Je t�aime Alger ! Tes rues denses, anim�es par une foule vaquant � ses occupations, m�enchantent, me coupent le souffle et me manquent. Le bruit continu des voitures de la route Moutonni�re ne caresse plus mes oreilles et ne me berce plus la nuit. Il me manque. Les jeunes haraga qui venaient, la nuit tomb�e, escalader le mur pour entrer au port, essayant de regagner l�autre rive en risquant leur vie, leur r�ve tant souhait� par une folle poursuite des agents de police ne se r�alisera jamais, le bruit de leurs pas ne me r�veille plus au milieu de la nuit, me manque. Mes voisines de 34 ans, notre discussion sur le pont, notre CMS, notre m�decin Mme Bendaoud, Aziza l�infirmi�re, la salle d�attente o� on se rencontrait, tous ces souvenirs font saigner mon c�ur, le remplissent de tristesse, me manquent. La cour o� jouaient mes enfants � leurs jeux d�enfance quand ils �taient petits, les matchs qu�ils disputaient avec les jeunes amis des groupes voisins quand ils sont devenus grands me manquent, L�appartement o� r�sonnait leur rire d�enfant, o� je les ai vus pousser telle une rose dans un jardin d�amour et devenir de beaux jeunes hommes, dont je suis si fi�re, me manquent, Le b�timent o� j�ai pass� 34 ans de ma vie, avec ses joies et ses larmes me manque, Mon d�part au march� 12 les jours de week-end, sa foule, ses jeunes vendeurs � la sauvette, venus d�un peu partout, narguant les agents de police avec leur marchandise � quatre sous, leur courage m�impressionnait et me fascinait, me manquent. La maison Tahar-Djaout, qui �tait � quelque pas de chez moi, l� o� je d�posais au bureau d�accueil du Soir d�Alg�rie ma demande d�emploi, chaque fois que je ch�me, me manque, Les Groupes de ses jeunes en disputant un match, o� mes enfants jouaient jadis, me manquent Champ-de-Man�uvre et ses foules press�es me manquent, Meissonier et sa route de l�h�pital, o� on y trouvait de tout, me manquent, La vue de la Place du 1er- Mai, avec sa belle fontaine qui, par sa beaut� et ses jets d�eau qui montaient au ciel, fa�onnaient par une main d�artiste, son jardin plein de fleurs multicolores, entretenu par une main amoureuse de la nature et qui vous donne envie de prendre une photo et l�envoyer aux amis �migr�s, vantant ton charme et ta beaut�, me manque, Les arr�ts de bus pleins de monde o� chaque matin je m�engouffrais avec h�te pour ne pas arriver en retard � mon job me manquent. La poste du 1er-Mai avec ses gentils employ�s me manque Belcourt, ses vitrines, son air de f�te, ses drapeaux blanc et rouge, volant au ciel, ses fans jeunes et moins jeunes, fous d�amour pour leur club, qui chantaient la joie de la victoire, me manque, Mohamed Madda, l��cole o� mes enfants ont fait leur scolarit�, quand ils �taient petits, et o� chaque jour, je les r�cup�rais � la sortie, me manque, Haroun-Errachid, et sa gentille surveillante g�n�rale qui m�accueillait � chaque fois que j��tais convoqu�e, me manquent, El Idrissi, avec sa jolie cour, ses arbres vari�s, son jardin fleuri et bien soign� par une main magique, son terrain de sport, ses classes et les professeurs qui me vantaient les efforts et la r�ussite de mes enfants quand j�allais r�cup�rer les bulletins, me manquent, La b�tisse gigantesque de l�h�pital Mustapha, o� tous mes enfants sont n�s, me manque. Didouche, que je longeais parfois accompagn�e de ma fille, l�, je te jure ma belle, je me sentais si fi�re et si fascin�e, que je ne t��changerai jamais, m�me par une ann�e � Paris. Depuis mon d�part, le 8 octobre 2008, moi, locataire de la rue de Gao, port d�Alger, je me sens comme d�racin�e. 32 kilom�tres me s�parent de toi, quand j�y pense, je sens ma t�te chavirer. Alger, mon amour pour toi est si grand, ton feu me br�le, ta beaut� m�envo�te et m��blouit � chaque fois que j�y pense. Sans cet amour qui coule dans mes veines, je me sens si perdue. Je t�aime tellement et aucune autre ville, m�me New York, ne pourra � mes yeux t��galer. Tu me manques tellement. Que Dieu te prot�ge et te b�nisse.