Cens�e constituer une bouff�e d�oxyg�ne pour les milliers de familles en attente d�un toit d�cent dans la capitale, l�op�ration de distribution de 10 000 logements sociaux initi�e par la wilaya d�Alger semble, au contraire, avoir r�veill� les vieux d�mons des �meutes. Echaud�s par les nombreuses promesses non tenues, les citoyens concern�s pensent qu�il s�agit d�une �ni�me parade des autorit�s locales. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - Hier dans le grand bidonville de Semar, dit Ha�-el-Ramli, l�ambiance �tait comme � l�accoutum�e. Les adultes vaquaient � leurs occupations pendant que les enfants, en vacances scolaires, jouaient dans l�oued, bien n�faste pour la sant�, qui traverse cet interminable ensemble de baraques, s��tendant de la voie ferr�e de Semar jusqu�� Baraki. Comme s�il n�y avait rien de nouveau dans la vie de ces pauvres citoyens qui vivent dans la mis�re depuis maintenant presque 20 ans pour certains. Pourtant, le wali d�Alger vient d�annoncer une op�ration de distribution de 10 000 logements sociaux, et ces derniers ont bien vu � la t�l�vision le d�m�nagement et le relogement de familles dans le cadre de la premi�re tranche. Les gens, ici, ne se sentent point concern�s, et les raisons sont aussi simples pour eux que faciles � deviner pour les autres. Certains disent que s�ils sont toujours l� depuis plus d�une d�cennie, alors que la capitale a connu plusieurs op�rations de relogement, ce n�est pas aujourd�hui qu�on viendra les faire sortir de ces ghettos de la honte. D�autres partent plut�t d�une simple �quation : si l�on compte plus de 8 000 baraques alors que l�op�ration de distribution en cours ne d�passe pas les 10 000 logements et qu�il y a d�autres bidonvilles dans la capitale en sus d�habitations mena�ant ruine, qui sera relog� et qui ne le sera pas ? Qui est prioritaire, qui ne l�est pas ? Autant de questions qui, apr�s les exp�riences et les d�ceptions qu�ils ont eu � conna�tre par le pass�, les laissent pessimistes. La plupart de ces personnes rencontr�es sur les lieux disent n�avoir aucune information sur le d�roulement de l�op�ration, d�autant, soulignent-ils, que personne n�est venu les voir pour leur dire s�ils sont �ventuellement concern�s. �Le peu d�informations qu�on a, on l�a obtenu par le biais de la presse ; et ce sont des informations qui ne nous apportent rien de nouveau, mis � part ce chiffre de 10 000 logements. On ne sait pas qui aura droit au logement. Le wali a dit que ce programme concerne les habitants des bidonvilles, les occupants d�habitations v�tustes et ceux vivant dans des immeubles mena�ant ruine. Mais si l�on tient compte de ces param�tres, il faudra reloger toute la population de la capitale, alors qu�il s�agit, l�, de seulement 10000 logements. Le nombre de demandes de logement doit donc �tre plus important que celui des appartements � distribuer. C�est pour cela que moi, je n�ai aucun espoir de faire partie de la liste�, dira un citoyen. Pour un autre r�sidant, les raisons de ce pessimisme sont tout autres. Pour lui, l�explication est tr�s simple : �Le bidonville de Semar ne se trouve pas au centre de la capitale ; cach� et isol�, il ne d�range donc pas trop les pouvoirs publics, lesquels ne tiennent d�ailleurs pas � faire de son �radication une priorit� �. Et d�ajouter : �Il y a tellement de baraques (plus de 8 000), d��trangers, de gens qui ont b�n�fici� de logements et qui sont toujours l� ou qui ont c�d� leur baraque � un proche venu de l�int�rieur du pays pour s�installer qu�il sera tr�s difficile de satisfaire tout le monde ou de faire le tri.� Et de r�sumer ainsi la situation : �Les autorit�s locales ont tellement laiss� ce bidonville prendre de l�ampleur qu�aujourd�hui, par la force des choses, du temps et surtout du laisse-raller, les lieux sont devenus une jungle o� il est impossible d�acc�der.� M�me son de cloche au bidonville d�A�n-Na�dja, dit Ha�-el-Malha, qui compte 1 800 baraques, o� les gens disent ne pas se sentir concern�s, parce qu�ils ont la certitude qu�ils ne font pas partie du programme lanc� par le wali. Comme ceux du bidonville de Semar, ils disent que personne n�est venu les voir pour leur annoncer la nouvelle. Ils affirment l�avoir appris dans les journaux. �Pour les recensements, il faut le reconna�tre, ce sont des champions du monde. Chaque ann�e, ils viennent nous recenser, mais d�s qu�il s�agit d�une op�ration de relogement, plus personne ne vient nous voir�, dira un jeune habitant qui affirme que lui et sa famille sont l� depuis le d�but des ann�es 1990. Za�tcha, entre le marteau et l�enclume ! Si les habitants de la majorit� des bidonvilles de la capitale ont accueilli l�information de l�op�ration de distribution de 10 000 logements sociaux dans la plus grande indiff�rence, au quartier Za�tcha, dans la commune de Sidi-M�hamed, ce n�est pas le cas. Hier, les gens �taient excit�s, et les discussions ne tournaient qu�autour de la d�cision prise par les autorit�s locales quant � leur relogement � Tessala-el-Merdja, � la p�riph�rie de la capitale. Pour eux, et contrairement � ce que dit le pr�sident de l�APC Bourouina � travers certains journaux, il s�agit d�une grande injustice. Selon eux, les appartements qu�on leur a propos�s sont des F2 et des F3, alors que la plupart des familles sont constitu�es de plus de 7 personnes. Ils se demandent pourquoi des habitants de bidonvilles �rig�s il y a � peine 10 ans ont b�n�fici� de logements � Draria, � A�n-Benian et aux Bananiers, alors qu�� eux, qui sont l� depuis 1958 et dont les habitations ne sont pas des bidonvilles � proprement dire mais plut�t des constructions coloniales qui ont connu des extensions par la suite, on leur propose d�aller dans une r�gion qu�ils ne connaissent m�me pas, loin de la capitale o� la majorit� d�entre eux travaillent, avec des appartements tr�s exigus. Ainsi, ils r�clament un minimum de consid�ration de la part des autorit�s locales et d�noncent le chantage exerc� par les uns et les autres en disant : �Si vous �tes capables de patienter encore 10 ans ou peut-�tre un peu plus, pas de probl�me, on ne vous emm�nera pas � Tessalael- Merdja.