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HAMID SKIF AU SOIR D�ALG�RIE :
�Les femmes sont la moiti� du ciel, sans parler de la terre�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 01 - 2010

Les escaliers du ciel est le titre du dernier livre de Hamid Skif. Il pose un regard lucide et conscient sur la condition f�minine � travers plusieurs tableaux d�une r�alit� surprenante. Un livre ni f�ministe ni revendicateur, mais sensible, �mouvant et po�tique.
Propos recueillis par Nassira Belloula
Le Soir d�Alg�rie : Avant tout, qui est Liliane El- Hachemi � qui vous d�diez le livre et consacrez le premier texte intitul� : Lettre � Liliane ?
Hamid Skif : Liliane El- Hachemi �tait sc�nographe. D�origine suisse-allemande, devenue alg�rienne, elle a travaill� longtemps au TNA avec son �poux, le metteur en sc�ne Noureddine El-Hachemi, avant qu�ils ne s�exilent, au d�but des ann�es 1990, � Berlin o� Liliane est d�c�d�e des suites d�un cancer. J�ai fait leur connaissance en 1998. C�est � cette occasion que j�avais vu pour la premi�re fois, dans leur cuisine, simplement accroch�e au mur, la belle miniature de Liliane sur la Casbah. Je lui avais dit qu�elle me plaisait et qu�il se pourrait que j��crive un texte dessus. Un jour, elle m�en a exp�di� une photocopie et c�est ainsi que le livre est n�.
Comment peut-on s�inspirer de miniatures pour faire vivre et mouvoir des personnages f�minins si diff�rents les uns des autres ?
La premi�re id�e qui m��tait venue � l�esprit c�est que la miniature pouvait �tre vue comme une succession de sc�nes ind�pendantes les unes des autres dans une unit� constitu�e par la Casbah. J�ai donc imagin� des situations, des dialogues, en partant des personnages. A l�origine, le livre devait d�ailleurs en �tre illustr�, mais cela n�a pu se faire pour des raisons ind�pendantes de ma volont�.
Pourquoi le choix de la Casbah d�Alger, historique et mythique, pour �crire ces nouvelles, est-ce un pr�texte d��criture ou un appel plus profond ?
Ceux qui me connaissent savent le prix que j�attache � la condition f�minine dans notre soci�t� et aussi � l�histoire, au patrimoine. J�ai saisi l�occasion qui m��tait offerte de rappeler, � travers la vie de ces femmes, celles de la Casbah, les p�rils qu�elles encourent comme le reste de notre patrimoine architectural. Il s�agissait donc d�un pr�texte comme vous dites pour revenir sur des questions qui m�interrogent, m��meuvent, me r�voltent. Ici je le fais sur un ton po�tique, presque l�ger, mais toujours arrim� � des r�alit�s pas toujours gaies.
Les escaliers du ciel est une �chappatoire pour ces femmes incr�dules, amoureuses, joueuses, ou battantes qui voudraient toutes acc�der aux marches de cet escalier, toucher le ciel, belle m�taphore pour raconter la condition f�minine.
Les femmes sont la moiti� du ciel, sans parler de la terre. Cela d�pend �videmment pour qui ? Un jour � Ouargla, un paysan est venu me parler des difficult�s que connaissait la coop�rative de Hassi Benabdallah, un village-pilote perdu dans les sables. Et cet homme m�a dit textuellement : �Ma sandale, sauf ton respect, etc.� Je lui ai demand� ce que venait faire une sandale dans notre discussion. Il m�expliqua alors qu�il parlait de son �pouse ! Elle n��tait, m�taphoriquement parlant, pas plus que �a ! Cela donne une id�e de la conception qu�ont beaucoup de nos compatriotes, en d�pit de leur suppos� attachement au texte coranique, et des progr�s r�alis�s depuis l�ind�pendance, des rapports hommes-femmes. Dans ce petit livre, je donne la parole uniquement aux femmes, leur laissant toute la place. C�est d�ailleurs � travers elles que les hommes apparaissent au fil des r�cits.
Mais n�avez-vous pas peur de peindre ainsi des clich�s, des st�r�otypes, faussant un peu la r�alit� f�minine ou le personnage f�minin, bien que vous ayez un sens de l�observation tr�s d�velopp� ?
Il ne faut pas fuir la r�alit�, mais l�affronter. D�abord, ce n�est pas parce qu�on n�en parle pas que les clich�s et st�r�otypes disparaissent. Ensuite, je raconte des histoires qui sont avant tout destin�es � faire r�ver, attendrir, r�volter, donner du beau, faire r�fl�chir. Devrais-je, pour atteindre ce but, d�peindre des dames qui pensent et parlent comme les �l�gantes des salons alg�rois, des Champs-Elys�es ou d�ailleurs ? Je pouvais �crire sur des intellectuelles, des femmes connues, mais la soci�t� f�minine alg�rienne n�est pas seulement constitu�e par ces figures. Mon projet �tait tout autre : ne pas laisser � ou faire croire � que les femmes qui se battent sont celles dont les portraits figurent dans les journaux, mais aussi, et elles sont majoritaires, celles qui triment pour leur survie, l��ducation de leurs enfants, dans une soci�t� en perte de rep�res, marqu�e par des violences de toutes natures, des femmes courage qui, chaque jour, chaque heure, luttent en silence et sans les sacrifices desquelles la soci�t� alg�rienne n�aurait pas surv�cu aux cataclysmes qu�elle a connus. Oui, les caract�res d�crits dans ce livre existent. Ils ne sont pas identiques, car il s�agit d�un kal�idoscope qui pr�sente des personnages divers confront�s � la p�nible condition des femmes alg�riennes.
