Préoccupation n Les Algériens s'interrogent si le pays s'inscrira un jour dans une stabilité sécuritaire et un processus de développement durable. La Kabylie est-elle prédestinée à l'instabilité et aux émeutes ? Tout porte à le croire. Il n'y a, en effet, jamais eu de mouvement de protestation en Algérie qui a épargné cette région. Au début des années 2000, la Kabylie se révolte encore. L'assassinat du jeune lycéen Guermah Massinissa, à Beni Douala, le 18 avril 2001 dans une brigade de la gendarmerie, déclenche une «guerre» qui a duré plus de deux ans. On se rappelle bien la phrase de l'ex-ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qualifiant la victime de «voyou». des propos qui ne font qu'attiser davantage le feu. Toute la région était à feu et à sang. Les citoyens protestent, cassent, saccagent tout ce qui symbolise l'Etat, les forces de l'ordre ripostent en tirant à balles réelles sur les manifestants. Bilan : 126 morts et des dégâts matériels considérables. Et la réaction officielle consiste à émettre des promesses dont la majeure partie reste de vains mots près de dix ans après les émeutes. La reconnaissance de tamazight au rang de seconde langue nationale représente le principal acquis. Toutefois, le pouvoir ne fait pas d'efforts pour valoriser cette langue et la rendre obligatoire dans le système éducatif national à travers l'ensemble des régions du pays. Les arouch, porte-parole du mouvement de protestation, ont fini par abandonner le terrain après avoir été «apprivoisés» par un pouvoir qui excelle dans l'art de la démagogie. En 2008, Ghardaïa a vécu au rythme d'émeutes et d'affrontements entre les communautés mozabites et arabes. Une instabilité ayant duré plusieurs semaines et le calme revient après l'intervention des représentants du gouvernement. En avril 2008, de violentes manifestations à Chlef contre le retard pris par les autorités pour compenser les dommages subis par les sinistrés du séisme d'Octobre 1980, qui a fait près de 5 000 morts. Plusieurs personnes sont blessées et une soixantaine de manifestants arrêtés. Les habitants de différents quartiers populaires d'Alger, pour leur part, expriment leur ras-le-bol face aux promesses non tenues des autorités quant à leur relogement dans des habitations décentes. Plusieurs manifestations et émeutes sont enregistrés à Diar El-Kef, Diar-Echems, Bachdjarrah et El-Madania. Les émeutes ayant secoué le quartier de Diar-Echems (El-Madania), le 20 octobre 2009, sont gravées dans les mémoires. Tout le quartier avait explosé. Des jeunes, protestant contre le chômage, l'exclusion et leurs mauvaises conditions de logement, lancent des projectiles sur des policiers. Des émeutes qui s'avèrent payantes, puisque les habitants de ce quartier sont relogés quelques jours plus tard dans de nouvelles cités. Fin décembre 2010, des incidents dans plusieurs autres quartiers périphériques d'Alger opposent, trois jours durant, forces de l'ordre et manifestants, réclamant de meilleurs logements. La nouvelle année 2011 débute au rythme de manifestations populaires contre la hausse des prix. Plusieurs régions du pays sont touchées par des émeutes, faisant cinq morts, plusieurs arrestations et d'importants dégâts matériels. Une question demeure posée : que nous réservent les années à venir ?