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Téléphonie mobile : 3,5 millions de puces non identifiées
Publié dans El Watan le 18 - 06 - 2008

A Laâkiba, El Harrach, Belfort et dans d'autres quartiers d'Alger ainsi que dans d'autres villes du pays, la vente informelle des puces téléphoniques est loin de s'estomper. A l'image de bien d'autres produits, les puces des trois opérateurs de la téléphonie mobile sont proposées à la vente à même le trottoir.
Comme le yaourt, le fromage, les chaussures, les vêtements, les ustensiles de cuisine… Les chalands ne sont ainsi ni tenus de fournir une copie de leur pièce d'identité ni même de remplir un formulaire de renseignements personnels en guise de contrat les liant à l'opérateur. Il suffit de verser la somme indiquée, qui varie selon les opérateurs entre 150 DA et 400 DA, pour avoir sa ligne téléphonique portable. Ce phénomène, tout le monde l'aurait constaté, n'est guère nouveau. Ni même étonnant, vu que tout se vend et s'achète dans nos rues. Au su et au vu des vigiles de la République. Mais depuis 2007, les puces non identifiées sont devenues une menace pour la sécurité nationale. Les terroristes les utilisent pour déclencher leurs charges explosives à distance. Cela a été prouvé par les enquêtes menées par les services de sécurité sur les attentats à la bombe perpétrés au courant de 2007. Acculée par les services de sécurité, l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) a demandé aux trois opérateurs de la téléphonie mobile de procéder à l'identification des puces anonymes. Cette opération, lancée officiellement en mars dernier et qui devait prendre fin le 31 mai écoulé, connaît une seconde prorogation de délai après celle du mois d'avril. La date-butoir sera fixée incessamment par l'ARPT en concertation avec les trois opérateurs qui veulent avoir le maximum de temps pour en finir avec ces puces anonymes. Le premier bilan de cette opération s'avère positif. Des millions de puces ont pu être identifiées. Les longues files d'attente apparues ces derniers mois devant les agences des trois opérateurs en sont une preuve. Elles démontrent à la fois l'écho qu'a eu l'opération, mais aussi et surtout l'importance du nombre de puces vendues ou achetées anonymement.
Absence de textes juridiques
L'ARPT qualifie de « réussie » l'opération. Mais elle refuse de communiquer les données chiffrées en sa possession. Son argument ? Elle ne veut pas brouiller le travail des opérateurs et préfère le faire « en temps utile ». Autrement dit, elle attendrait que l'opération soit totalement bouclée. Cela a été affirmé par un responsable de cette autorité de régulation, qui a requis l'anonymat. Ce même responsable atteste du bon déroulement de l'opération et de la « bonne concertation » entre l'agence et les trois opérateurs. L'opérateur Nedjma affirme avoir identifié depuis le lancement de l'opération près de 400 000 lignes. Son directeur général, Joseph Ged, a précisé, lors de son passage mercredi dernier au forum du journal Echourouk que les puces qui restent à identifier représentent près de 10% du nombre total des abonnés qui sont près de 5 millions. M. Joseph Ged explique ce taux qui demeure considérable par la persistance des ventes informelles des puces, sans contrat. Une persistance qui est due également, estime-t-il, à l'absence d'un texte juridique organisant et réglementant l'activité de la vente. De son côté, Ramdane Djazaïri, directeur des relations publiques à Nedjma, affirme que le phénomène échappe totalement au contrôle des opérateurs, lesquels n'interviennent pas directement sur le marché.
N'étant pas spécifique à la téléphonie mobile, le commerce informel des puces est « complexe », souligne-t-il, en raison notamment de l'implication de plusieurs sphères économiques. Le juguler nécessite, explique M. Djazaïri, la conjugaison des efforts de tout le monde. Les opérateurs à eux seuls, ajoute-t-il, ne peuvent pas contrôler ce marché où il y a plusieurs intervenants. La vente informelle, qui se poursuit dans différentes villes du pays, n'arrange en rien les affaires des trois opérateurs qui risquent de se retrouver dans un cycle interminable d'identification des puces. C'est ce qu'on pense également à Mobilis. Tout en soulignant le bon déroulement de l'opération, Slimane Abdedou, directeur de la division commerciale et marketing, admet que la vente des puces sans contrat « n'est pas une mince affaire ». Outre les opérateurs, d'autres parties comme le ministère du Commerce, selon lui, doivent intervenir pour y faire face. Mobilis, indique-t-il, a réussi à identifier 1,2 million de puces. Il lui reste encore 1,5 million à régulariser. De son côté, Djezzy a estimé le nombre de puces non identifiées à 1,5 million. Son directeur de la communication, Hamid Grine, affirme que l'opération d'identification se déroule « très normalement » et rassure que l'opérateur sera bien dans les délais fixés par l'ARPT. M. Grine explique la persistance de la vente des puces sans contrat par l'absence de réglementation encadrant cette activité et responsabilisant les points de vente. Djezzy, en tant qu'opérateur, n'a pas de relations sur le terrain, explique-t-il, car il traite avec les distributeurs, lesquels sont en relation commerciale avec des milliers de points de vente à travers le pays. Selon lui, le problème d'identification se pose au niveau de « certains points de vente qui ne jouent pas le jeu, et ce, en dépit de la volonté des clients ». Cette volonté, souligne-t-il, a été encore une fois prouvée par le nombre important de clients qui se sont approchés des agences de Djezzy, dès le lancement de l'opération, pour enregistrer et « régulariser » leurs puces.


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