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Quand Francis Jeanson rencontrait Serge Michel
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 08 - 2009

A l'occasion de la mort de Francis Jeanson, mon confr�re Arezki Metref a �voqu�, dans sa chronique hebdomadaire, un apr�s-midi pass� chez lui � Claouey, en Gironde, dans le sudouest de la France, en f�vrier 2001. La disparition du philosophe m'incite � le retenir quelques instants encore parmi nous en inscrivant sa parole dans notre m�moire.
Je pr�parais � cette �poque la r�daction d'un livre sur mon p�re, Serge Michel, Un libertaire dans la d�colonisation, paru chez IbisPress en 2007. Rencontrer Francis Jeanson �tait incontournable m�me si mon p�re, charg� alors de la propagande au sein du GPRA � Tunis, n'avait pas appartenu � son fameux r�seau. Je n'ai plus un souvenir tr�s net de son lieu de vie sinon une maison de plainpied et, en guise de bureau, une pi�ce � l'�cart encombr�e de livres et pourtant conviviale. Mais surtout, et cela je m'en souviens, une maison d'une grande sobri�t� � la mesure de l'humilit� du personnage. Dans ses notes et interviews, Serge Michel indiquait avoir �t� �planqu� chez Colette Jeanson, sa premi�re �pouse, au Petit- Clamart, tandis que Francis s�journait au sanatorium entre d�cembre 1955 et mars 1956. Rien sur ses �ventuels contacts avec le philosophe. Francis, en revanche, se souvenait parfaitement de Serge sans pouvoir, cependant, �tablir une chronologie de leurs rencontres. Il avouait humblement : �Je n'ai pas de m�moire. Je n'en ai jamais eu. Pendant longtemps, j'en ai �t� ravi. Apr�s, c'�tait plus g�nant.� Pourtant il lui suffisait de saisir le fil pour d�rouler la pelote. S'il oubliait un nom, parfois, il avait la m�moire du c�ur et en d�pit du mal qui d�j� le rongeait, une capacit� demeur�e intacte d'analyse et de distanciation. �Serge, je m'entendais tr�s bien avec lui. Je l'aimais beaucoup, tout en consid�rant qu'il n'avait surtout pas sa place dans un r�seau. Il �tait trop impr�visible.� Militant Serge ? A n'en pas douter, son engagement et les prises de risques collat�rales le prouvent mais : �Son engagement n'�tait pas seulement politique. J'ai toujours pens� qu'il y avait au d�part le go�t de l'aventure. D�s lors, j'aurais redout� s'il s'�tait ennuy�, qu'il passe � autre chose.� C'est ainsi que Francis Jeanson d�finissait Serge Michel, un militant atypique : �Si cette p�riode de l'Histoire a pu produire des personnages un peu sp�ciaux, la sp�cificit� de Serge n'�tait pas � confondre avec d'autres. Atypique, c'�tait l'un de ses charmes. Il �tait tr�s libre et en m�me temps, il ne devait pas toujours se sentir tr�s s�r de lui. C'�tait l'envers de sa libert� car il n'avait pas d'ancrage. On pouvait le sentir vuln�rable.� Trotskyste Serge ? (rires) �Anarchiste, �a collerait davantage. Aucun esprit de syst�me.� Une anecdote ? Une histoire que tout le monde raconte dans le milieu militant et que m'a rapport� en cette occasion Francis Jeanson. A L�opoldville o� Serge Michel avait �t� mandat� par le GPRA aupr�s de Lumumba, chef du gouvernement du Congo r�cemment ind�pendant, la col�re enflait, attis�e par les agents belges et fran�ais. Le pr�sident Kasavubu, aux ordres de Washington, avait destitu� le Premier ministre qui sortit de la r�sidence pr�sidentielle pour faire face � la foule mena�ante. Serge Michel se pr�cipita devant lui et s'interposant physiquement entre la foule et lui s'�cria avec un ton d'une magistrale th��tralit� : �Non, Excellence, vous n'avez pas le droit de vous exposer ainsi !� Serge Michel ayant �t� notamment secr�taire de r�daction de La R�publique alg�rienne, organe de presse de l'UDMA, et �attach� de presse� de Ferrat Abbas, nous avons parl� du pr�sident du GPRA : �Je n'ai jamais �t� accroch� par le personnage. Aucune animosit� ni r�ticence mais j'avais l'impression d'avoir � faire �... un bourgeois. Par contre, il y avait autour de lui des personnages que je ressentais mieux, comme Ali Boumendjel, Ahmed Francis, notamment.� La conversation s'orienta bien s�r sur le r�seau et les m�canismes de la clandestinit�, ses passages en Suisse pendant la guerre de Lib�ration o� �taient imprim�s les tracts et journaux de la r�sistance alg�rienne : �Jusqu'en 1957, ann�e de la cr�ation du r�seau, j'ai �t� m�l� � plein de choses car je faisais alors un travail quotidien tr�s lourd. J'ai travaill� avec Salah Louanchi, Pablo... jusqu'� ce qu'Omar Boudaoud arrive. Il n'en revenait pas de me trouver l�, en Suisse o� je menais une existence publique. Ce que je pensais �tre une excellente couverture. Donner des conf�rences dans lesquelles je parlais de l'Alg�rie � ma mani�re, personne ne pouvait penser � surtout pas chez les flics � que je faisais du travail clandestin. Lui �tait contre. Il trouvait m�me cela consternant. Alors, je suis entr� dans une totale clandestinit�. Il a �t� bien plus content.� Quant � la reconnaissance de l'Alg�rie � son �gard, il en a toujours �t� tr�s touch�, g�n� m�me parfois. Cependant, il ne s'est pas rendu aux f�tes du mill�naire d'Alger o� il avait �t� convi� en janvier 2000 : �Je n'ai pas voulu y aller car je ne comprenais pas tr�s bien de quoi il s'agissait. Je n'ai pas aim� le programme qui �tait assorti � �a. Un peu trop mirifique. � Puis Arezki a �voqu� Camus et Sartre dans un brillant �change avec notre h�te. Que reste-t-il de Sartre quand on a travaill� avec lui ? �Je ne dirais pas de grandes id�es, non, nous avoue le philosophe, plut�t une forme d'autostructuration. C'est une pens�e qui m'a aid� � me structurer. Et puis ce th�me que je consid�re comme essentiel et plus que jamais actuel, il ne faut jamais consid�rer qu'une situation est bloqu�e. � Il restait aussi, nous a-t-il confi�, cette m�morable sensation d'avoir l'impression � son contact d'�tre devenu plus intelligent. Nous avons �cout� Francis Jeanson jusqu'au soir, conscient du privil�ge qu'il nous faisait en nous permettant de recueillir ses confidences. Apr�s cet apr�s-midi-l�, je me suis moi aussi sentie d�licieusement plus intelligente.

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