La technique de l�implantation cochl�aire a �t� introduite en 2003, en Alg�rie, par le service d�ORL du CHU Mustapha � �quipe du Pr Djennaoui Djamal �, suivi par d�autres CHU du territoire national. Concernant le dispositif de l�implant cochl�aire, nous r�sumons, dans cet article, les donn�es propos�es par le Dr Emilien Radafy et son �quipe du service d�ORL du CHU de Nantes � Laboratoire MXM , invit�s par le Pr Djennaoui, lors de la conf�rence-d�bat �Initiation � la r��ducation d�un enfant implant�, tenue le 20-12-2006, � l�intention des orthophonistes au Laboratoire SLANCOM (Campus de Bouzarr�ah). Concernant la r��ducation orthophonique du sujet implant�, les donn�es, ici synth�tis�es, sont puis�es, outre de notre enseignement du module clinique �Etudes de cas� assur� en licence d�orthophonie depuis 1979, des enseignements de �Surdit� et audiologie�, re�us � la fin des ann�es 70 d�but des ann�es 80 dans le cadre de nos �tudes d�orthophonie � l�Universit� de Paris 6 et dispens�s par le m�decin ORL Denise Busquet et l�orthophoniste Mme Tallandier. La r��ducation du patient implant� ne diff�re de la r��ducation classique du sourd appareill� que par certains points (voir ci-dessous). Dans le livre intitul� �Implant cochl�aire p�diatrique et r��ducation orthophonique. Comment adapter les pratiques ?� (Collection P�diatrie, Flammarion), publi� en janvier 2009 par Nathalie Loundon et Denise Busquet, sont d�velopp�es les sp�cificit�s de la prise en charge en fonction de l'�ge d'implantation et ce, du b�b� � l'adolescent, sans oublier le probl�me du d�pistage de possibles troubles associ�s. I- L�implant cochl�aire C�est en 1957 que le m�decin Charles Eyri�s et le physicien Andr� Djourno ont lanc� les travaux inauguraux sur l�implant, suivis en 1961, par le m�decin am�ricain William House et enfin, en 1978, par le physicien, Graeme Clark, de l'universit� de Melbourne. Il s�agit d�un dispositif �lectronique destin� � restaurer un certain niveau d�audition chez des personnes atteintes d'une perte d'audition s�v�re ou profonde et qui comprennent difficilement la parole � l'aide de proth�ses. Le principe en est (sch�matiquement) de stimuler directement le nerf auditif dans sa partie cochl�aire, en y implantant chirurgicalement des �lectrodes (une vingtaine). De la sorte, l�information �lectrique sera achemin�e jusqu�� l�enc�phale. Le stimuli auditif (excitation nerveuse) est alors per�u et interpr�t� comme un son par les neurones du cerveau. L�implant comprend deux parties principales, l'unit� �lectronique (implant�e) et le processeur vocal externe qui est un appareil miniaturis�, port� discr�tement derri�re l'oreille, sous les cheveux. La transmission est donc transcutan�e. Il existe des processeurs qui peuvent �tre plac�s � la taille et diff�rents mod�les d'implants. Vu le b�n�fice que le sujet sourd en tire, il n�est retir� qu�au moment de dormir. L'indication d'implantation cochl�aire : surdit� de perception profonde bilat�rale ; cas o� la r��ducation orthophonique oraliste sur proth�se s�est r�v�l�e inefficace ; l�enfant ne pr�sente pas de troubles psychologiques ; l�environnement familial est motiv� par cette implantation. II- La r��ducation orthophonique du sujet implant� R�gler le processeur : comme pour le principe de l�audiogramme, pour r�gler le processeur, l�ing�nieur, accompagn� par l�orthophoniste ou le phoniatre teste les seuils d�audibilit� par un conditionnement perception-action. L�enfant r�agit � des sensations auditives, ceci pour activer les �lectrodes. La dur�e du port de l'implant sera progressivement augment�e pour aboutir � un port r�gulier. Une �ducation scolaire adapt�e : il est n�cessaire que l'enfant sourd implant� soit partiellement int�gr� dans une classe d'enfants entendants, cette int�gration est d�termin�e par l'�volution de l'enfant. L�int�gration permet des situations de langage parl� dans lesquelles il pourra �changer, bavarder, jouer avec les sons et le langage. Il a donc besoin des m�mes conditions que l'enfant entendant pour construire son langage. Si l'interlocuteur signe, l'enfant sourd comprend le message gr�ce � une information visuelle et il n'utilisera pas le canal auditif, il n'utilise donc pas son implant. Le travail orthophonique est donc, � raison de 3 s�ances hebdomadaires, essentiellement bas� sur la stimulation de la perception et de la