. Une humeur � couper au couteau, � tel point qu�il vaut mieux le prendre dans le sens du poil. Pour n�importe quel pr�texte, le je�neur vous servira le m�me refrain : � Ya kh�, m�tza�fniche, rani sayem !� A mesure que les heures avancent, la tension devient de plus en plus palpable. Il y a de l��lectricit� dans l�air. Les sc�nes de gens recherchant � tout prix l�empoignade et l�altercation se multiplient � chaque coin de rue. Un vrai ring de boxe � ciel ouvert ! Apr�s s��tre trait�s de tous les noms d�oiseaux � faire rougir une nonne, deux jeunes �houmistes � de la rue Ferhat- Boussa�d (ex-Meissonier), visiblement �m�ch�s par le manque de nicotine, en viennent rapidement aux mains, manquant de renverser un paisible citoyen qui revenait du march�. � Allah yahdikoum ya w�ladi�, leur lance le sexag�naire, � na�lou e�chitane� ! Peine perdue. Il aura fallu l�intervention de plusieurs passants pour mettre un terme � cette partie de pugilat improvis�e sur le macadam. Les yeux plus gros que le ventre N��coutant que le son de cloche de ses intestins forc�s au ch�mage technique, l�AGM arpente les ruelles marchandes de la ville, achetant � tour de bras des victuailles qu�il touchera � peine du bout des l�vres � l�heure fatidique. �Chaque ann�e, c�est le m�me sc�nario�, se lamente cette m�re de famille. �Je fais les courses d�un c�t�, et mon mari rentre le soir charg� de sachets : z�labiyate, kelb ellouz et autres s�kayate qui finissent au fond de la poubelle parce que, finalement, personne ne les mange !� Coma profond Dans les administrations, tout ronronne, roupille et somnole. Mieux vaut �tre sage et remettre � plus tard la constitution d�un quelconque dossier n�cessitant de la paperasse. L'absent�isme r�gne en ma�tre mot et lorsque, par miracle, l�employ� est � son poste, il vous d�visage d�un air suspect l�air de dire �qu�est-ce qu�il vient me d�ranger celui-l� ? !� Entre deux b�illements � s�en d�crocher la m�choire, il vous conseillera de revenir apr�s l�A�d. Et ne vous avisez surtout pas d�insister. Le quidam pourrait devenir nerveux sans son garou et sa kahoua. Business is business Quant aux commer�ants, ils sont aux anges, ils planent � dix centim�tres du sol en pensant d�j� aux vacances qu�ils s�offriront aux �les Seychelles ou en Tha�lande gr�ce � toutes les �p�pettes� amass�es, en deux tours, trois mouvements, sur le dos des honn�tes citoyens. Avec un sourire carnassier et sans une once de remords, ils attendent de pied ferme les dindons de la farce que nous sommes pour nous harponner, nous d�pecer et nous laisser sur la paille. Le tintement qui s��chappe de leur caisse enregistreuse est la plus belle des m�lodies. Se frottant les mains et le ventre, ils se surprennent � regretter que le Ramadan ne dure pas toute l�ann�e ! Dans cette m�ga-agitation o� les exc�s des uns et des autres font grimper la temp�rature de quelques degr�s, certains ont su garder la t�te froide. �Le Ramadan, c�est quand m�me le seul mois o� on peut rep�rer les vraies jolies filles puisqu�elles ne sont pas maquill�es�, l�che sur le ton de la plaisanterie un groupe de jeunes adolescents. No comment ! SabrinaL