Al-Qa�da m�re semble s��tre dot�e d�un nouveau r�seau m�diatique pour �largir sa propagande, constitu� de �journalistes� totalement engag�s aux c�t�s des organisations terroristes salafistes. La premi�re interview de celui qui est pr�sent� comme un �sp�cialiste des groupes islamistes� a �t� consacr�e � Al-Qa�da au Maghreb islamique (AQMI). Elle est publi�e depuis quelques jours dans plusieurs forums sp�cialis�s dans la diffusion de la propagande de l�organisation. Al-Qa�da recrute des journalistes Dans cette interview, le �sp�cialiste� invit� commence d�abord par remercier Al-Qa�da pour lui avoir donn� du travail et permis de pratiquer son m�tier de journaliste alors que, jusque-l�, avec son �doctorat�, il passait son temps � faire des mots crois�s ou, dans le meilleur des cas, � travailler dans �une cat�gorie de seconde zone dans des publications bimensuelles�. L�intervieweur, de son c�t�, affirme �galement qu�il a �t� dans la m�me situation. R�pondant � une premi�re question, le �sp�cialiste� commence par une pr�sentation d�AQMI. Pour lui, tant que cette organisation �tait encore le GSPC, elle n�agissait exclusivement qu�en Alg�rie, et la totalit� de ses membres et dirigeants �taient alg�riens. Elle n��tait que tr�s peu connue par les �musulmans� � l��tranger, o� elle n�avait aucun soutien du fait de la �complexit� et l�obscurit� qu�a connues la sc�ne alg�rienne�. Mais, observe-t-il, apr�s son all�geance � Ben Laden, elle a connu un �changement radical �, surtout que cette �all�geance � a �t� suivie par celle d�une partie des dirigeants de l�organisation terroriste libyenne du �Groupe islamique combattant libyen�. Ce qui signifie, pour lui, �un �largissement de ses activit�s aux autres pays du Maghreb, des recrutements dans ces pays et davantage de sympathie populaire et, par cons�quent, plus de ressources humaines et plus d�argent�. A l�heure actuelle, �on ne peut pas dire qu�AQMI a r�gress�, estime le �sp�cialiste �. Pour lui, �elle a grandement avanc� au point qu�il est impossible de la d�truire. Il n�y a qu�� se r�f�rer aux d�clarations des responsables politiques et militaires des pays de la r�gion et � celles de l�Am�rique et de la France. On n�entend jamais dire qu�elle a �t� d�truite. Il n�est question que de poursuites, d�encerclements et de privation de mobilit� de ses membres�. Selon lui, �AQMI a pris racine surtout dans le Grand Sahara (entendre Sahel, ndlr), o� elle s�est int�gr�e dans la composante des tribus locales tout le long de la fronti�re saharienne. Celui qui dit que son activit� a recul� ou s�est limit�e se trompe, et les informations et les tractations sur le plan mondial le prouvent�. Il consid�re que �l�action d�AQMI, son niveau de recrutement parmi les enfants des tribus sahariennes et l�influence de l�id�ologie salafiste djihadiste dans certaines tribus, ne fait pas de doute�, en plus de �l�importance du recrutement au sein des pays maghr�bins et du contr�le d�une grande partie du Grand Sahara�. Le Mali dans le collimateur Pour lui, �cette situation a attir� l�attention des grandes puissances occidentales sur le danger qui menace leurs int�r�ts en Afrique du Nord et dans le Grand Sahara et m�me leur s�curit� int�rieure. Ce qui a pouss� l�Am�rique � consacrer 80 millions de dollars pour ce qu�elle appelle la lutte contre le terrorisme dans le Sahara et l�a amen� � faire des pressions sur les Etats de la r�gion pour coordonner leurs actions dans la lutte contre ce qui est appel� le terrorisme. Cette action a �t� � l�origine de rencontres � Syrte, en Libye, qui ont d�bouch� sur la cr�ation par des Etats du Sahel d�une force militaire commune constitu�e de 25 000 hommes parmi les arm�es malienne, nig�rienne, libyenne et alg�rienne, int�grant approximativement 5 000 miliciens du nord du Mali. Si la lutte contre AQMI a demand� autant de forces arm�es, les chiffres avanc�s mettent en doute les discours officiels ambiants dans la r�gion, qui r�duisent la �katibat du Sahara� d�AQMI � une cinquantaine d�hommes arm�s�. Pour ce �journaliste