Moins d�une ann�e apr�s la cl�ture de l�op�ration d�identification des puces anonymes des trois op�rateurs de t�l�phonie mobile, voil� que des puces sont vendues sans contrat dans la rue. C�est ce que nous avons constat� au cours de notre vir�e dans certains quartiers de la capitale. A Bab-el-Oued, Belzouizdad, place des Martyrs et Didouche-Mourad, des vendeurs � la sauvette proposent aux passants des puces t�l�phoniques � 100 et 200 DA l�unit�. Enqu�te de Fatma Haouari C�est mercredi. Il est 15 heures. En plein c�ur de la capitale, un jeune portant un grand sac, devant l�entr�e d�un immeuble, h�le les passants. �La puce � 100 DA !� Une petite foule s�agglutine autour de lui. Il sort de son balluchon des cartes Sim herm�tiquement ferm�es � l�aide de cellophane. L�un des curieux lui demande si elles sont authentiques. Il r�pond sans ambages : �Bien s�r qu�elles le sont, ce n�est pas une arnaque ! Je ne vais comme m�me pas tricher en plein mois de ramadan ! Tiens, regarde, elles sont vraies et fiables. A 200 DA les puces attractives, � 100 DA les autres.� L�homme en prend deux. Le vendeur lui explique la proc�dure � suivre pour b�n�ficier des bonus et autres appels gratuits. L�homme s�en va, tout content d�avoir fait une bonne affaire. Une dame en hidjab en prend une � 100 DA. Elle lui demande comment l�activer. Il lui explique que son fournisseur les a d�j� activ�es. Il a quand m�me pris la pr�caution de ne laisser qu�un cr�dit de 5 DA. �Ah bon !� s�exclame une jeune femme qui assiste � la conversation. �Et le contrat ?�, ajoute- t-elle, d�un air interrogateur. Le vendeur lui r�torque avec ironie : �C�est vous qui devez le faire. Il faut vous adresser aux agences commerciales de l�op�rateur.� D�un air m�fiant, elle hausse les �paules et lui tourne le dos en s��loignant. Une autre, la mine sceptique lui demande �Normalement, c�est interdit, comment les avez-vous eues ?� �Chez A. Phone, un grossiste � El-Harrach�, r�pond-il d�un geste spontan�. Et comme pour la mettre en confiance, il sort de sa poche, en d�couvrant des liasses de billets d�argent, une facture avec le cachet d�un grossiste de la rue Bou�mama, � Belfort. Nous nous d�pla�ons le lendemain jeudi � l�adresse indiqu�e. C�est dans cette rue tout en pente que se sont install�s les grossistes sp�cialis�s dans la vente, la maintenance et la r�paration des t�l�phones portables et autres appareils de t�l�communications. Une multitude de commerces longent les deux c�t�s de la rue o� le n�goce bat son plein. Les enseignes sont assez amusantes mais d�nu�es de toute imagination ou cr�ativit�. �Z�ro Phone�, �Babo Phone� �Momo Phone�, �Badi Phone�, �Zizou Phone�... On se demande bien o� ils vont chercher des appellations pareilles ! Enfin, nous poursuivons nos investigations et l�, nous tombons sur �notre grossiste�. Malheureusement, � 13h30, il est ferm�. N�anmoins, nous repartons avec la satisfaction que ce dernier existe bel et bien et que le jeune vendeur � la cri�e n�a pas menti. Il ne serait pas le seul � les �couler au noir, selon des indiscr�tions. Selon des statistiques officielles, l�Alg�rie compte plus de 26 millions d�abonn�s � la t�l�phonie mobile. Avec ce nombre, notre pays est ainsi le deuxi�me march� en Afrique du Nord apr�s celui d�Egypte. Mais le march� s�est d�velopp� dans une totale confusion. Pour rappel, l�ann�e derni�re a vu le lancement d�une op�ration d�envergure par l�Autorit� de r�gulation de la poste et des t�l�communications (Arpt) pour l'identification des puces anonymes. L�anarchie �tait telle que pour remettre de l�ordre, il fallait faire des prolongations. L�objectif �tant d�assainir les fichiers de tous les op�rateurs, par l�identification des puces anonymes. L�op�ration a permis l�identification de plus de 2 millions de cartes Sim. Elle a aussi permis de conna�tre le nombre r�el des abonn�s de chacun des op�rateurs, qui est de 14 492 091 pour Orascom T�l�com Alg�rie (Djezzy), 7 177 602 pour Alg�rie T�l�com Mobile (Mobilis) et 4 998 174 pour Wataniya T�l�com Alg�rie (Nedjma). Outre les mesures fiscales, cette vaste campagne s�inscrivait �galement dans le cadre de la strat�gie antiterroriste initi�e par le Gouvernement. En effet, les groupes terroristes ont de tout temps utilis� les t�l�phones mobiles afin de coordonner et perp�trer des attentats � l�aide de puces anonymes. Ce mode op�ratoire a permis d�ex�cuter, selon des recoupements, une centaine d�attentats ces trois derni�res ann�es. Ce qui complique la t�che des agents de s�curit� pour remonter jusqu�aux auteurs des assassinats et autres kidnappings. Un responsable au niveau d�une agence commerciale de t�l�phonie mobile nous a expliqu� que �les op�rateurs vendent des puces � leurs distributeurs respectifs et ces derniers vendent des puces aux grossistes. C�est ce dernier maillon de la cha�ne qui est d�faillant puisque ces derniers les revendent � des particuliers parfois m�me sans facture.� L�Arpt a, � maintes reprises, reconnu que �le contr�le et l��radication du march� parall�le n�incombent ni � l�Arpt ni aux op�rateurs de t�l�phonie mobile mais que ce travail doit �tre men� par le d�partement du commerce �. Encore une mission que Dja�boub n�est apparemment pas en mesure d�accomplir. Mais le danger, cette fois-ci, d�passe le cadre commercial. Il y va de la s�curit� des personnes et du pays.