Dix jours apr�s les �meutes, Diar Echems observe une tr�ve. Les promesses de relogement faites par le gouvernement semblent avoir apais� les esprits. Un recensement commencera demain, selon les habitants. Une lueur d�espoir qui est � l�origine de cette accalmie� Wassila Zegtitouche - Alger (Le Soir) - Quartier des Jasmins. Onze heures. Les commerces sont ouverts, les marchands ambulants sillonnent les rues et les caf�s sont bond�s de monde. En cette veille du 1er Novembre, on croise des agents qui s�affairent � r�parer les abribus. Passage du cort�ge pr�sidentiel oblige. Alger fait sa toilette. Et Diar Echems aussi. Une exception cette ann�e, selon les r�sidants. Arriv�s sur les lieux, nous franchissons le seuil de la pauvret�, de la mis�re. Des amas d�ordures �ornent� les all�es et les bas d�immeubles. Des odeurs naus�abondes s�y d�gagent � vous couper le souffle. On se croirait dans une d�charge. Salet�, antennes paraboliques sur les fa�ades, linge �tendu. Un d�cor qui renseigne sur le mal-�tre des habitants. Aucune trace des �meutes d�clench�es onze jours auparavant. Mais pas dans les esprits des habitants. La mis�re est encore l�. Elle s�accroche aux pans des 1 500 habitants. Le poids des maux p�se toujours aussi lourd sur le c�ur des habitants. Au milieu de ce d�cor funeste, des jeunes, regroup�s non loin d�un garage de m�canicien, nous rejoignent. Ils sont optimistes. Les autorit�s concern�es leur ont promis de les reloger, nous disent-ils. Cependant, ils les appellent � garder leur calme. En m�diateur, l�imam contribue au respect de la tr�ve. �Selon les responsables, un recensement d�butera lundi (demain ndlr). Pour l�instant nous observons une tr�ve�, nous explique l�un d�eux. Pourtant leur souffrance, m�me muette, perdure. Leur lutte pour la survie se fait sur fond d�une mis�re grandissante dans des �F0�, nous disent sur un ton ironique nos jeunes interlocuteurs Souakri Sa�d nous invite � entrer dans �sa maison�. Une baraque construite illicitement. Le seuil de la porte franchi, une odeur de moisis nous prend � la gorge. Nous nous retrouvons directement au milieu d�une pi�ce. Au fait, sa maison se constitue d�une pi�ce. Un petit coin situ� � droite � l�entr�e fait office de cuisine. Des matelas sont entrepos�s au fond de la pi�ce, pour faciliter les mouvements � l�int�rieur de la maison. Une grande armoire, pr�te � s��crouler sous la tonne de couvertures et autres objets d�pos�s pardessus. Avec le meuble TV, le canap� sur lequel sont dispos�s les matelas et l�armoire sont les seuls meubles que poss�dent les Souakri. Une machine � coudre fait aussi partie du patrimoine de cette famille de 5 personnes. Un gagne-pain. �Cela fait plus de 15 ans que nous formulons des demandes de logement aupr�s des autorit�s locales. Une pile de dossiers, tous rest�s sans r�ponse�, lance Sa�d. Pour ce dernier, il n�est plus supportable de devoir envoyer ses 3 enfants dans la rue, le temps de se changer. Autour de nous, des voix s�entrem�lent. Des voix qui se rejoignent dans un seul �cho pour crier leur ras-le-bol. Une mis�re v�cue au quotidien. Une mis�re vieille de pr�s de 50 ans. Presque � l�unisson, ils nous d�clarent : �Ils sont en moyenne 10 personnes � se partager un F1. Allez les faire dormir dans une pi�ce-cuisine �� Une �quation difficile � r�soudre ! Une grande majorit� des jeunes de ce quartier font dans la d�brouille. La d�brouille, m�me quand il s�agit de se trouver un petit m�tre carr� pour dormir. Pour cela, ils s�organisent au rythme des saisons. �Nous attendons avec impatience l�arriv�e de l��t� pour occuper les corridors. On y est plus � l�aise�, nous confie une jeune assis sur le rebord du trottoir. Les hommes sont la plus grande partie du temps dans la rue. Un moyen de laisser plus d�espace aux femmes. Ici, nous rappellent les habitants, l�intimit�, ils ne connaissent pas. Demain ils descendront, drapeaux et portraits du pr�sident � la main, assister au d�fil� du 1er Novembre. �C�est pour d�montrer � celui qui nous a trait� de voyous que nous sommes des pacifistes.� Pour ce jeune habitant, fra�chement mari�, son souhait serait de convier un des hauts responsables dans sa �cage�. Sur ce, nous quittons Diar Echems sur les commentaires des jeunes qui ont bien voulu nous d�voiler un pan de leur mis�rable vie.