sp�cialis� d�Al-Qa�da�, ce mouvement militaire soutenu par l�Occident va �dans le sens de l�int�r�t d�Al-Qa�da et non contre elle, du fait que celui qui conna�t les tribus locales, notamment les Touaregs, sait le degr� de leur sensibilit� en ce qui concerne toute intervention �trang�re dans leur r�gion, et sait �galement combien ils sont hostiles � leurs gouvernements au Mali et au Niger, qu�ils combattent. Surtout le Mali, soutenu directement par l�Am�rique pour qu�il combatte, � la fois, les Touaregs et Al-Qa�da. Les rebelles de Bahanga (il s�agit d�Ibrahim Ag Bahanga, ancien chef rebelle qui vit actuellement en Libye, ndlr) avaient tir� sur un avion am�ricain en d�cembre 2007. Et le d�put� targui Abbas Intala s�est �lev� contre une pr�sence militaire �trang�re. Cette hostilit� envers l�Am�rique va dans le sens de l�int�r�t d�Al-Qa�da, en plus du fait que les arm�es locales ont �t� form�es pour les guerres classiques ; et m�me si elles ont �t� entra�n�es, par la suite, pour le combat contre la gu�rilla, l�avantage du terrain et de l�exp�rience est en faveur d�Al-Qa�da. Elle a plus de pratique et de combativit� et une meilleure connaissance du Sahara. Et, plus que tout, elle se bat pour une croyance (religieuse). En d�finitive, ces arm�es (des Etats du Sahel) seront pour AQMI de v�ritables entrep�ts d�armes. L��limination de 28 militaires par AQMI dans une base au Mali et la r�cup�ration de leurs armes et des munitions en sont un aper�u (il s�agit de l�attaque du 4 juillet dernier, revendiqu�e par AQMI, ndlr). L�abandon des attentats-suicides ? En ce qui concerne les enl�vements de �ressortissants occidentaux�, la question a soulev� une pol�mique au sein des leaders du salafisme djihadiste et rencontr� l�opposition du cheikh Abou Bassir (il s�agit d�Abdelmoun��m Mustapha Halima dit Abou Bassir Ettartoussi, qui, sollicit� par le GSPC en 2004 pour une fetwa justifiant le kidnapping des Occidentaux, s�est prononc� pour l�illic�it� religieuse de cette pratique), mais la plupart des autres l�ont approuv�e. Le d�bat a �t� clos par la branche d�Al-Qa�da dans la P�ninsule arabique avec son livre Le dit clair sur le ciblage des touristes. L�enl�vement de touristes dans les villes est un signe de la vitalit� et de l�expansion de l�activit� d�AQMI, qui les ran�onne par la lib�ration de ses membres d�tenus dans les Etats de la r�gion ou celle de leaders emprisonn�s dans les Etats d�origine des ressortissants enlev�s, ou contre des sommes d�argent, tout cela �tant �permis� par la charia. Mais pour le �sp�cialiste �, l��volution des kidnappings dans le Sahel ne signifie pas qu�il y a une r�gression d�AQMI dans le Nord. Il reconna�t, en revanche, un �recul des attentats-suicides� et de ce qu�il consid�re comme �une concentration sur les actions arm�es comme les bombes, les embuscades et les attentats �. Refusant de trop s��taler sur la r�gression des attentats kamikazes, il �pense� qu�AQMI a d� proc�der � des �r�visions th�ologiques� sur cette question et �tabli des �conditions sur le d�veloppement de cette pratique, qu�elle a limit�e uniquement � certains objectifs importants qu�elle ne peut atteindre que par cette voie�. Quant � l�avenir d�AQMI, il estime que du fait de l�intervention directe ou indirecte des puissances occidentales dans les pays musulmans, l�organisation va �largir ses recrutements et la diffusion de l�id�ologie salafiste djihadiste et avancer davantage dans la r�alisation de son objectif, l�unification du djihad contre les tyrans et le retour du califat islamique. S�il y a quelque chose � retenir de cette �interview� venant du sein d�Al-Qa�da, c�est cette confirmation que l�organisation terroriste est en net recul en Alg�rie, et n�ayant pu pr�tendre � une expansion maghr�bine du fait des coups r�p�titifs qu�elle a re�us en Alg�rie, elle compte mettre � profit ses bases arri�re qu�elle a implant�es en toute impunit� depuis des ann�es au Mali, pour repartir d�un souffle nouveau dans ce pays et ailleurs si elle ne rencontre pas une r�sistance franchement d�termin�e.