�C�est la seule conf�rence de presse que je vais animer � ce sujet. Et apr�s cette conf�rence, je ne vais plus jamais reparler de cette affaire�. C�est ainsi que le ministre de l�Energie et des Mines a entam�, hier, sa conf�rence de presse � propos du scandale qui secoue la Sonatrach. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Chakib Khelil entre imm�diatement dans le vif du sujet : �Je sais que je vais vous d�cevoir, mais je sais que je ne vais pas vous apprendre grand-chose � propos de cette affaire !� Le ton est donn�. �C�est la presse qui a donn� les �l�ments d�accusation. C�est l�information qui vous est parvenue qui m�est �galement parvenue. Je n�ai pas d�autres �l�ments d�information � vous donner !� Langue de bois ? Aussi surprenant que cela puisse para�tre, l�homme voulait donner l�impression de s�exprimer avec une sinc�rit� d�sarmante. Il n��tait au courant de rien et n�a rien vu venir. Le scandale est pourtant le plus gigantesque de l�histoire de la premi�re soci�t� nationale, avec l�affaire El Paso dans les ann�es soixante-dix et celle, plus r�cente, dite l�affaire BRC. En fin de semaine, en effet, c�est tout simplement le pr�sident-directeur g�n�ral de la Sonatrach, le vice-pr�sident charg� de la commercialisation ainsi que quatre autres hauts cadres de la m�me soci�t� qui sont mis sous contr�le judiciaire. De m�me que les vice-pr�sidents charg�s des activit�s amont et des transports par canalisation qui sont plac�s sous mandat de d�p�t. �A la prison de Serkadji�, pr�cisera Chakib Khelil. Pilier du r�gime Bouteflika depuis son accession au pouvoir, rien, mais alors absolument aucun d�tail concernant de pr�s ou de loin la Sonatrach ou tout ce qui a un quelconque lien avec le secteur de l�energie n��chappe pourtant � cet homme depuis d�cembre 1999. A plus forte raison la Sonatrach, soci�t� strat�gique et vitale dont la gestion et les moindres secrets ont toujours �t� l�apanage exclusif de trois personnes : le P-dg, le ministre de l�Energie et le pr�sident de la R�publique. Tout juste si Chakib Khelil conc�de une g�n�rique et classique pr�somption d�innocence � l�endroit des cadres en question �jusqu�� ce que la justice �mette son verdict�, il �tonnera encore en affirmant qu��en vertu de la convention collective liant la compagnie avec le partenaire social, ils ont droit � un avocat �. Puis davantage encore, lorsqu�il affirme que �personne ne m�a inform� de quoi que ce soit (...) Demandez-le plut�t � ceux qui ont d�pos� plainte. Et d�ailleurs, moi-m�me j�ignore qui a d�pos� plainte, qui a d�clench� cette affaire�. Le minist�re a-t-il ouvert une enqu�te pour faire la lumi�re sur cette gravissime affaire ? �Non !�, r�pond le ministre. Bouteflika a-t-il donn� une quelconque instruction, orientation ou autre demande d�explication ? �Non, � aucun moment�, avouera encore Chakib Khelil, manifestement dans la posture d�impuissance qu�on ne lui connaissait pas jusque-l�. Quelle issue � cette affaire ; quelles en seraient les cons�quences sur l�image de la compagnie et celle du pays ; comment va-t-il g�rer ce dossier ? L� encore, on aura droit � une r�ponse d�routante, mais lourde de sens : �Il faut attendre le verdict de la justice et je suis certain que m�me ce verdict, la presse en sera inform�e avant tout le monde�. Conscient de l�effet de ses propos sur l�assistance, il ass�nera, d�un ton amus�, pour mieux se faire comprendre : �Je sais que je ne vous ai pas convaincus. Mais comment pourrais-je le faire si moi-m�me je ne le suis pas� !