D�avoir trop voulu acc�l�rer la structuration d�une proximit� politique et diplomatique, Alger et Paris ont but�, non sans fracas, sur le mur du trop-plein passionnel. Apr�s s��tre languis un temps comme de jeunes amoureux, l�Alg�rie et la France se chamaillent � pr�sent comme un vieux couple. Alt�r�es, les relations entre les deux pays le sont assur�ment. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir)- Du temps du pr�sident Jacques Chirac, l��lan de rapprochement entre Alger et Paris paraissait hors d�atteinte des d�cha�nements passionnels qui, depuis l�ind�pendance recouvr�e de l�Alg�rie, ont min� les relations entre les deux pays. Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika avaient trouv� en toute occasion opportunit� � encensement mutuel. Une v�ritable lune de miel entre les deux pr�sidents et la fr�quentation assidue � laquelle ils se sont adonn� devait d�boucher sur la signature d�un trait� d�amiti�. Tout allait pour le mieux sur l�une comme sur l�autre rive de la M�diterran�e. Il ne restait qu�� apposer les paraphes sur le document fin pr�t et qui allait, � reprendre l�expos� des motifs et � lire les attendus, d�gager la voie, autrefois sem�e d�emb�ches, � un partenariat d�excellence. Mais c��tait mal appr�cier le poids des contentieux entre les deux pays, reliquats et comptes non sold�s du colonialisme fran�ais, que d�avoir cru � la somnolence �ternelle des vieux d�mons. L�Assembl�e fran�aise se chargea de les r�veiller brutalement en votant le 25 f�vrier 2005 la tr�s mal inspir�e loi glorifiant le colonialisme. Les efforts consentis pour un rapprochement durable s�en trouv�rent d�s lors torpill�s. Vite, le propos mielleux c�da la place � la diatribe enflamm�e. Harponn� de la sorte, le pr�sident Jacques Chirac puisa, tout de m�me, dans ce qui lui reste d��nergie et rattrapa la bourde commise par l�Assembl�e. C��tait trop tard. Alger n�est plus enthousiaste pour la signature du trait� d�amiti�. La classe politique et les associations d�abord, le pr�sident Bouteflika ensuite pos�rent alors comme pr�alable � l�aboutissement du projet l�exigence de repentance officielle de la France pour ses crimes coloniaux. La France jugea l�exigence par trop os�e, pour le moins qu�on puisse dire, et resta sourde. Alger jugeait peu le geste de Jacques Chirac et Paris ne d�sirait pas conc�der plus. De report en report, la signature du trait� d�amiti� a fini par �tre d�finitivement ajourn�e, voire enterr� m�me. Le contournement loup� via l�UPM Le nuage assombrissant les relations alg�ro-fran�aises �tait demeur� �pais lorsque Nicolas Sarkozy fait son entr�e au palais de l�Elys�e. Les crispations �taient visibles, m�me si Bouteflika et Sarkozy soignaient chacun de son c�t� l�image de pr�sidents capables de franche camaraderie. Prisme d�formant que toutes les congratulations �chang�es. Les anicroches appara�tront d�s que le pr�sident fran�ais entreprit de mouler son projet d�Union pour la M�diterran�e (UPM). Alger ne se montra nullement enthousiasm�e � accompagner le projet, m�me apr�s les correctifs que Sarkozy a d� apporter � sa copie sur insistance de l�Allemagne. Les autorit�s alg�riennes, contrairement � celles marocaines, tunisiennes et �gyptiennes, avaient tout le temps que dur�rent les pr�liminaires de ce qui sera un grand mais bien vide show m�diatico-politico parisien, affich� une indiff�rence et un d�sint�r�t assez explicites pour le projet de Sarkozy. Si l�Alg�rie finit par prendre part � la conf�rence qui a vu le lancement de l�UPM, sa pr�sence n��tait synonyme d�aucun engagement. Les apparences �taient sauves, rien que cela. Car dans les faits, l�Alg�rie n�avait pas le c�ur � l�UPM. A raison, devait-on v�rifier, un peu plus tard. Le pr�sident fran�ais devait faire contre mauvaise fortune bon c�ur. Il se garda bien de commentaires d�sobligeants � l�encontre de l�Alg�rie. Et l��lection du pr�sident Bouteflika lui donna l�occasion de tenter d�apporter un nouveau souffle � une relation maintenue jusque-l� correcte par l�entremise de la biens�ance diplomatique. D�un c�t� comme de l�autre, on pr�f�ra ne pas cracher sur l�avenir. Un avenir que devrait laisser entrevoir la visite annonc�e du pr�sident Bouteflika en France. Juin n��tait pas le bon rendez-vous Le pr�sident Bouteflika devait effectuer une visite d�Etat en France au mois de juin 2009. Il y eut entre les Etats un accord de principe. Cette visite devait servir de rampe au relancement de la dynamique de coop�ration entre les deux pays, l�Alg�rie et la France. Al�as de la vie politique ou d�robades r�fl�chies, les deux chefs d�Etat, Bouteflika et Sarkozy, devraient encore compter d�filer les mois avant de se rencontrer. C�est le journal le Monde qui, le premier, �bruita le report du sommet attendu pour juin dernier. �Aucune date pr�cise n�a �t� encore arr�t�e, mais l�agenda des pr�sidents fran�ais et alg�rien ne devrait pas permettre que cette visite puisse se d�rouler avant d�cembre�, avait �crit le journal. C�t� alg�rien, on a alors estim� qu�il valait mieux r�fl�chir plut�t que de pr�cipiter une telle visite. C��tait comme parler de sagesse. Sauf que les interpr�tions ne sont pas arr�t�es devant l��vocation du froid politique qui poursuivit de surfer sur la relation alg�rofran�aise. M�me si, au mois de mai, le pr�sident Bouteflika, dans un message � l�occasion de la comm�moration des massacres de 1945, avait laiss� croire � un possible d�passement des passions. Il sugg�ra, on se le rappelle, de r�fl�chir � une voie originale qui permettrait de surmonter les traumatismes caus�s au peuple alg�rien par l�Etat colonial fran�ais. Que le pr�sident Bouteflika ait ainsi mis un b�mol dans son discours � propos des crimes coloniaux ne dissipera pas pour autant les crispations. Pis encore, trop d�affaires sont venues entretenir le froid entre Alger et Paris. Il y eut l�affaire du diplomate Hasseni et, comme dans un encha�nement soigneusement r�fl�chi, celle du g�n�ral � la retraite, Buchwalter. Deux affaires qui sentaient un fort relent de machinations politiciennes et qui risquent d�entamer s�rieusement la s�r�nit� du rendez-vous attendu entre Bouteflika et Sarkozy. S. A. I.
