L'A�d-el-Fitr a �t� f�t� tristement dans plusieurs pays musulmans. Ainsi, au Y�men, la suspension annonc�e samedi par le gouvernement de son offensive contre les insurg�s chiites za�dites � l'occasion de la fin du Ramadan n'a pas �t� respect�e ou n'a dur� que le temps de son annonce. Il en a �t� de m�me de l'appel lanc� la veille de l'A�d par le pr�sident Ali Abdellah Saleh. Les combats entre les forces gouvernementales et les insurg�s, qui se sont poursuivis dans les massifs montagneux de la province chiite de Sa�da dans le nord du pays, ont fait plus de 140 morts, c�t� insurg�s. C�t� gouvernemental, les pertes n'ont pas �t� communiqu�es. Cette tr�ve annonc�e unilat�ralement par les autorit�s y�m�nites fait suite au bombardement, effectu� mercredi, contre un camp de r�fugi�s � Wadi Soufiane (nord chiite du pays) qui a fait 87 morts civils et plusieurs dizaines de bless�s. Selon le chef des insurg�s, Abdel Malik al-Houthi, �des avions de type Mig ont bombard� un rassemblement de d�plac�s�. Un carnage qu'a d�nonc� l'ancien pr�sident du Y�men du Sud, socialiste avant la r�unification avec le Nord de 1990, Ali Salem Al-Beidh, accusant le r�gime de Sana� d'avoir commis des crimes de guerre. A Gen�ve, Navi Pillay, haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l�Homme, a invit� vendredi les autorit�s y�m�nites � ouvrir une enqu�te, exhortant le gouvernement de Sana� � s'abstenir de r��diter ce genre d'attaques en rappelant son devoir de prot�ger la population civile. �Il s'agit de la seconde attaque a�rienne meurtri�re en trois jours qui s'est sold�e par des victimes civiles�, a-t-elle assur�. Depuis 2004, le r�gime du pr�sident Ali Abdallah Saleh est confront� � une insurrection des chiites za�dites � pr�s de 40 % de la population � qui ne reconnaissent pas son autorit�. En 2007, les insurg�s sont parvenus aux portes de la capitale y�m�nite, avant d'�tre repouss�s au prix de terribles combats. Suspectant la main de l'Iran derri�re cette r�volte chiite, le r�gime de Sana� a lanc�, le 11 ao�t dernier, une offensive �Terre br�l�e�, soutenue par Washington, qui dispose d'une base militaire dans le pays, et l'Arabie saoudite, pour en finir avec la �r�bellion �. Visiblement, sans succ�s. Reste que ce conflit interne risque de prendre un contour r�gional, voire g�opolitique avec les accusations r�it�r�es � l'endroit de l'Iran. L'insurrection chiite se greffe sur un contexte o� le r�gime de Sana� fait d�j� face au terrorisme d�Al-Qa�da. Cette derni�re a commis plusieurs attentats dont le plus spectaculaire aura �t� celui perp�tr� en 2000 contre le destroyer am�ricain l'USS Cole,dans le port d'Aden (17 morts). Et elle poursuit ses actes contre les civils, surtout chiites. Mais rien de comparable avec l'insurrection chiiteza�dite beaucoup plus dangereuse � terme pour l'unit� du pays. D'autant qu'elle survient dans une conjoncture sociopolitique fortement d�grad�e. La r�unification entre le Sud-y�men socialiste, l'ex- R�publique d�mocratique du Sud-Y�men, et le Y�men du Nord islamo-nationaliste, s'est faite au d�triment du sud riche en ressources p�troli�res et gazi�res. Elle a cr�� un sentiment d'une injustice insupportable pour les gens du Sud. Outre les milliers de personnes emprisonn�es, expropri�es de leurs biens, des dizaines de milliers d'officiers et de sous-officiers de l'ex-arm�e du Sud-Y�men limog�s et r�duits au ch�mage, cette r�unification s'est traduite par un creusement des in�galit�s sociales, par le fait que 40 % des 22 millions de Y�m�nites vivent avec moins d'un dollar par jour. Le prix des produits de premi�re n�cessit� a tripl�, celui de l'essence a quadrupl�, alors que la corruption gangr�ne comme jamais le pays. Et de fait, tous les ingr�dients d'une explosion socio-politique sont r�unis et menacent la stabilit� du Y�men et par contre-coup celle de la r�gion.