«Manque de pistes d'accès à certains endroits, manque d'aménagements préventifs, insuffisances de la surveillance et absence de points de stockage des eaux», a affirmé le colonel Farouk Achour. Le chargé de la communication au niveau de la Direction générale de la Protection civile qui animait, hier, une conférence de presse, résume ainsi les difficultés auxquelles les sapeurs-pompiers sont confrontés à travers le pays afin d'intervenir à temps et avec plus d'efficacité et moins de risques pour éteindre les feux de forêt qui se sont développés de manière exponentielle cette année. Le coupable est tout désigné ; les services des forêts ont la responsabilité de la gestion des forêts, c'est donc à eux qu'incombe la mission de mettre en place tous ces dispositifs. La Protection civile était, en effet, sur le feu ardent durant la période allant du 31 juillet au 2 août, qui a vu la canicule sévir sur le pays et où les températures ont dépassé parfois les 44 degrés. «Il y a eu des journées durant lesquelles nous avions fait face à plus de 70 départs de feux dans une seule wilaya», déplore le colonel Achour. Avant de lancer les insinuations citées plus haut, le chef de la communication de la Protection civile, a donné la parole au commandant Bencheikha, chef de bureau des moyens opérationnels au niveau de la DG de la Protection civile pour faire lecture des dispositions dégagées par ce corps constitué pour lutter contre les incendies de forêts et détailler une partie du lourd bilan laissé par de nombreux incendies qui ont touché particulièrement les wilaya de l'Est et du Centre du pays. Avant d'énumérer les dégâts occasionnés, l'officier fait part de quelques actions de sensibilisation et de prévention ainsi que les moyens matériels mobilisés pour faire face aux incendies lesquels, d'après les statistiques des forêts publiées la semaine passée par Le Soir d'Algérie ont augmenté cette année de 369,87%. Le commandant Bencheikha affirme que la Protection civile a mobilisé 438 unités autour des régions disposant d'un massif. Ces 438 unités sont classées en 3 types, en fonction de la nature de la forêt dont chacune a la charge. A ces 438 unités locales s'ajoutent 22 colonnes mobiles d'intervention disséminées à travers le pays et chacune a en charge un secteur qui lui est affecté. Une colonne est dotée de 52 sapeurs-pompiers et équipée d'un engin, d'un bus, d'un camion-citerne et d'une ambulance. La lutte contre les feux se fait «en montée de puissance» c'est-à-dire que les moyens sont affectés en fonction de l'évolution du feu explique l'orateur. L'unité locale est la première à intervenir. «S'agissant des incendies de récoltes, très souvent, ils prennent naissance à partir des moissonneuses-batteuses», précise le commandant. Jusqu'à hier – au cours de la conférence, un feu de forêt est parti dans la région de Tipasa — la Protection civile a mobilisé 20 000 hommes, elle a effectué 2 227 interventions en forêt. Les officiers n'ont pas donné le bilan des pertes humaines ni le nombre de pyromanes arrêtés, mais précisent que 2 agents de leur corporation ont perdu la vie en accomplissant leur devoir alors que 3 ont été blessés dont un grièvement. Pour rappel, les services de la Gendarmerie nationale font état dans leur bilan pour la période entre le 20 juillet et le 13 août, du décès de 9 personnes et 17 blessés victimes des incendies de forêts. Selon le même bilan, 26 personnes soupçonnées d'avoir mis le feu dans une forêt ont été arrêtées dans 7 wilayas notamment en Kabylie et à l'Est du pays. Le commandant Bencheikha signale de son côté, la destruction de 1 588,35 hectares de récoltes, la destruction de 3.946 palmiers-dattiers, 166 646 arbres fruitiers et 186 181 bottes de foin. Le bilan de la Protection civile est provisoire. Le sous-directeur de la protection du patrimoine forestier auprès de la Direction générale des forêts, Abdelghani Benmessaoud qui a participé à ce point de presse, donne quelques informations. Il dira que les services des forêts ont déployé 455 postes de vigiles avec environ 1 000 hommes et 481 brigades de premières interventions. D'après les statistiques des Forêts, il y a eu jusqu'à ce jour, 2 121 départs de feux de forêt recensés, signalant la destruction partielle du parc national d'El Kala dans l'extrême est du pays. Il confirme ce que tout le monde constate, c'est la partie du nord/est du pays qui est la plus atteinte. «Il est difficile de lutter contre les feux de forêt dans une superficie de 4 000 000 d'hectares de bois dans un terrain très accidenté», dira-t-il. Il réitère l'accusation qu'il nous a confiée la semaine passée : l'être humain est la principale cause dans ces catastrophes écologiques, environnementales et économiques. Répondant aux insinuations du colonel, il se contentera d'affirmer. «Chaque piste a sa vocation.» Sans donner plus de précisions.