Buchwalter, le g�n�ral qui raviva la pol�mique Alors que l��preuve injuste subie par le diplomate Hasseni cheminait vers son heureux �pilogue, voil� qu�un g�n�ral � la retraite, attach� de d�fense au niveau de l�ambassade de France � Alger en 1996, remue le couteau dans la plaie. Dans sa d�position devant le juge qui l�auditionna dans l�affaire de l�assassinat des sept moines de Tibhirine, Buchwalter �voqua la responsabilit� de l�Arm�e alg�rienne qui, selon ses dires, avait commis une b�vue en mitraillant un bivouac des religieux. Il parla de notes qu�il avait exp�di�es � sa hi�rarchie et que cette derni�re n�avait pas jug� opportun d�y donner suite. La presse fran�aise, friande de ce genre de mati�re, en a fait ses choux gras. Mais c��tait le pr�sident fran�ais qui situa les prolongements politiques �ventuels aux �affabulations� du g�n�ral. Il ne marqua point de distance par rapport aux all�gations de Buchwalter en compostant, depuis Rome, ce qui �quivaut � une validation de l�accusation. �Les relations entre les grands pays s��tablissent sur la v�rit� et non sur le mensonge�, avait-il affirm�. Un propos qui n��tait pas pour dissiper le brouillard entre Paris et Alger, m�me si cette derni�re n�a pas jug� judicieux de r�pliquer officiellement au battage politiom�diatique orchestr� autour de la d�position de Buchwalter. S. A. I.
Le commerce, ce qui restera lorsque tout sera perdu En d�pit d�une relation politique en dents de scie, le commerce entre les deux pays a maintenu une cadence plut�t appr�ciable. A la fin d�cembre 2008, les �changes commerciaux entre la France et l�Alg�rie ont atteint les 10 millions d�euros annuellement. Les entreprises fran�aises sont pr�sentes en Alg�rie � travers quelque 300 filiales qui, selon l�ambassadeur Xavier Driencourt, ont g�n�r� 30 000 emplois. L�investissement fran�ais en Alg�rie est domin� par la PME-PMI. Environ 65% des investissements. Les Fran�ais font de bonnes affaires en Alg�rie, surtout ils trouvent un march� hors de concurrence s�rieuse. L�industrie automobile, l�agroalimentaire et les produits pharmaceutiques sont les principaux cr�neaux bien portants du commerce fran�ais en Alg�rie. De son c�t�, l�Alg�rie exporte vers l�Hexagone des produits hydrocarbures. Mais si la France vend bien en Alg�rie, elle n�a pas affich� vocation � passer � l��tape de la production ici de biens. Le constructeur automobile Renault a, quand sonna l�heure de l�investissement direct, pr�f�r� s��tablir au Maroc. Les investisseurs fran�ais trouveraient- ils le climat peu propice au lancement d�une production en Alg�rie ? C�est l�argument qu�ils n�ont de cesse d��voquer. Quel comportement adopteront-ils maintenant que la loi leur impose de contracter des partenariats avec des nationaux � raison d�une participation de 30 % pour ces derniers ? Ils ne s�en �meuvent pas trop. Pour le moment. S. A. I.
Hasseni, le plut�t bon otage politique Sur la base d�une vague homonymie, le diplomate alg�rien Rachid Hasseni devait des mois durant subir l�acharnement d�un juge fran�ais qui voulut co�te que co�te lui coller une responsabilit� dans l�assassinat en 1987 � paris de l�opposant franco-alg�rien Andr� Ali Mecili. Interpell� � Marseille, � sa descente d�avion, en application d�un mandat international confus�ment r�dig�, le diplomate alg�rien s�est vu astreint � la r�sidence surveill�e plusieurs mois. Une d�cision prise par un juge qui agissait sur la base d�un t�moignage d�un d�serteur de l�arm�e alg�rienne, Mohamed Samraoui. L�accusation port�e contre Hasseni ne reposait sur rien de tangible, n�emp�che que le juge � charge du dossier Mecili le soumettra � l�humiliante astreinte � r�sidence. Jusqu�� r�cemment, puisque ni l�expertise graphologique, ni le test ADN et encore moins le t�moignage de Samraoui ne prouv�rent l�accusation. Mais des mois se sont �coul�s avant que la justice fran�aise mette un terme � son acharnement contre Hasseni. De longs mois durant lesquels bien des observateurs ont t�ch� de voir ce que pouvait cacher cette affaire Hasseni. Les plus audacieux d�entre eux ont conclu � des manigances politiques fran�aises en sourdines.