Jadis f�d�ratrice des �nergies militantes, la question identitaire, qui connut pour la premi�re fois en avril 1980 sa plus franche expression politique, a fini par subir, 30 ans apr�s, l��rosion du temps. Non que la revendication soit totalement pass�e de mode mais juste qu�elle ne constitue plus, chez les uns et les autres, le r�f�rent programmatique dominant. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Les comm�morations des �v�nements d�Avril 1980, commun�ment d�sign�s par Printemps amazigh, poursuivent n�anmoins de fleurir chaque avril. Souvent en rangs dispers�s, r�sultante de la multiplication d�acteurs et de chapelles politiques se r�clamant du combat d�mocratique pour l��mancipation identitaire. C�est que les clivages partisans ont d�teint sur les luttes militantes pour la cons�cration et la promotion de la langue et de la culture amazighes, la n�buleuse culturelle n��tant plus ce qu�elle �tait � l��closion du Printemps amazigh. Certains, les plus nostalgiques des d�cennies o� les manifestations publiques pour la reconnaissance de tamazight �taient de v�ritables d�monstrations de force, voient en cette dispersion des �nergies militantes un recul. D�autres, plus pragmatiques, y rel�vent une cons�quence logique de toutes les �volutions politiques et sociales que le pays a connues depuis. Avant le d�verrouillage du champ politique en 1989, avec la promulgation du nouveau texte constitutionnel qui autorisa la cr�ation de formations politiques, c�est le Mouvement culturel berb�re (MCB) qui avait � t�che d�organiser et d�encadrer les luttes pour la langue et la culture amazighes. Le mouvement �tait une sorte de creuset o� pouvaient s��manciper les bonnes volont�s militantes, indistinctement des ob�diences id�ologiques. Cela devait �voluer d�s lors que d�autres vecteurs de promotion de la revendication identitaire �taient devenus possibles, en l�occurrence les partis politiques. Les plus en vue d�entre la soixantaine de partis qui a vu le jour apr�s l�ouverture du champ politique, le RCD et le FFS �videmment, les deux partis les plus ancr�s en Kabylie, r�gion qui porta les luttes identitaires. De surcro�t, dans leurs �crasantes majorit�s, les dirigeants de l�un comme de l�autre parti �taient des acteurs pr�pond�rants d�Avril 1980. C�est donc tout logiquement que la revendication identitaire allait conna�tre son prolongement dans l�action politique partisane. Le Mouvement culturel berb�re ne survivra pas longtemps aux d�cantations id�ologiques et partisanes qui se sont op�r�es. Le mouvement finira par agoniser, apr�s �tre pass� par une phase de fractionnement. Toutes ces �volutions politiques ne pouvaient rester sans cons�quence sur la revendication identitaire elle-m�me. Elle �voluera au gr� des contingences politiques, d�autant qu�elle �tait ins�parable de la lutte pour la d�mocratie et du bien-�tre social. Et on ne peut pas dire qu�elle ne s�est pas bien port�e sous l��re du multipartisme. Elle poursuivra � configurer l��l�ment pr�pond�rant de l�action partisane jusqu�� ce que l�Etat, sous l�effet des pouss�es revendicatives, d�abord la gr�ve des cartables qui dura une ann�e et qui se solda par la cr�ation du HCA et du lancement de l�enseignement facultatif de la langue amazighe dans les r�gions amazighophones, ensuite le soul�vement populaire en 2001, le mouvement des archs, communes et da�ras de Kabylie, d�cide de constitutionnaliser tamazight en tant que langue nationale. Cela dit, cette cons�cration constitutionnelle de la langue amazighe, consid�r�e comme une avanc�e inesp�r�e, ne manquera pas d�influer n�gativement sur le combat et la revendication identitaires. L�engagement militant en faveur de tamazight a �pous� d�autres formes, moins spectaculaire certes, mais toujours pertinent dans son action.