production vocales. Il sera amen�, progressivement, � privil�gier un mode de traitement auditif de l'information verbale, alors qu'auparavant, le canal visuel �tait le principal vecteur des �changes et de la communication. C'est � partir de jeux et d'exp�rimentation du monde sonore que l'enfant prend des rep�res et structure sa perception. Les sensations auditives doivent toujours �tre source de plaisir. De la sorte, est mise en place la boucle audio-phonatoire qui �tait rompue. Les bruits environnants, les jouets sonores et les instruments de musique permettent de d�velopper la perception, mais les exercices portant sur la voix et la parole restent primordiaux dans cette forme de r��ducation. Il s'agira ensuite, tr�s progressivement, de provoquer chez l'enfant le passage d'une sensation auditive � une perception, puis � une compr�hension du message verbal. Cette progression passe par 3 niveaux de perception qui conduisent � la compr�hension du message verbal : 1- La d�tection : l'enfant d�termine la pr�sence ou l'absence d'un stimulus sonore en d�veloppant la fonction d'alerte : frapper � la porte, sonnerie du t�l�phone, jouets sonores� il n'est plus n�cessaire de le toucher pour capter son attention. 2- La discrimination : c'est l'aptitude de l'enfant � diff�rencier auditivement si deux stimuli sont �semblables� ou �diff�rents� sans que la compr�hension du contenu soit n�cessaire : voix d'homme/voix de femme/voix d'enfant ; param�tres acoustiques (intensit�, hauteur des sons, oppositions phonologiques). La technique de discrimination peut passer, mais tr�s ponctuellement, par la lecture labiale. 3- La reconnaissance et la compr�hension : il faut aboutir � la capacit� de l'enfant de comprendre, aussi clairement que possible, le message verbal par la seule voie auditive. Concernant le langage : l'enfant sourd implant� ne devient pas un entendant, il doit faire un effort de d�codage. On utilise alors les m�mes techniques de r��ducation de la parole et du langage que chez l'enfant sourd appareill�, mais en se basant davantage sur le feed-back auditif apport� par l'implant, sachant que l'enfant peut percevoir et identifier tous les phon�mes de la langue. Le d�veloppement du langage de l'enfant sourd implant� suit les m�mes �tapes que le d�veloppement du langage de l'enfant entendant. Notons, comme le souligne Denise Busquet, que la r��ducation de l�enfant implant� est proche de la r��ducation �classique� de l'enfant sourd appareill� mais elle en diff�re par les 4 principaux points suivants : 1- toute la r��ducation se fait uniquement avec l'implant cochl�aire. Tous les autres appareils externes sont donc exclus : vibrateur, amplificateur de table. 2- l�implant cochl�aire permet � l'enfant de percevoir tous les phon�mes du langage car toutes les fr�quences des sons du langage (de 100 Hz � 6 000 Hz) sont transmises par l'implant. Ceci permet un travail fin et d�taill� de la phonologie. Les traits phonologiques pertinents sont per�us m�me lorsqu�ils sont nuanc�s (exemple : sifflant et chuintant). Tous les points d�articulation sont discrimin�s. Le travail de la phonologie est tr�s important pour mettre en place la parole et le langage �crit. 3- l'implant cochl�aire apporte � l'enfant un autocontr�le auditif imm�diat ad�quat de ses productions vocales. Le feed-back permet de contr�ler l'intensit� de sa voix et de la moduler ; 4- on rel�ve donc une �mergence plus rapide et une production plus ais�e des consonnes et des voyelles aig�es. L'acquis d�finitif d'un implant cochl�aire ne peut se juger avant plusieurs ann�es d'utilisation et de r��ducation. Guidance familiale - Conseils portant sur le fonctionnement de l'implant, fonctionnement des batteries� ; - Informations sur le niveau de langage � utiliser : complexifier progressivement lexicalement et syntaxiquement les messages verbaux : on demandera aux parents de communiquer oralement avec leur enfant au moyen de phrases d�abord simples bien modul�es et d'attirer son attention sur les bruits environnants, le but �tant de l�inscrire, peu � peu, dans le monde sonore qui l'entoure ; - Accompagner toutes les activit�s du sujet implant�. N. Z. *Laboratoire sciences du langage � Neurosciences � Communication (SLANCOM), Universit� d�Alger & Chahinaz TIAR, Magister d�orthophonie, Laboratoire SLANCOM, praticienne au service d�ORL du CHU Mustapha.