Au second jour de la gr�ve des travailleurs de la SNVI de Rouiba, la col�re est mont�e d�un cran. Plus nombreux que le premier jour, les gr�vistes ont quitt� leurs ateliers et bureaux pour observer un sit-in, hors du complexe, le long de la partie de la RN5 qui passe par la zone industrielle de Rou�ba. Les autorit�s redoutent l�extension de cette protestation au reste de la zone. Les responsables de l�UGTA d�p�ch�s par leur patron Sidi-Sa�d afin de tenter de casser cette gr�ve ont �t� pri�s de quitter les lieux. A notre arriv�e, quelques responsables de l�UGTA envoy�s par la centrale et la F�d�ration du secteur m�canique tentaient de raisonner les protestataires mais ils sont hu�s par la foule. Il est �vident que les envoy�s de Sidi-Said craignaient que le mouvement de protestation ne fasse tache d�huile dans cette zone tr�s sensible. En clair, la SNVI de Rouiba est connue pour avoir �t� l��tincelle qui alluma les �v�nements de 1988. Des policiers en civil et des gendarmes �taient post�s devant l�entr�e principale de l�entreprise. Au d�but de l�apr�s-midi les responsables de l�UGTA ont improvis� une prise de parole � l�int�rieur du complexe. Les gr�vistes exigeaient, lors de ce meeting, la pr�sence des journalistes venus couvrir la gr�ve �pour entendre les fausses promesses destin�es � casser la gr�ve�. Les agents de s�curit� s�y oppos�rent. La situation �tait � deux doigts de d�g�n�rer. Finalement les travailleurs ont eu gain de cause. Nous avons pu entendre le responsable syndical de l�entreprise entretenir au micro un vague espoir de n�gociation avec le secteur industrie m�canique pour une �ventuelle augmentation. S�agissant du second point des revendications relatif � l�amendement de la loi sur le d�part � la retraite, il s�est content� de dire que la structure qu�il pr�side a fait savoir aux responsables de la Centrale que les travailleurs sont contre la suppression du droit de d�part � la retraite apr�s trente-deux ans de cotisations. �Apr�s avoir constat� que ces responsables tentaient de semer la zizanie entre nous, nous les avons pri� de quitter les lieux�, nous dira plus tard au t�l�phone un gr�viste. Effectivement, selon nos informations, les protestataires ont coup� l�alimentation en �lectricit� des haut-parleurs pour faire cesser ce qu�ils consid�rent comme une mascarade. Situation sociale intenable Nous avons circul� parmi la masse de gr�vistes pour savoir ce qu�ils ont � dire sur le pouvoir d�achat, les salaires qu�ils touchent, ce qui se pr�pare en mati�re de retraite, les conditions de travail et la repr�sentativit� syndicale. Leur situation est peu reluisante. �Au bout de dix ans de service dans un atelier de polyester, tout travailleur ne peut que pr�parer son linceul. Il est impossible pour un �tre humain de travailler plus de 20 ans dans certains ateliers de la SNVI�, lance am�rement un jeune. On nous signale un nombre �lev� d�accidents du travail et de maladies professionnelles. La foule assimile la suppression du droit de d�part � la retraite apr�s 32 ans de cotisations comme une hogra. �ils ont tout et ils veulent nous r�duire � l�esclavage�, crientils en faisant allusion aux dirigeants du pays. �Nous ne pouvons plus vivre avec un salaire de mis�re. Pourtant, lorsque l�on a fait appel � nous, nous avons r�pondu pr�sent�, disent-ils en rappelant leur mobilisation apr�s les catastrophes v�cues par le pays, sans omettre de rappeler qu�ils ont r�alis� en seulement 4 heures le fameux bus qui a transport� l�Equipe nationale de football � travers les rue d�Alger � son retour triomphal de Khartoum. Pour eux le salaire de la SNVI est le plus bas dans le secteur de l�industrie. �Il y a un �norme �cart entre nos salaires et le pouvoir d�achat en Alg�rie.� S�agissant de la r�cente augmentation du SNMG, ils estiment qu�elle profite seulement aux cadres sup�rieurs de l�Etat dont la r�mun�ration est calcul�e pr�cis�ment sur la base de ce salaire minimal. Ils ne manquent pas de signaler les pr�l�vements exorbitants faits sur leurs salaires. �Nous payons plus d�imp�ts que les commer�ants et les importateurs de containers �. Pour preuve, on nous exhibe la fiche de paie d�un technicien de contr�le qui a travaill� pendant 24 ans. Celui-ci touche un salaire de base de 16.026 dinars auxquels s�ajoutent diverses primes. Dans la rubrique des retenues il est mentionn� la soustraction de 3 954 DA pour l�IRG, 2 550 DA pour la CNR, 550 DA pour la SS et 449 DA concernant diverses autres retenues. Au final, apr�s 24 ans de service, le technicien en question est r�mun�r� � 32 000 DA net, y compris les indemnit�s et les primes de rendement. Soit l��quivalent de 290 euros.