La trêve annoncée la veille par le gouvernement en réponse à l'appel d'organisations humanitaires de l'ONU n'aura finalement pas tenu longtemps. Les violents combats ont repris hier avant l'aube entre l'armée et les rebelles chiites faisant des dizaines de morts et de blessés dans le nord du Yémen, quelques heures après l'annonce d'une trêve, selon des sources militaires. La trêve avait été annoncée la veille par le gouvernement en réponse à l'appel d'organismes de l'ONU qui ont affirmé que la situation humanitaire dans la région en conflit était «absolument dramatique et s'aggravait» et qu'environ 150.000 personnes avaient été déplacées par les combats. «Les forces armées et les rebelles se sont livrés à de violents combats, qui se sont poursuivis jusqu'à samedi à l'aube à Malahidh et à Harf Sufyane», situées respectivement dans la province de Saada, fief des rebelles, et celle d'Amran, plus au sud, a déclaré une source militaire. Les affrontements «ont fait des dizaines de morts et de blessés dans les deux camps», a ajouté cette source, sans donner plus de précisions. Aucun bilan précis de pertes humaines n'a pu être obtenu de source officielle ou auprès des rebelles zaïdites depuis le lancement le 11 août de la dernière offensive gouvernementale contre la rébellion dans la province de Saada, la sixième en cinq ans. Depuis 2004, les combats dans cette région ont fait des milliers de morts. Les rebelles chiites affirment lutter pour le rétablissement de l'imamat zaïdite, un régime monarchique renversé par un coup d'Etat militaire en 1962, année où la République a été proclamée au Yémen, pays à majorité sunnite. Le pouvoir accuse la rébellion d'être soutenue par l'Iran chiite. Pour leur part, les rebelles soutiennent que Sanaa bénéficie d'une assistance militaire de l'Arabie saoudite, une monarchie sunnite qui jouxte leur fief. Mais les protagonistes ont démenti ces accusations réciproques. Le regain de violences fait suite à l'effondrement d'une trêve entrée en vigueur vendredi à 18H00 GMT à l'initiative du gouvernement qui a ensuite accusé les rebelles de l'avoir rompue. «Les rebelles ont planifié une attaque sur l'ensemble des positions de l'armée qui a riposté», a affirmé une source militaire. Selon un porte-parole de la Haute commission de sécurité (gouvernementale), les rebelles ont «rompu (la trêve) et repris leurs actes de sabotage dans les régions de Malahidh et de Harf Sufyane», moins de 4 heures après l'annonce de la suspension des opérations militaires. Ils en «assumeront les conséquences». Depuis la reprise des combats le 11 août à Saada et qui ont vite débordé sur la province d'Amran, les deux protagonistes sont restés très méfiants concernant un cessez-le-feu. Signe de cette méfiance, l'armée a acheminé, ces deux derniers jours, d'importants renforts militaires à Harf Sufyane, alors que le gouvernement préparait une suspension des opérations, ont affirmé des témoins. En outre, selon une source militaire, des affrontements, vendredi autour d'un village situé au nord-est de Saada, se sont soldés par la mort de 15 rebelles. Ce bilan n'a pu non plus être confirmé. Sur le plan diplomatique, les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont l'Arabie saoudite, ont dépêché vendredi à Sanaa le secrétaire général de leur groupement, Abderrahmane Al-Attiya, pour assurer le président Ali Abdallah Saleh de leur solidarité. «La stabilité et la sécurité du Yémen font partie intégrante de celles de la région», a déclaré M.Attiya après avoir rencontré M.Saleh, qu'il a toutefois exhorté à faire valoir «le dialogue» pour régler les problèmes du pays.