M. Hamid Temmar, ministre de l�Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI), a ouvert samedi les Premi�res Assises nationales des industries agroalimentaires � la r�sidence Djenane-El-Mithak. Plac�es sous le signe de �la contribution des industries agroalimentaires � la s�curit� alimentaire de la nation�, elles seront encadr�es par un document de r�f�rence de 160 pages traitant du cadre m�thodologique, de l��tat des lieux et des enjeux, de la strat�gie de d�veloppement et des outils de sa mise en �uvre et, enfin, d�un plan d�action � l�horizon 2014. Des enjeux colossaux Les industries agroalimentaires repr�sentent un enjeu vital de s�curit� d�abord. La r�cente rar�faction des produits alimentaires et les hausses des cours, aussi vertigineuses que violentes, qu�elle a provoqu�es a plong� la plan�te dans une crise alimentaire sans pr�c�dent. Plus grave : cela ne semble �tre qu�un d�but. Les activit�s �conomiques qui concourent � la production et la distribution des biens agricoles et alimentaires couvrent un champ d�investigation de plus en plus vaste et complexe qui comprend plusieurs segments �conomiques (agrofournitures, agriculture, industrie alimentaire, distribution, commerce international). La d�finition actuelle de la s�curit� alimentaire est fond�e sur cinq dimensions principales : 1- une disponibilit� des approvisionnements en quantit� et qualit� ; 2- une stabilit� raisonnable sur l�ann�e ; 3- un acc�s raisonnable aux disponibilit�s ; 4- la pr�servation de la sant� (innocuit� des aliments, pr�vention des risques) ; 5- la pr�servation de l�environnement (garantir la durabilit�). Comme le rel�ve, et le souligne, M. Temmar, �les probl�mes pour les pays tr�s d�pendants sur le plan alimentaire ne font que commencer � et �les choix ne sont plus simplement d�ordre �conomique mais rel�vent de la pr�servation de la s�curit� de la nation�. Enjeu financier consid�rable aussi Les importations alimentaires ont atteint 8 milliards de dollars en 2008. Chiffre qui doit �tre port� � 12 milliards de dollars lorsqu�on inclut les consommations de l�amont agricole (facteurs de production) et industriel (biens d��quipements et demi-produits). Ce sont donc plus de 12 milliards de $US qui sont n�cessaires pour rendre disponibles chaque ann�e les produits alimentaires. Les exportations agricoles rapportaient pendant la m�me p�riode 119 millions de dollars dont moins de 10 % de produits �labor�s. Chez nous, les exportations de produits agroalimentaires restent marginales alors que le Maroc, avec plus de 2 milliards de dollars, r�alise plus de 20 % de ses exportations dans ce secteur. Ces exportations ne repr�sentent que 0,15 % des exportations totales et 6,1 % des exportations hors hydrocarbures. Elles ne couvrent en fait que 1,5 % des importations des biens alimentaires. Un �tat des lieux d�plorable C�est de la clart� du bilan que d�pendent la perspicacit� des actions � envisager et leur r�ussite. Ainsi, un plan d�action est soumis par le MIPI aux Assises qui repose, de l�aveu m�me de M. Temmar, sur �la r�alisation de diagnostics strat�giques de toutes les fili�res (pour �viter le volontarisme improductif), l�analyse des perspectives de croissance sous-sectorielle, ainsi que la promotion des territoires � haut potentiel, la mutualisation et la mise en r�seau des entreprises�. Le secteur industriel se trouve dans son ensemble dans un �tat d�plorable. Une double action associant ouverture des march�s et privatisations a r�duit l�industrie nationale au r�le de parent pauvre de l��conomie, avec 5 % du PIB et 8 % de la population active (apr�s avoir atteint 20 % � la fin des ann�es 1970). Comme si privatisations signifiaient d�sindustrialisation. La branche agroalimentaire est la premi�re affect�e, parce qu�elle fournit � elle