Une premi�re lecture nous pousse � penser au machisme, mais l�objectivit� l�emporte, les Rokia, vieilles filles frustr�es qui n�arrivent pas � se marier, ou Rab�a, les veuves qui se retrouvent dans leurs silences ne sont certainement pas des portraits fictifs ?
Je peux pr�tendre avoir une bonne connaissance de notre soci�t�. J�ai sillonn� le pays, v�cu un peu partout, connu des mentalit�s diverses. Je peux d�ailleurs user de diff�rents accents, ce que je fais souvent pour m�amuser, faire rire mes amis. Mais dans ce livre, ce qui m�a servi c�est certainement ma connaissance intime du milieu f�minin, car dans mon enfance j�ai v�cu longtemps au milieu des femmes, �cout� leurs conversations, partag� leurs secrets. Il m�arrive m�me de me livrer � des monologues impromptus reprenant les silences, les non-dits et les cris de r�volte des femmes dissimul�s derri�re les petits riens, les disputes dites futiles mais qui cachent en r�alit� la mis�re sous toutes ses formes, le d�sespoir et l�enfermement. Je dois � ma m�re qui �tait une tr�s bonne conteuse, une femme d�une grande sensibilit� que nous venons de perdre, une partie de ma connaissance du monde f�minin. Ses r�cits, ses po�mes, son ironie, ses truculentes descriptions du monde f�minin, qu�il soit rural ou urbain, ont de tout temps aliment� mon imaginaire. Si elle avait su �crire, elle aurait pu �tre l�auteur de ce livre.
�tre dans la peau de toutes ces femmes, c�est un exploit pour un �homme�, car vous utilisez le je narratif. Qu�avez-vous donc �prouv� en �crivant avec le je f�minin ?
Ce n�est pas un exploit, c�est une question de sensibilit�. Si vous �tes inspir� par la condition humaine, vous �tes forcement concern�, impliqu�. Pour tout �crivain, il y a du plaisir, de la jouissance, parfois de la douleur, � �crire. Et je ne puis le faire en oubliant que les retards accumul�s par notre soci�t� sont dus au statut fait � la femme. Si vous estimez que je suis parvenu en tant qu�homme � parfaitement traduire un univers f�minin, je prends cela pour un grand compliment. M�me si je reconnais avoir parfois plus de difficult� � faire parler mes personnages masculins.
Comment s�est faite la collaboration de ce livre avec Elsie Herberstein, dont les illustrations sont magnifiques ?
J�ai fait connaissance avec le travail de Elsie Herberstein � travers le livre qu�elle avait publi� sur Alger. Enthousiasm� par ce qu�elle fait, je l�ai contact�e pour lui proposer d�illustrer Les escaliers du ciel, ce qu�elle a accept� avec plaisir et une grande g�n�rosit�.
J�ai entendu dire que vous travaillez sur une biographie du peintre Guermaz ?
Oui, j�y travaille depuis 1997. C�est un travail qui r�clame du temps et de la pers�v�rance. Et ce, d�autant plus qu�il manque beaucoup d�informations sur sa prime enfance et son adolescence, son ascendance paternelle et maternelle. Cet immense artiste, dont on d�couvre aujourd�hui la personnalit� et le poids de l��uvre dans l�histoire de la peinture alg�rienne, �tait un homme secret qui cloisonnait ses relations. Contrairement � mes pr�visions initiales, et en raison du fait que j�ai consacr� beaucoup de temps au lancement de l�Ann�e Guermaz, il me faudra encore un peu de temps avant d�achever cette biographie. Auparavant, je publierai une anthologie d�articles critiques. Elle sera compl�t�e par de rares �crits de Guermaz qui �tait non seulement peintre mais �galement journaliste et po�te de qualit�.
Pour le mot de la fin que pensez-vous de la nouvelle litt�rature alg�rienne, qui finalement a fini par s�imposer apr�s des ann�es de silence ?
Lors de mes interventions, et dans les universit�s en particulier, je parle toujours de la litt�rature alg�rienne, car j�en suis tr�s fier. J�abuse parfois de l�hospitalit� qui m�est offerte pour m��taler sur le sujet au point o� mes h�tes me rappellent que je suis invit� pour parler de mes livres et non pas de ceux de mes compatriotes. Cette fiert� vient du fait que notre litt�rature a non seulement de multiples facettes relevant autant de ses langues que des g�n�rations d��crivains qui la produisent, mais aussi un ton, une originalit� qui lui vaudront, dans les ann�es � venir, davantage de reconnaissance encore. Elle explore tous les genres et son niveau est, en d�pit de la faiblesse quantitative de la production, tr�s �lev� si nous devions la comparer � des litt�ratures du m�me �ge. Les promesses de la nouvelle g�n�ration d��crivains m��meuvent et je ne doute pas que nous verrons appara�tre dans les prochaines ann�es, � c�t� d��crivains confirm�s, des auteurs de grand talent.


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