Ma vie enti�re je l�ai consacr�e � t�aimer. Tout enfant, je t�avais aim�e dans la douleur des ann�es de feu, de l�ignorance et de la faim. Ta tristesse voilait les rayons de soleil au z�nith et pendant la nuit, la pleine-lune perdait de sa clart�. Lorsque tu �tais triste, les astres l��taient aussi. Ton vaste ciel formait une toile divine qui changeait au gr� du vent transportant des nuages denses, source des t�n�bres de plein jour. Tout petit, je ne pouvais rien faire pour te rendre heureuse, mais je savais que tu m�aimais car, sans me rendre compte, je sentais que tu ne cessais de m�enlacer, me serrant dans tes bras pour me voir grandir. Je r�fl�chissais tout le temps sur ton sort en esp�rant un jour trouver un moyen d��loigner la mal�diction qui t�a frapp�e. Ta beaut� est in�galable et je suis tomb� fou amoureux de toi pour ne plus regarder ailleurs. Mon amour pour toi devait bien avoir une arm�e �quip�e de glaives tranchants, capables d��loigner tout autre pr�tendant rival. Il fallait donc une arm�e farouche convaincue, ne reculant devant aucune force pour te lib�rer enti�rement et te rendre ta ga�t�. Ayant regard� les traces de ta tristesse sur mon visage, des femmes et des hommes avaient ressenti mon inqui�tude pour s��lancer ensuite � constituer cette arm�e farouche qui avait pris ta d�fense. Il a fallu de la bravoure, de l�h�ro�sme et beaucoup de convictions pour atteindre ta lib�ration. Quoi de plus beau que celle que je ch�rissais retrouva sa libert� ? Ta libert� retrouv�e, je n�ai cess� de danser et de chanter des refrains louant la profondeur de ton �me et la sensualit� de ton c�ur dont le mien ne bat que pour lui. Une fois la valse termin�e, je commen�ais � prendre conscience avec l�avancement de mon �ge. J�ai su que l�amour se consommait entre deux personnes et qu�il avait pour r�gle l�expression �donner sans attendre�. L�amour est naturellement cette unicit� qui ne se divise pas. C�est de tout �a que j�ai compris pourquoi ma m�re t�a offert ses bijoux avec �l�gance en plus des �youyous� stridents insinuant par l� que tu seras ma future princesse. C�est de tout �a que j�ai compris pourquoi mon p�re a �t� tortur�, tra�nant avec lui les s�quelles des s�vices subis avec un silence religieux jusqu�� la fin de ses jours. Que ferais-je pour toi maintenant que tu es libre ? Pour te plaire encore plus, j�avais pris mon destin en main. Il a fallu que je comble le retard accumul� durant les ann�es de disettes provoqu�es par des envahisseurs sans foi ni loi. Je n�esp�rais pas aller loin dans la qu�te du savoir en raison de ma pauvret�. Mais que vaut un homme sans moyens et sans le savoir, avec en plus, comme ambition, la conqu�te d�une princesse ? Le mensonge n�est pas payant ! J�ai pein� durablement pour acqu�rir le peu de savoir que je d�tiens et que je trouve maintenant salvateur pour m�adresser � toi. Pour te dire que malgr� tout le mal qu�on t�a fait, je ne cesserai jamais de t�aimer et d��lever ma voix pour te prot�ger. L�Amour est partout, dans ton ciel, sur tes dunes, sur l��tendue de tes plages, sur tes montagnes, dans tes rivi�res, dans tes plaines. Ton d�sert est s�duisant par ses oasis parsem�es de palmiers agr�ables � la contemplation dont les fruits sucr�s fondent � la bouche comme un tendre baiser. G�n�reuse, tes entrailles rec�lent des richesses inou�es, signe de ta fertilit� tant convoit�e par les nouveaux spoliateurs arm�s du dessein de te rendre laide et aride. Tu resteras belle �ternellement, car vraiment tu es belle et tu m�rites tout l�amour que je te dois. Ne t�en fais pas, les spoliateurs ne r�ussiront jamais � t�abattre ou te dominer longtemps, comme les premiers, l�arm�e de l�amour les chassera un jour. Tu me verras encore danser et chanter des refrains louant ta grandeur, pas comme un enfant de jadis, mais comme un vieux qui ne se lasserait jamais de ton amour. N. B. : Ce texte est d�di� � M. Ma�mar Farah, avec, bien s�r, mon soutien absolu pour ses convictions de l�Alg�rie d�hier et d�aujourd�hui.