seule plus de la moiti� du PIB industriel, s�accapare environ 60 % des consommations interm�diaires et occupe 40 % de la population active industrielle. Au cours des 15 derni�res ann�es, l�industrie agroalimentaire a doubl� sa production. Cette pr�pond�rance de l'agroalimentaire dans l�industrie est plus accentu�e dans le secteur priv� puisque cette activit� repr�sente plus de 70 % entre 2000 et 2003. Le secteur priv� est dominant dans cette activit� plus que dans toute autre, et r�alise dans ce secteur pr�s de 85 % de la valeur ajout�e. Un premier indice permet de mesurer le chemin qui reste � parcourir : si de par le monde 75 % des productions agricoles sont transform�s par les industries agroalimentaires avant leur mise sur les march�s, chez nous cette proportion reste insignifiante. Une strat�gie salutaire Le diagnostic recense cinq maux � traiter li�s � des probl�mes d�extraversion, de r�gulation, de sant� publique, de productivit� et de repr�sentation. Outre qu�elles sont peu connect�es avec l�amont agricole, les fili�res agroalimentaires sont tr�s d�pendantes de l�ext�rieur : 100 % pour le sucre, 95 % pour l�huile, 90 % pour les viandes blanches, 85 % pour les l�gumes secs, 70 % pour les c�r�ales et 57 % pour le lait. Les probl�mes de r�gulation attestent d�un g�chis en mati�re d�utilisation des capacit�s de production : quatre fili�res affichent ainsi des capacit�s de traitement doubles par rapport � la demande int�rieure (c�r�ales, huile, sucre et bi�re). Les probl�mes de sant� publique t�moignent des incidences de la nature de l�offre sur le mod�le de consommation : la ration alimentaire t�moigne de la pr�pond�rance des c�r�ales comparativement aux apports caloriques. En Alg�rie, la consommation des m�nages a connu une �volution erratique et peut �tre distingu�e en trois phases : - Tr�s faible dans les ann�es 1960 avec 315 dollars/habitant en 1962 en dollars constants 2000; - En 1985, niveau record avec 1 114 $, date � partir de laquelle la consommation par t�te d�habitant n'a cess� de baisser jusqu'� atteindre en 1995 son niveau le plus faible, soit 726 dollars. - Depuis 1998, elle a repris son ascension jusqu'� atteindre 968 dollars en 2007, sans pour autant rejoindre son niveau de 1985 o� elle �tait sup�rieure � celle du Maroc, de la Tunisie, de l'Egypte et d'un tr�s grand nombre de pays en d�veloppement. Celle d'un pays d�velopp� comme la France �tait de l'ordre de 9 727 dollars, soit 8,75 fois celle de l'Alg�rie. En 2007, le Fran�ais consommait presque 15 fois plus que l'Alg�rien. Mais les pays en d�veloppement ont aussi largement d�pass� le niveau de l'Alg�rie, comme le Maroc avec 998 dollars, la Tunisie 1 632 dollars, l'Egypte 1 329 dollars. La consommation par habitant en Alg�rie reste en valeurs bien en dessous de celle enregistr�e par les pays du pourtour m�diterran�en. La consommation moyenne par habitant des principaux produits (l�gumes, viandes, poisson, fruits) reste en Alg�rie inf�rieure � celle des pays voisins, hormis le lait (mais � quel prix ?). Pour l'Alg�rie, le lait est encore un produit subventionn� dont l'importation repr�sente 50 % de la consommation, alors qu'elle ne repr�sente que 29 % au Maroc, 11 % en Tunisie et 19 % en Egypte. Les d�penses alimentaires des m�nages absorbent 44 % de leur budget. Le deuxi�me poste est le logement (entre 13 et 14 %), l�habillement et le transport ne figurent qu�en 4e position (9%), devant la sant�, l��ducation et loisirs (4%). Il est indispensable de conna�tre les besoins �nerg�tiques et nutritifs des populations pour proc�der � une �valuation compl�te des disponibilit�s alimentaires et des besoins nutritionnels, ce qui permet ainsi aux gouvernants de suivre les programmes de nutrition et de planifier les activit�s de d�veloppement. La base m�me