Difficile de ne pas sacrifier au rituel du 8 Mars. D�cocher cette petite fl�che perfide pour dire toujours la m�me chose : quoi qu�il en soit, �a devrait �tre tous les jours, chaque jour, la journ�e de la femme. Verser quelques gouttes de sirop d�orgeat, r�gurgiter quelques rasades de lyrisme tir� � quatre �pingles et fleuri comme un bouquet de circonstance, un jour par an, �a ne mange certes pas de pain, mais �a ne fait avancer aucun schmilblick non plus. Pourtant, ce n�est pas mauvais de se souvenir, m�me lors d�un 8 Mars c�l�br� avec tonitruance par l�UNFA et ses clones, que la condition de la femme reste plus que d�sastreuse dans le pays. Il faut se rappeler qu��tant jadis en avance, l�Alg�rie se retrouve aujourd�hui en retard sur la Tunisie et m�me le Maroc en mati�re de statut personnel. Les rafistolages du code de la famille, m�me s�ils constituent une timide avanc�e, ne sont pas de nature � nous faire pavoiser comme des parangons de l��galit� hommes-femmes et de l��mancipation de ces derni�res. Quelques chiffres nous ass�nent leur horrible cruaut�. Une femme pr�sidente ? Jamais ! Inenvisageable, bien s�r. Pourtant, �a pourrait faire du bien � ce pays ! Femme ministre ? Euh !... Oui, bien s�r, quelques-unes, parfois, jet�es dans l�ar�ne � ferrailler avec la figuration. Comp�tence ou tapisserie, vieux d�bat, inextricable ! Quoi d�autre ? Seules deux assembl�es locales en Alg�rie sont pr�sid�es par des femmes. Le m�diocre taux de repr�sentation parlementaire des femmes est malheureusement conforme � l�indice international. Enfin, tout de m�me un chouia plus faible chez nous puisqu�il est de 4,8 % lorsqu�il caracole ailleurs autour de 17 % (pour les Chambres hautes) et de 17,07 dans les Parlements. M�me si c�est en basses eaux, �a felouque ! Ce 8 Mars n�est pas comme les autres, assur�ment. C�est un anniversaire. Un de ces moments o� il est loisible d��valuer les bilans et les faiblesses. C�est le centi�me anniversaire de ce 8 Mars 1910, jour o� Clara Zetkin, journaliste allemande, directrice de la revue L��galit�, fit sa proposition d�organiser une journ�e internationale de la femme en vue de promouvoir notamment leur droit de vote, � la 2e Conf�rence internationale des femmes socialistes r�unissant � Copenhague une centaine de d�l�gu�es de 17 pays. La revendication du droit de vote avait �t� � l�origine de grandes manifestations d�ouvri�res aux Etats-Unis deux ann�es de suite, en 1908 et en 1909. Le combat de Clara Zetkin et de ses camarades est loin d�avoir �t� vain, puisque cent ans plus tard, l�Allemagne, o� les femmes n�obtinrent le droit de voter qu�en 1918, est dirig�e par une chanceli�re, Angela Merkel. Pr�sidentes, ministres, conseill�res, les femmes �au pouvoir� dans le monde sont plus nombreuses en 2010 mais �a reste notablement faible. Neuf chefs d�Etat sont des femmes. En Argentine, Cristina Kirchner est �lue en octobre 2009. Elue quant � elle en 2006, Michelle Bachelet, a marqu� le Chili. En Inde, Pratibha Patil, �lue en juillet 2007, est la premi�re femme � acc�der � cette fonction dans le pays, tandis qu�aux Philippines, la vice-pr�sidente Gloria Arroyo est nomm�e en janvier 2001 chef de l�Etat pour remplacer Joseph Estrada, destitu� pour corruption. Elue en 2004. Premi�re femme � acc�der � la magistrature supr�me en 2000 en Finlande, Tarja Halonen est r��lue en janvier 2006. Mary McAleese, �lue en Irlande en 1997, a succ�d� � Mary Robinson, premi�re femme � ce poste dans ce pays. R��lue en octobre 2004. Doris Leuthard est �lue par le Parlement pr�sidente de la Conf�d�ration helv�tique pour l�ann�e 2010, elle est la troisi�me femme � occuper cette fonction depuis 1848. Au Liberia, Ellen Johnson Sirleaf est devenue la premi�re femme �lue � la t�te d�un pays africain en novembre 2005. Moins d�une dizaine de pays ont une femme comme chef de gouvernement. Ce club hyper ferm� vient d��tre rejoint par Laura Chinchilla, une politologue de 50 ans, devenue la premi�re femme � acc�der � la pr�sidence du Costa Rica. En Alg�rie, �lue� Coupez ! Immenses avanc�es en un si�cle. Cependant, pi�tres pourcentages par rapport aux hommes qui, moins nombreux sur la plan�te, sont aux commandes de l��conomie et de la politique. Mais quand des mastodontes comme l�Allemagne sont dirig�s par des femmes, �a change quand m�me. �a change quoi, au fait ? Pas plus que les hommes, les femmes au pouvoir dans tous ces pays ne se distinguent en se d�marquant des politiques n�olib�rales d�brid�es qui donnent � manger aux riches, d�j� goinfr�s. Il est loin, donc, le temps o� des r�volutionnaires comme Clara Zetkin se battaient pour les droits des femmes, � la fois au plan politique (droit de vote) mais aussi �conomique, la femme �tant l�exploit�e des exploit�s eux-m�mes. Au fil du temps, au hasard des heurts d�un monde tarabiscot�, le combat d�origine a m�me �t� d�tourn�, d�une certaine mani�re, pour servir de suppl�ment d��me � des groupes qui, du haut du pav� qu�ils tiennent, r�duisent ce combat � une coquetterie bourgeoise. Bref, revenons chez nous, � Hassi Messaoud. Des pays o� se d�roulent dans le silence qui fut le leur des �v�nements comme ceux de Hassi Messaoud devraient �tre dirig�s par des femmes. Imp�ratif ! Pour jeter par-dessus bord tout ce machisme et cette tartufferie qui tiennent lieu de paternalisme imb�cile et r�gressif. Tu me diras que m�me une femme pourrait faire comme les hommes. C�est vrai� Une fois l�-haut, on ne sait jamais