Le quartier Oued-Roumane vient d��tre gangren�, � son tour, par le virus du b�ton. Le b�ton, tel un virus sournois, vient contaminer notre quartier, consid�r� comme l'un des derniers poumons de notre cit� et un vrai rempart de verdure contre la gangr�ne des cubes en ciment qui enlaidissent et avilissent notre belle ville c�ti�re et touristique qu�est B�ja�a. L�arriv�e des bulldozers, des pelleteuses, des grues et autres engins monstrueux, venus d�figurer et farfouiller dans les entrailles de la petite colline situ�e en face de nos habitations a �t� ressentie comme une profanation par l�ensemble des r�sidants de cet havre de paix. Nous ne respirons plus cet air pur que la nature nous offre g�n�reusement, nous n�entendrons plus les m�lodies de la faune qui bercent nos nuits, nous ne sentirons plus ces senteurs qui envahissent nos narines � chaque fois que l�on rentre dans les broussailles pour y cueillir ces herbes m�dicinales avec lesquelles nous soignons nos petits bobos. D�hideuses formes parall�l�pip�diques vont venir se substituer � ce paradisiaque �den, l�uniformisation de ces cauchemardesques constructions qui s�entassent les unes derri�re les autres ne fera qu�enlaidir le paysage. Aucune harmonisation architecturale n�est jug�e utile, le seul but recherch� est de squatter chaque millim�tre de terrain afin d�y entasser le maximum de ces b�tisses difformes et d�y empiler des familles peu regardantes sur le d�cor de leur futur r�sidence, la crise de logement les obligeant � accepter de loger dans ces cages � poules sans rechigner. Il faut savoir, aussi, que ces disgracieuses constructions ne sont �rig�es que dans des quartiers populaires et aux p�riph�ries de la ville comme Ihaddaden, Ighil-Ouazzoug, Sidi- Ahmed, cit� Oudali et bient�t Oued- Roumane, que l�on va annexer � la cit� Oudali. Tous nos espaces verts sont en train de dispara�tre les uns apr�s les autres, bient�t toute la ville ne ressemblera plus qu�� une immense cit�dortoir ; entasser les �tres humains sur des superficies asphyxiantes sans tenir compte de l�environnement, c�est construire de futurs ghettos o� il ne fera pas bon vivre d�ici quelques ann�es. Pourquoi tient-on compte de l�esth�tique quand on b�tit au centre-ville et pas ailleurs ? Sommes-nous des sous- citoyens ? M�me le choix des promoteurs est fait de fa�on s�lective : pour nous les gourbis du XXIe si�cle et pour la jet-set du centre de belles et magnifiques tours, Le logement social rime-t-il avec laideur et promiscuit� ? Les vieux quartiers pittoresques, comme le n�tre, qui devaient �tre restaur�s et embellis, sont rel�gu�s en arri�re-plan de ces vilaines constructions. Nous savons que notre pays souffre d�une importante crise de logement, mais cela ne donne pas droit � nos responsables locaux de d�figurer notre quartier d�une mani�re peu urbanistique, nous souhaitons qu�ils r�agissent au plus vite pour exiger des entrepreneurs charg�s de la r�alisation de ces travaux un minimum d�esth�tique et d�espacement entre chaque b�timent. Nous souhaitons aussi que la distribution de ces logements ne se fasse pas en catimini et que les cas sociaux de notre quartier b�n�ficient, eux aussi, de ces attributions, cela nous aidera � att�nuer notre douleur de l�horrible m�tamorphose de notre lieu de r�sidence. Pour conclure, je tiens � pr�ciser, une nouvelle fois, que Nacer, le pauvre et malheureux handicap� charg� du nettoyage de notre quartier, trime toujours comme un damn�, et ce, malgr� son lamentable �tat physique, nous avons fait publier plusieurs articles dans les journaux afin de sensibiliser et attirer l�attention de ces autistes responsables sans aucun �cho.