de toute projection est al�atoire dans notre pays en raison de la tr�s faible fiabilit� des statistiques sur lesquelles elle doit s�appuyer. Or, pour l�essentiel, les produits agroindustriels de premi�re n�cessit� sont dispens�s par des entreprises publiques (c�r�ales et lait) et priv�es (sucre et huile) qui font largement appel � l�importation. Les probl�mes de productivit� t�moignent pour leur part de l�incapacit� des structures de production et d��levage � atteindre des tailles critiques. Enfin, les probl�mes de repr�sentation attestent de la faiblesse des associations et organisations professionnelles du secteur. Les chances de r�ussite de la strat�gie d�pendent, selon M. Temmar, de la capacit� du secteur � �relever trois d�fis : - la mise � niveau technologique des entreprises, - l�institution de m�canismes de concertation intersectorielle, - La valorisation des mati�res premi�res nationales et leur industrialisation �. La d�marche se veut enfin �participative, multisectorielle, prospective et op�rationnelle�. Le plan national de d�veloppement des industries agroalimentaires a pour objectifs strat�giques � l�horizon 2014, donc imm�diats, la substitution d�importation (par l�intensification de la production agricole et le renforcement du potentiel industriel, de la qualit� et de la s�curit� des aliments) et la promotion des exportations (par une industrialisation orient�e vers les march�s ext�rieurs et appuy�e par le d�veloppement de la recherche agricole et technologique, l�innovation, l�attraction des IDE et la promotion du partenariat). Six axes d�action prioritaires sont identifi�s � cet effet dans les industries agroalimentaires : - Accroissement de leur contribution au PIB industriel : de 50 % en 2009 � 60 % en 2014. - Densification de leur tissu industriel : cr�ation de 500 entreprises au sein de technopoles entre 2010 et 2014, chaque entreprise disposant � �ch�ance d�une moyenne taille critique de 200 travailleurs, soit la cr�ation globalement de 100 000 emplois � 2014. - Mise � niveau aux normes internationales de 500 entreprises (dont 200 certifi�es ISO 22 000 �ligibles aux op�rations d�exportation). - Renforcement des capacit�s d�exportation : cr�ation de 5 consortiums d�exportation devant arriver � l�horizon 2014 � multiplier par 10 le volume des exportations de produits agroalimentaires (il s�agit de faire passer les exportations agroalimentaires � 1,2 milliard de dollars � l�horizon 2014). - Int�gration de la production nationale et substitution aux importations : la mise en place d'un dispositif d'appui encourageant les entreprises � int�grer dans leurs processus de production des produits de base nationaux en substitution aux importations. - Renforcement des comp�tences : am�lioration de l�offre de comp�tences et des qualifications ainsi que du taux d�encadrement (de 5 % � 10 %). Le nouveau plan ne vient pas s�ajouter � d�autres pr�c�dents. Il affine les grandes orientations de la strat�gie industrielle. Celle-ci avait, rappelons- le pour ceux qui ont de la suite dans les id�es, arr�t� trois grandes orientations strat�giques en mati�re de choix de fili�res � promouvoir, de red�ploiement spatial et de d�veloppement industriel. En mati�re de choix de fili�res � promouvoir, sur 55 branches existantes, quelques-unes ont �t� retenues sur des bases objectives, � savoir : - Chimie ; - Industries sid�rurgiques, m�caniques, �lectriques et �lectroniques ; - Mat�riaux de construction ; - Industries agro-alimentaires ; - Nouvelles industries : automobile - et TIC. En mati�re de d�veloppement industriel, les politiques de d�veloppement industriel couvrent quatre grands domaines : mise � niveau des entreprises, innovation, d�veloppement des ressources humaines et promotion de l�investissement direct �tranger.