Ton regard est si triste mon enfant, je sens que tu es angoiss�, nerveux, tes soupirs, la nuit, me brisent le c�ur, tes larmes refoul�es brillent dans tes grands yeux marrons. Qu�as-tu mon enfant ? Raconte un peu ce que te font subir ces hommes cruels, sans conscience, parle et ne crains rien, je suis pr�te � t��couter jusqu�au petit matin afin d�all�ger un peu le poids qui p�se sur ton c�ur si jeune et innocent. Je sais que tu n�es pas malade, que tu es fort et un brave travailleur, toi bachelier, licenci�, technicien, avocat et m�me sans niveau, et ceux qui te ressemblent. Votre mal, c�est le ch�mage, votre course � la recherche d�un job � l�Anem sans r�sultat te fait craindre un avenir incertain dans un pays si beau et si riche. Ton inqui�tude, je la sens, je la vis, pour toi et tes fr�res, ta patience, je la partage et ta col�re est justifi�e. Le sommeil te fuit la nuit, je le sais, je ressens ton insomnie au rai de lumi�re de la t�l�vision par le bas de la porte. Tu es confront� � une r�alit� am�re et ton ch�mage se prolonge, je sais que leurs coups bas sont tr�s durs � encaisser, leurs promesses dures � avaler. C�est l��re des m�diocres qui r�gne et elle est la reine. Pauvres dipl�m�s, on vous fait courir, vous �tes comme une balle de ping pong, l�un vous promet et l�autre vous fait perdre l�espoir, quant au troisi�me, il vous demande de patienter. Tels sont certains patrons des soci�t�s de notre cher pays. Ils n�ont aucune conscience car leurs enfants sont � l�abri et ne manquent de rien. Vous, journaliers du port, votre attente est si longue et am�re, vos dipl�mes n�ont aucune valeur � leurs yeux, les bonnes places, c�est pour leur prog�niture. A leurs yeux, vous n�avez jamais exist�, de votre bravoure, ils n�ont jamais h�rit�, de votre force de caract�re et de votre patience, ils n�ont jamais entendu parler, et font tout pour l��touffer, de votre s�rieux, ils n�ont que faire. Quant � ton pain que tu veux gagner avec dignit�, ils ont, depuis belle lurette, enterr� la leur ou peut-�tre ils l�ont vendue au diable. Ce qui leur importe, c�est monter les �chelons, amasser beaucoup d�argent en d�pit de ton labeur, ton salaire compte beaucoup pour eux, et c�est dans leurs poches qu�ils veulent qu�il atterrisse ou pour les proches et les amis qu�ils pr�f�rent le donner. Toi, tu n�es rien pour eux, tu n�existes pas. R�siste, jeune Alg�rien, sois fort, la t�te toujours haute, arme-toi de patience, c�est l�arme du brave Alg�rien, ne d�sesp�re pas, mais ne capitule jamais. Enfin, si tu trouves que tu ne peux rien, et que la r�alit� te d�passe, saches que leurs consciences sont en hibernation, leurs c�urs sont verrouill�s, l�argent a pris la place de l�amour d�autrui et l�amour du prochain n�a pas de place. Ils sont devenus aveugles, cruels et froids. Tout ce que je peux t�offrir mon fils, c�est d�aimer ta patrie malgr� tes souffrances, car t�t ou tard, tu trouveras ta place, si ce n�est pas aujourd�hui, ce sera demain. Reste debout et mets toi �a dans la t�te : �La vie est un man�ge et nul n�est �ternel. � Leur jour viendra o� ils seront d�tr�n� � leur tour. Le roi est mort, vive le roi. L�histoire se refait d�elle-m�me. L�amour de l�Alg�rie te rendra plus fort. Notre devise nous, simples Alg�riens, est �tre honn�te, loyal et sans int�r�t. Le jour viendra et c�est � vous, alors, de prendre le flambeau, ne suivez jamais leur parcours de faux jetons. Je sais que ce n�est pas pour demain. Mais le jour viendra !